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La semaine dernière, pris de panique par un début d’incendie et par la hantise de devenir la victime expiatoire d’une catastrophe annoncée par une voyante, un étudiant de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a sauté du deuxième étage de son pavillon. Se pose alors la question de savoir comment un tel basculement dans les ténèbres de l’obscurantisme a-t-il pu se produire dans ce haut lieu de la rationalité ?

Loin d’être anodin ce comportement n’est-il pas, à l’image des débats surréalistes qui ont secoué le landerneau politique, révélateur d’une société quelque peu déboussolée ?

Il a ainsi été question des gros avantages relatifs à la charge de président de l’Assemblée nationale, à savoir le salaire appréciable de l’occupant du Perchoir, en sus de la substantielle caisse noire laissée à sa discrétion. En somme une bonne rampe de lancement pour qui voudrait se lancer dans la captation d’une clientèle politique. Aussi les sorties des responsables « apéristes » se sont-elles focalisé sur le contrôle des sites de la rente. Leurs arguments ont tourné autour d’un supposé danger consistant à laisser la présidence de la première Chambre du parlement échoir à une tierce personne qui ne serait pas issue des rangs de leur formation politique, arguant du fait que c’est une position à partir de laquelle il est possible d’aller à l’assaut du siège présidentiel.

A l’évidence, les préoccupations avancées sont à dix mille lieues de celles qui hantent le sommeil des Sénégalais. Mieux, elles lui tournent le dos, donnant parfois l’impression que les hérauts de la deuxième alternance politique du Sénégal indépendant peinent à décrypter le message des électeurs des dernières élections présidentielle et législatives. Il n’y a qu’à entendre, Moustapha Cissé Lô, un des premiers compagnons de Macky Sall, affirmer à la suite de foucades et autres bravades, vouloir désormais se ranger derrière les désidératas du Président, d’autant plus que ce dernier, a-t-il expliqué, a décidé de gérer personnellement sa carrière politique. On croit rêver !
Cette perspective dessinée par le futur député de l’Apr nourrit des inquiétudes quant à la persistance d’une perception patrimoniale et corruptrice du pouvoir.

Pourtant, les nouvelles autorités ont été les premières à rappeler que les Sénégalais, en se débarrassant de l’ancien régime, ont voté pour la rupture. Qu’ils sont dans leur écrasante majorité en attente d’une refondation des institutions, arrimée à une gouvernance toute tournée vers la résolution des problèmes qui les taraudent

C’est ainsi que la passe d’armes entre alliés a remis au goût du jour la matérialisation du slogan « la patrie plutôt que le parti » qui a rythmé toute la campagne électorale de l’actuel chef de l’Etat. Président de tous les Sénégalais, Macky Sall se doit pour convaincre, de donner l’exemple en démissionnant de la tête de sa formation politique, quitte à se faire remplacer par un fidèle. L’intérêt est de se sortir de nombre d’interférences qui commencent à brouiller son image d’impartialité. Chef de parti, il est de facto obligé de s’impliquer dans les questions partisanes, au lieu de se consacrer pleinement à ce pourquoi il a été élu : donner à l’Etat les moyens d’améliorer les conditions de vie des Sénégalais. Cela est d’autant plus impérieux que le pays connaît un déficit agricole et que le tourisme bat de l’aile. Sans compter les délestages et coupures d’électricité qui affectent de plus en plus les ménages et impactent négativement sur la production. La banlieue quant à elle continue de patauger dans le poto-poto dès les premières gouttes de pluie.

Il est donc venu le moment de s’offrir un temps nouveau. Celui du raccommodage du tissu social fortement déchiré comme en rendent compte ces comportements ubuesques décrits plus haut.

Ne perdons pas de vue qu’au regard de sa fragilité, la démocratie dépend de l’engagement et de la conviction démocratiques du chef de l’Etat, du gouvernement et de chaque citoyen. Il y a par conséquent nécessité de faire montre de vigilance surtout quand se mettent en place des stratégies d’instrumentalisation du pouvoir.

La vigilance impose par conséquent de rappeler au président Macky Sall et à son gouvernement la mission qui leur est impartie. Il faut les pousser, comme y invitait Martin Luther King, dans son discours d’acceptation du Prix Nobel de la paix , en décembre 1964, à avoir « l’audace de croire que partout les peuples peuvent avoir trois repas par jour pour nourrir leur corps, une éducation et une culture pour nourrir leur pensée, la dignité, l’égalité et la liberté pour nourrir leur esprit ». Ce combat là est différent de la course au contrôle de la rente, encore moins à la captation du pouvoir.
Plus que jamais s’impose un devoir d’indignation. Il n’est ni pour demain ni pour après demain. Aussi Le Pr Thioub a-t-il raison de signifier que« La place de l’Obélisque c’est déjà aujourd’hui ». Parce que l’avenir, c’est maintenant ! Il convient alors de ne pas attendre que les choses se gâtent pour réagir.
POINT DE VUE – Par Vieux SAVANE

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