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3 mois ferme requis à son encontre : Youssef Saleh perd sa magie

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Le patron du Magic Land Youssef Saleh et ses employés Mamadou Cissé et Alassane Sylla, poursuivis pour homicide involontaire, seront édifiés sur leur sort demain. En attendant, le Parquet a requis pour eux 3 mois de prison ferme, alors que la partie civile réclame 50 millions de francs de dommages et intérêts.
Par négligence et maladresse, le patron de Magic Land Youssef Saleh et ses employés Mamadou Cissé et Alassane Sylla sont poursuivis pour homicide involontaire. Comparais­sant hier pour ce délit, les prévenus ont tous contesté les faits qui se sont produits suite à la chute d’un enfant du manège. Les faits se sont produits vendredi dernier. Et l’enquête de la gendarmerie a permis de savoir que parmi les 16 silos, seuls 7 étaient fonctionnels, mais les 9 autres présentaient des anomalies.

L’accompagnatrice des enfants «parlait au téléphone»
L’opérateur économique et par ailleurs patron du Magic Land indique qu’il a été informé de l’accident, mais qu’il n’était pas sur les lieux le jour des faits. Youssef Saleh a aussi dit que tout était normal dans la machine, seuls quelques silos présentent des problèmes au niveau des grillages. Le patron du Magic Land pense que si l’accident s’est produit, c’est parce que l’institutrice qui accom­pagnait les enfants était debout et répondait au téléphone. Selon lui, c’est cette posture qui aurait occasionné le déséquilibre qui a provoqué l’accident. Saleh a aussi indiqué que les enfants pouvaient bel et bien monter dans les silos de la grande roue, à condition d’être accompagnés par un adulte.

«J’avais constaté des anomalies, je les ai signalées à qui de droit»
Des déclarations battues en brèche par la dame Aïssatou Barro, chef de la surveillance de la caméra. Selon ce témoin, le manège ne doit pas prendre des enfants de moins de 3 ans. A moins d’être accompagnés, mais que la personne qui les accompagne prenne toutes ses responsabilités de le faire.
A en croire Mme Barro, seuls les enfants âgés de 12 ans sont autorisés à y monter. Elle est catégorique : «Ce silo ne devait pas embarquer des enfants de moins de 3 ans. Il y a des jeux qui sont exclus pour les en­fants.» D’ailleurs devant les enquêteurs, Aïssatou Barro avait déclaré : «J’avais constaté des anomalies tel que le manque de grilles de sécurité et je l’ai signalé à qui de droit.»
Mamadou Cissé, quant à lui, reconnaît que les choses étaient allées vite. Mais avec son sang froid, il est monté pour aller chercher les victimes. Et que c’est lui en personne qui a arrêté la roue. Assane Sylla soutient à son tour que quand l’accident s’est produit au 3e tour, il a vu un silo vaciller et se heurter à un autre, avant que la chute de l’enfant ne se produise.
L’institutrice Loly Cissé, qui était dans le même silo que les victimes, est largement revenue sur l’incident. Cette dame dit que le silo a d’abord fait un bruit du genre «crack», il s’est ensuite renversé et ils avaient les pieds en l’air et la tête en bas. Les enfants se sont accrochés à elle qui, à son tour, s’est agrippée sur la barre. C’est après que le silo s’est retourné à la position normale en venant se cogner à un autre en se penchant.
Prise de peur, Mme Cissé avait fer­mé les yeux. Mais c’est en ce moment que l’enfant D. T, qui avait pris son pied, est tombé. Une chute qui lui a occasionné un traumatisme crânien ayant entraîné sa mort. Les deux autres victimes, I. K. T et I. B, ont eu la vie sauve après leur évacuation à l’hôpital où ils étaient retenus pendant plusieurs jours. Le père de la victime, Ousmane Traoré, a laissé entendre sa surprise de savoir qu’on a fait monter son enfant de 3 ans jusqu’à une telle hauteur.

La fermeture de Magic Land exigée
Les parents des enfants blessés disent que leurs enfants souffrent de traumatisme, après ce choc. Pour Me Baboucar Cissé, l’enfant D. T a été emporté par la roue de la mort. Et son père ne savait pas qu’en déposant ses 3 enfants à l’école le matin, un allait manquer à l’appel le soir. L’avocat déplore le manque de sécurité dans ce lieu de distraction. «Je ne comprends pas qu’on puisse permettre à ces enfants aux dents de lait d’accéder à la grande», s’émeut-il avant de demander la fermeture de l’établissement, qui ne présente aucune mesure de sécurité (pas d’ambulance ni d’infirmerie). Il a réclamé 50 millions de francs Cfa en guise de dommages et intérêts.
De l’avis de Me Aïssata Tall Sall, une autre avocate de la partie civile, cette procédure devait être renvoyée devant le juge d’instruction, pour permettre de faire la lumière sur l’accident. Cependant, elle relève trois fautes de l’établissement qui sont la défaillance mécanique, la défaillance administrative et l’absence de manu­el de procédures pour arrêter la roue. Car Cissé disait l’avoir arrêtée avec son pied.
L’avocate a aussi parlé de défaillance humaine. Selon Me Tall, les respon­sables ne cherchent seulement qu’à empocher de l’argent sans se soucier de la sécurité des enfants. En demandant aussi l’arrêt du fonctionnement l’établissement, elle a réclamé une expertise psy­chologique pour les deux garçons blessés et la somme de 10 millions de francs pour chacun d’eux. Le même montant a été demandé pour l’école privée Marc Perrot.
Pour le Parquet, les règles de sécurité ne sont pas définies. Estimant que la responsabilité incombe aux responsables, le procureur a requis contre tous les prévenus 3 mois ferme.

Rejet de la demande de liberté provisoire
Me Mbaye Jacques Ndiaye de la défense n’est pas de cet avis. D’abord pour lui, la constitution de l’école Marc Perrot n’est pas recevable. L’avocat pense que les enseignantes ont commis des fautes très graves, en n’assurant pas la sécurité des enfants. Par contre, «aucune faute ne peut être retenue à l’encontre de Saleh» qui, dit Me Ndiaye, n’est que civilement responsable. Et l’avocat de la défense de plaider la relaxe pure et simple pour ses clients. Car pour lui, la responsabilité de ces derniers n’est pas engagée. Et mieux, Youssef Saleh n’est que civilement responsable. Me Ndiaye avait plaidé auparavant pour la mise en liberté provisoire de ses clients. Une requête rejetée par le Tribunal.
Jouant sur le même registre que leur confrère, Me Mbaye J. Ndiaye, les autres conseillers de la défense ont aussi demandé de revoir les intérêts et de les ramener à leur juste proportion.
Le Tribunal va livrer son verdict demain 4 juillet.
lequotidien.sn

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