XALIMANEWS : L’anniversaire de la disparition de Cheikh Anta Diop a été célébré aujourd’hui. Boubacar Boris Diop, écrivain et intellectuel sénégalais revient sur les œuvres de l’homme…
34 ans après sa disparition : Boubacar Boris rappelle les œuvres de cheikh Anta Diop
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Jerjeff gooru Kine Gadjo! Ce serait important d’avoir une version en wolof de cette interview pour magnifier de plus beau la memoire de Cheikh Anta Diop.
Certes, Cheikh Anta DIOP a joué un rôle incontestable, plus que quiconque, dans l’œuvre de revalorisation du Noir Africain. Et du fait du caractère multidisciplinaire de son entreprise, il a permis à beaucoup d’intellectuels de se libérer du complexe d’infériorité qui a entretenu pendant très longtemps la marginalisation des africains (les ‘’descendants de Pharaon’’). Et certes, son œuvre est une étape importante, mais non- décisive – il faut le reconnaître – pour l’avènement du nouvel ordre idéologique qui se précise de plus en plus et qui intégrera nécessairement la dimension religieuse. Oui, les Textes Sacrés (Thora, Evangile, Coran) ne sont-ils pas une ‘’explication de toute chose’’ ? C’est donc une étape importante, nécessaire en son temps, car surtout dissuasive vis-à-vis des Occidentaux qui avaient fini par se persuader de leur suprématie sur les gens de couleur, tant au niveau de la pensée que du savoir-faire. Et il faut avouer qu’il était difficile de démontrer le contraire, sans y laisser ses plumes – c’est la réalité ! Au vu de toutes ces considérations, hommage ne peut être plus mérité que celui que tous les fils d’Afrique et la diaspora lui rendent, mais nous devons éviter d’en faire un ‘’messie’’. Cheikh nous a livré sa pensée qui n’est pas immuable – que je sache ! C’est la réalité ! Ainsi, nous devons l’expertiser avec la plus grande minutie et la plus totale objectivité. Sacrilège ! Dira l’autre ! En effet, si nous adhérons à l’unanimité et sans réserve à l’œuvre de Cheikh Anta DIOP, certes, nous ferions de lui un ‘’super – savant’’, un géant ; mais, si ses théories s’avéraient fantaisistes – ce qui est la règle en ce début de millénaire caractérisé par la déstructuration de toutes les idéologies et de toutes les sciences -, le géant n’en serait plus un – et le « mastodonte du savoir » n’en serait plus qu’un aux pieds d’argile. Et à l’évidence, la chute du Pharaon entraînerait alors une véritable avalanche qui emporterait la plupart des intellectuels et hommes politiques. Et si ce scénario catastrophe se réalisait – si cela n’est pas déjà fait ! -, l’Université pourrait-elle se remettre de ce choc ? Dieu seul sait !