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Depuis les indépendances, Les villages sénégalais ont essayé de conserver leur rôle de dernier bastion de la tradition.
Cependant, devant le rouleau compresseur de la modernité, les systèmes mis en place depuis plus de quatre siècles reculent. Le modèle éducatif occidental a fini par triompher du circuit éducatif traditionnel établi suite à une longue agonie.
Aujourd’hui avec les difficultés de l’école sénégalaise, les gens se posent des questions :
Est-ce que l’école moderne s’est substituée parfaitement aux circuits d’éducation traditionnelle ?
Quel est l’intérêt de l’école version occidentale ?
Quelles sont les réglages à faire pour mettre cette école au service du développement social ?
Pour mieux comprendre l’évolution de l’éducation, il urge d’interroger l’histoire.
La découverte des côtes du Sénégal vers la fin du XVe siècle, suivi du commerce triangulaire est un repère pour comprendre l’évolution de la vie sociale dans l’espace historique de la Sénégambie.
Des options sociales vont naître et se fermenter durant la période d’insécurité qui sera provoquée par la traite négrière.
En effet, la longue pratique de la traite a instauré une insécurité ambiante qui a disloqué les grandes entités étatiques. Les communautés laissées à elles-mêmes sont obligées de sécréter des comportements pour mieux assurer leur survie et leur autodéfense. Ceux dont le site d’habitation n’était pas idéal pour leur sécurité sont se déplacés dans des zones mieux protégées par la nature. La priorité était mise sur l’intérêt collectif au détriment des intérêts particuliers. Les classes d’âge sont rigoureusement réparties entre adolescents, adultes et personnes âgées. C’est le système que le Professeur Mbaye Gueye ait nommé anarchie ordonnée. Les rites initiatiques articulés autour de la circoncision devaient produire un citoyen standard. Par tranche d’âge, les jeunes étaient regroupés nuitamment, circoncis, et envoyés en brousse pour une longue retraite. Les anciens initiés devaient assurer la formation des novices sous la supervision des personnes âgées. Les emplois du temps étaient répartis entre sommeil, acquisition de connaissances occultes, et épreuves physiques qui étaient en elles-mêmes des tortures. L’adolescent sortait de ce séjour endurant, obéissant, solidaire au groupe. Dans certaines sociétés, le nouveau Homme devait faire semblant, une fois au village, de battre sa maman : c’était une manière de décréter, symboliquement, sa rupture avec ses parents et la consécration de son appartenance au groupe. Après la circoncision, que l’on subissait d’habitude entre dix-huit et vingt et un an, la personne devenait un homme et entrait dans la classe des adultes. Toujours sous le contrôle des personnes âgées, les jeunes adultes célibataires n’avaient point le droit de se mélanger aux femmes.
Avec l’islamisation, les Dahra ont beaucoup contribué à la formation de l’enfant. En plus de la maîtrise des lettres et des connaissances théologiques, l’enfant vivait avec le minimum d’aisance matérielle et devait, en plus, quêter sa pitance. L’enfant grandissait séparé de son orgueil et des tentations inhérentes à l’intéressement aux éléments matériels de la vie.
Dans la rue, tout enfant était fils de tout parent ; l’éducation était permanente.
Mais toujours est-il que lorsqu’un homme avait pour projet de prendre femme, il devait se fier aux conseils ou même se conformer aux choix de ses parents. Très souvent le choix porté sur une fille ne dépendait pas de ses attributs physiques et esthétiques mais plutôt du comportement de sa mère dans son foyer conjugal. Telle mère telle fille! L’éducation de la fille revenait entièrement à sa maman ou à sa marraine. Dans ces situations, les filles dont les mamans n’ont pas été des exemples de sagesses et d’obéissance étaient condamnées au célibat. Les adultes étaient soumis à des règles de conduite strictes. Les sanctions pouvaient aller du paiement d’une amende en espèce ou en nature au bannissement en passant à la flagellation.
L’individu, qui arrive au troisième âge, aura reçu assez d’éléments pour se faire sa propre sagesse. Donc les adultes constituaient la puissance physique et les Agées, le cerveau de la société. C’est pourquoi dans les sociétés traditionnelles africaines, le vieillard est très souvent craint et respecté. Les personnes âgées sont les législateurs, les conseillères garantes de la morale et supervisent la bonne marche de la société. Ils détenaient aussi des connaissances occultes. C’est pourquoi on dit qu’en Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle.
Le colonisateur, niant la solidité de nos méthodes et arguant que nous n’avions pas de civilisation, nous imposa en même temps qu’il implantait son drapeau, sa conception de la vie : son école.
Face à la puissance de sa technologie militaire et stratégique il réussit tant bien que mal son projet.
Il est cependant nécessaire de se poser la question : Quel était le but de l’école occidentale à ses débuts?
La réponse saute aux yeux : l’école un outil d’assimilation et d’asservissement.
Il fallait former des cadres subalternes pour appuyer cette vaste entreprise de domination et d’exploitation.
Les points de vue divergent. D’aucuns pensent que ce n’est que maux et désolation mais d’autres pensent que c’est un mal nécessaire. Mais nous ne sommes pas là pour faire le procès du colonialisme.
Intéressons nous plutôt à l’école occidentale, une réalité venue d’ailleurs que nous devons faire notre pour avancer malgré tout.
Le Sénégal a commencé vers les années 1980, à penser son système scolaire avec les états généraux de l’éducation et de la formation. Dix en après, le PDEF (plan décennal de l’Education et de la formation) suivit et s’apprête à entrer dans sa troisième phase. Chaque fois les contenus des programmes changent pour mieux répondre au défi social.
L’accent est mis non pas sur le savoir scientifique théorique mais de plus en plus sur les savoir-faire et savoir-être. Et au fil du temps, les gens ont troqué volontiers le mot enseignement contre éducation.
Et la pertinence de cette option se confirme d’autant plus que les parents tenaillés par la conjoncture économique difficile consacrent tout leur temps au gagne pain quotidien, laissant les enfants, tels des troupeaux sans bergers, à leurs propres chefs.
Comme les rites traditionnels et les Dahra, la famille vient à son tour d’être est sevrée dans son rôle d’éducatrice par le rouleau compresseur de l’histoire.
Désormais, l’école demeure l’unique moule pour nous former le Sénégalais de demain.
Le problème demeure. L’enfant entre les parents, les enseignants et les gouvernants, est parfois mal compris par les premiers, pris en otage par les seconds et condamné par les derniers.
Les parents, très souvent, ne comprennent même pas pourquoi on envoie les enfants à l’école ? Avons-nous encore notre Grande royale de l’Aventure ambiguë pour expliquer aux parents la nécessité d’envoyer les enfants à l’école et de les suivre ?
Les enseignants acculés parfois se sentent obligés d’aller en grève prenant en otage les enfants. L’enfant, le maillon faible du système est l’agneau qu’on sacrifie très souvent sur l’autel des droits de l’enseignant au risque de condamner tout un pan de générations pour ne pas dire de l’histoire.
D’autres ignorent délibérément les finalités des l’école sénégalaise qu’ils doivent reprendre dans leurs classes en termes plus simples d’objectifs opérationnels de savoir, de savoir-faire et de savoir-être. Ils préfèrent avec ingéniosité user de subterfuges moins difficiles pour remplir les heures de cours et vaquer à d’autres occupations.
Comment, sensibiliser l’enseignant de la partition qu’il doit jouer face à la destinée de la Nation Sénégalaise ?
Les gouvernements, posant des actes de politiques politiciennes, démarrent des projets sans en étudier au préalable la faisabilité où n’y mettent tout bonnement pas les moyens. Il leur arrive de mettre le feu aux poudres au faisant des promesses qu’ils ne tiendront jamais pour semer la zizanie entre les éducateurs et le peuple.
L’école Sénégalaise est malade !
Par où passer pour avoir une politique éducative viable ?
Devant tout ce questionnement, comment mettre en place des solutions de rechange ? La question reste encore entière !
Et quelle que soit la nature du baume salvateur, il viendra à coup sûr d’une proche concertée entre parents, éducateurs, gouvernants.

Fall Mandiaye, Prof LHG, CEM SAW Mbour
E-mail: [email protected]
Tel : 00221776562766
00221779327407
00221339574112

1 COMMENTAIRE

  1. Intéressante comme réflexion. je suis tout à fait d’accord avec l’Auteur mais faudrait il également songer déjà présent à changer de système éducation intégrant de nouveau contenus dans le curricula pour davantage donner des références et repères à nos enfants. Il est temps également qu’on nous parle plus de l’histoire africaine surtout de l’Egypte d’où est partie la civilisation de l’humanité et non des guerres mondiales et de l’esclavage qui ont tendance à semer l’esprit d’infériorité dans la tête des élèves. cela va aider à décomplexer le noir devant le blanc. Moi même j’ai été victime de ce fait historique qu’on nous parle depuis le cycle primaire!!!

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