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Les femmes du Gie «Fass Diom» de Thiénaba Gare affichent le sourire. Grâce au commerce d’amandes de cajou, elles ont acquis une autonomie financière. Elles ont ainsi créé une mutuelle de santé au profit de leurs familles et obtenu 5 hectares pour la culture de l’anacarde. Grâce à cette activité, ces femmes luttent efficacement contre la pauvreté, parviennent à maintenair les filles au village et à les envoyer à l’école.
Gagner honnêtement sa vie sans tendre la main, tel est le crédo des membres du Gie «Fass Diom» de Thiénaba Gare. Située à environ 8 km de Thiès et à 78 km de Dakar, Thiénaba est plus connue comme un foyer religieux dirigé par la famille Seck. Pourtant, c’est dans cette bourgade que brûlent, loin des chants religieux, les fours qui grillent les amandes de cajou. Seuls les éclats de voix, les rires étouffés des femmes qui se lancent des quolibets, dans une joyeuse ambiance, mêlés aux vrombissements des voitures qui empruntent la nationale, viennent perturber la quiétude des lieux. Echines courbées ou se tenant debout face à un immense four alimenté par un feu de bois, les femmes du Gie «Fass Diom», composé de 674 membres dont 11 hommes, s’activent dans la production de noix de cajou grillées. Elles semblent sourdes aux appels incessants de la présidente du groupement, Mme Louty Bâ, qui les invite à assister à la rencontre avec une dizaine de journalistes venus de différentes rédactions de Dakar. Ils sont en visite dans le cadre d’un atelier sur la sécurité alimentaire, les questions de santé, de population et développement organisé par l’Agence sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef), en collaboration avec Population reference bureau (Prb), une Ong américaine.
En cette matinée de forte canicule, le soleil darde ses durs rayons sur les femmes et leurs hôtes. Les yeux rougis par la fumée ont du mal à fixer les amandes de cajou qui subissent l’assaut du feu, dans des tiroirs en fer, insérés dans le four qui ressemble à une grande armoire. Alors que certaines femmes retirent les amandes du four, les autres, assises sur des nattes, écartent, avec des gestes subtiles, celles qui sont de mauvaise qualité. La qualité est un souci majeur pour le Gie «Fass Diom». Le groupement veut mieux «pénétrer le marché très concurrentiel» de la noix d’anacarde, déclare Amy, membre du Gie. À l’aide de gants offerts par l’Ong Green Sénégal qui leur a doté d’un four, les femmes du Gie «Fass Diom» de Thiénaba Gare sont dures à la tâche. Elles sont présentes tôt le matin à leur siège et ne rentrent que tard (vers 18 heures) chez elles, éreintées, mais heureuses d’avoir «accompli un travail qui (leur) permet de ne pas tendre la main ou de rester oisives», confie Maty Guèye.
17 groupements appartenant à 5 villages
Les femmes membres du Gie «Fass Diom» sont originaires des cinq villages que polarise Thiénaba Gare. Elles travaillent à tour de rôle dans la valorisation de la noix d’anacarde avec un calendrier mensuel bien établi. Elles ont bénéficié d’un fonds rotatif de trois millions de francs Cfa à leur début, à raison de 250.000 francs Cfa par groupement. Une somme jugée «insuffisante». Toutefois, les femmes des différents Gie ont relevé le défi en augmentant leurs gains. Elles vont sillonner la Casamance, la Guinée-Bissau, le Saloum, à la recherche des noix d’anacarde pour développer leur commerce.
«Le commerce de la noix d’anacarde marche bien», révèle Nogaye Sow, secrétaire générale du Gie. Aujourd’hui, des organismes sont présents comme le Projet de modernisation de l’entreprenariat rural (Promer) qui les appuie dans le domaine de l’emballage. Il a déboursé plus de 30 millions de francs Cfa que se sont partagés les différents groupements qui ont reçu chacun un million de francs Cfa pour pouvoir assurer leur bon fonctionnement. Cet appui, à en croire la présidente Louty Ba, leur a permis d’être beaucoup plus compétitives et de pénétrer les marchés de l’intérieur. La participation aux différentes foires a permis de mieux faire connaitre leurs produits et de booster les ventes.
Les recettes générées par les Gie sont, de plus en plus, importants, renseigne la présidente. Ils produisent 10 tonnes tous les 15 jours en achetant à 50 francs Cfa le kilogramme de noix d’anacarde. Les gains sont partagés entre membres, après avoir défalqué les frais en eau et ceux consacrés à l’entretien du four. D’ailleurs, avec l’argent économisé, le Gie a pu acquérir une deuxième machine pour renforcer les capacités de production. Les gains générés baissent parfois à cause de la concurrence des «Indiens qui achètent toutes les productions de noix d’anacarde à l’intérieur du pays», renseigne Nogaye Sow, la secrétaire générale.

Lutte contre la pauvreté et l’exode rural
Le Gie a pu, avec l’appui de la communauté rurale, disposer de 5 hectares pour une plantation d’anacardiers dans le village de Thiénaba. Les femmes envisagent de procéder à une meilleure sécurisation de leur terre par la construction de haies vives, avec l’appui de l’Ong Green Sénégal. Si cette opération est couronnée de succès, elles ne vont plus dépendre de la production extérieure et de la concurrence jugée «déloyale» des Indiens. Déjà, martèle Louty Ba, la présidente, «nous souffrons du déficit en noix qui se fait rare dès le mois d’avril, nous privant ainsi de vendre, malgré la forte demande qui provient de nos clients».
Grâce à la vente de noix de cajou, les femmes du Gie «Fass Diom» de Thiénaba ont réussi à sortir de la pauvreté. Aujourd’hui, les jeunes filles ne vont plus à Dakar chercher du travail. Bien au contraire, entonne Maty Guèye, «nos sœurs et filles nous reviennent et travaillent dans la production d’anacarde ici au village».

Maty Guèye vend des noix et soutient son mari émigré
Maty Guèye est une femme âgée de 33 ans. Mère de quatre enfants (deux garçons et deux filles), elle est membre du Gie «Fass Diom» de Thiénaba depuis sa création. Elle s’active dans la production et la commercialisation des amandes de cajou. Avec les recettes tirées de ce commerce, elle apporte, dans la gestion de son foyer, un soutien à son mari émigré en Espagne. «Aujourd’hui, je ne me soucie plus de savoir si mon mari a envoyé de l’argent ou pas. Je me contente des gains que me procure mon commerce, même s’ils ne sont pas très consistants», déclare-t-elle. La gestion de son foyer ne souffre pas de son travail. Sa belle famille la comprend et l’appuie dans ses activités, renseigne Maty Guèye. D’ailleurs, étant membre du Gie, elle a adhéré à la mutuelle de santé. De ce fait, elle arrive à se soigner correctement, de même que sa famille.

Une mutuelle de santé pour les membres du Gie « Fass Diom »
C’est en 2000 que les femmes du Gie «Fass Diom» de Thiénaba ont mis en place leur propre mutuelle de santé. À en croire la secrétaire générale Nogaye Sow, leur Gie a réussi à signer une convention avec l’hôpital régional de Thiès. La prise en charge est assurée à hauteur de 75% pour les frais médicaux. Les 25% restants reviennent aux bénéficiaires. Les droits d’adhésion s’élèvent à 4000 francs Cfa. Pour faire marcher la mutuelle de santé, chaque membre cotise en plus 2000 francs Cfa par mois. Les adhésions concernent, outre ses propres enfants, d’autres membres de la famille, mais à condition de ne pas dépasser le nombre requis, c’est-à-dire 12 bénéficiaires. Au cas contraire, il est obligé d’acheter un autre carnet. Aujourd’hui, note la présidente, 80% des membres de la mutuelle sont des femmes qui ont accès aux soins. L’effort consenti par la mutuelle a permis aux femmes de Thiénaba de gagner la bataille de la lutte contre le paludisme. Le projet «xeex sibiru», créé avec l’appui de l’Association islamique «Sopey Mouhamed», a permis d’éradiquer le paludisme dans la zone. Le Gie s’est aussi impliqué dans la promotion de la planification familiale et la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Avec l’appui des «Badiénou gokhe» (marraines de quartier), des visites à domicile sont effectuées pour davantage sensibiliser les femmes sur la planification familiale dans le but de mieux gérer leur santé. Ces activités ont permis, selon Nogaye Sow, la secrétaire générale du Gie «Fass Diom» de Thiénaba, de réduire considérablement les grossesses précoces et, au-delà, la morbidité dans le village. Les femmes ont été aussi davantage sensibilisées sur les maladies comme le cancer du col de l’utérus. D’ailleurs, le Gie envisage d’organiser des journées de consultations gratuites sur cette pathologie.

Yathé Nara NDOYE

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