19e anniversaire de l’assassinat de Me Sèye : Mémoires vivantes d’un juge

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Le 15 mai 1993, le juge constitutionnel, Me Babacar Sèye a été assassiné à la suite d’élections sous haute tension politique. Trois assassins, Clédor Sène, Pape Ibrahima Diakhaté et Assane Diop ont été reconnus coupables et condamnés à 18 et 20 ans de réclusion criminelle. Une affaire judiciaire mais à forte dose politique. L’ancien président Abdoulaye Wade indexé comme commanditaire avait obtenu un non-lieu et son parti a toujours pointé du doigt le régime socialiste. Mais, arrivé au pouvoir, il a gracié les meurtriers, puis, fait amnistier le crime odieux qui restera à jamais impuni. Des politiques et des responsables des droits de l’Homme souhaitent l’abrogation de cette loi d’amnistie. Des juristes pensent que ce scénario est impossible.
19 années après l’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, l’affaire Me Sèye garde encore intacte une grande partie de son mystère. Surtout, celle concernant les commanditaires de ce crime crapuleux, malgré l’affirmation de Amadou Clédor Sène, selon qui leur «libération est une chance pour la vérité». Une confidence faite au soir de la grâce présidentielle qui lui avait permis de recouvrer la liberté, un après-midi du 26 février 2002, en compagnie de Assane Diop et Papa Ibrahima Diakhaté. Tous les trois persistaient à clamer leur innocence sous prétexte que ce 15 mai 1993, ils n’avaient fait que de la simulation sur la Rue des Ambassadeurs, sans jamais révéler la vérité, si tant est qu’ils la détiennent. Une certitude toutefois: le régime de l’ancien président Wade les a blanchis au propre comme au figuré, sur leur casier judiciaire comme dans leur comptes bancaires.
Les années passent, le mystère demeure et la mémoire de Me Sèye reste trahie, autant par sa famille que par les autorités de la Ré­publique. Car, lors du 7ème anniversaire de ce meurtre, on avait entendu en mai 2000 sur les ondes de Walf Fm, Abdy Sèye, le fils aîné du défunt, réclamer, au nom de sa famille, la révision du procès de l’affaire Me Sèye. Puis plus rien. Ou plutôt des faits plus intriguants les uns les autres : grâce présidentielle accordée aux meurtriers, vote de la loi Ezzan portant amnistie, entre autres, des faits liés à ce meurtre. Ce sont les investigations du journaliste Abdou Latif Cou­libaly qui révéleront au grand public que le silence de la famille de Me Sèye avait été «acheté» à 700 millions de francs Cfa.

PAPE IBRAHIMA DIAKHATE INSTABLE, EZZAN MORT, ASSANE DIOP BRÛLE DANS LE FEU
Alors, que retenir en 2012 de cette affaire crapuleuse ? La vérité du vénéré Abdou Aziz Sy Dabakh qui avait prédit que tous ceux qui sont impliqués dans cette affaire ne connaîtront plus la paix sur terre. En attestent les faits ! Cette hargne de l’ancien président Wade qui n’a ménagé aucun effort pour que des criminels, reconnus comme tels par la justice, ne purgent pas leur peine (20 et 18 années de réclusion criminelle) jusqu’à la fin, que la loi amnistiant ce crime passe à tout prix devant une assemblée nationale mécanique, l’instabilité physique et émotionnelle de Pape Ibrahima Diakhaté, le silence et les sorties opportunistes de Amadou Clédor Sène, les tristes fins de Ibrahima Isidore Ezzan après une longue maladie et Assane Diop mort dans le feu. Ce dernier, rencontré en 1999 dans la détention du Camp pénal de Liberté 6 promettait «d’éclaircir plusieurs zones d’ombre dans l’affaire» qui lui avait valu neuf années de prison et «beaucoup de malheurs». «Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas logiques», confiait l’homme au sourire facile. Mais après la grâce, il a préféré refaire sa vie sur tous les plans. Jusqu’au jour où il a été victime d’une explosion d’une bonbonne de gaz alors qu’il cherchait à sauver ses enfants.

DOSSIER EGARE?
La lumière ne se fera jamais avec lui. Et quand on sait que le dossier Me Sèye réclamé par le Président Wade à travers son ministre de la Justice Basile Senghor n’est plus jamais revenu à la Cour d’appel de Dakar, on se demande si jamais, les Sénégalais sauront un jour la vérité sur cette affaire dans laquelle les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade nous doivent bien des explications. Tous les deux, à l’époque des faits (avec la complicité des autorités judiciaires ?), ont entretenu le flou au point de banaliser le crime politique, alors que c’est une haute autorité de la République qui a été froidement abattue.
Les autorités actuelles se feront-elles un souci de tracer ce dossier perdu dans les arcanes du pouvoir ? Ce dossier risque bien de connaître le sort des procès verbaux des auditions de l’assistante de Me Babacar Sèye et de la femme d’un magistrat, entre autres documents non pris en compte dans le procès de 1993 que la défense de Me Abdoulaye Wade a toujours présenté comme un procès politique et non juridique.
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