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“3e mandat” – L’équation Ps et la fin de Benno bok yakaar (Par Thierno Diop)

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C’est un secret de Polichinelle : le torchon brûle entre le Parti socialiste et l’Alliance pour la république (Apr), en direction des élections de janvier prochain. Le parti marron-beige veut contrôler assez de collectivités pour administrer de plus près la mouvance présidentielle, en plaçant à la tête des mairies des militants qui pourront souscrire, le moment venu, à une 3e candidature de Macky Sall. Cela, suivant la précaution qui veut que l’on écarte tous les profils qui n’offrent pas suffisamment de gages devant l’hypothèse où le président de la République sollicite un nouveau mandat en 2024.

A cet égard, le chef de l’Etat a, au moment de novembre 2020, fait le vide, en éjectant tous les « dauphins », autoproclamés, supposés ou réels, de Aly Ngouille Ndiaye, à Amadou Ba, en passant par Boun Abdallah Dionne. Même Mimi Touré n’a pas été épargnée. Il fallait les punir, pour ce crime (de lèse-majesté ?) en leur privant d’un trésor de guerre, qui allait accroitre leurs moyens d’intervention sociale auprès de la base.

Auparavant, il a fait supprimer la Primature pour que le chef du gouvernement ne soit pas une menace, puisque de Mamadou Dia au Pm Aminata Touré, l’histoire politique est rythmée de dualités au sommet de l’Etat.

Le 3e acte est relié au sort qui va être réservé à Benno bok yakaar, cette sorte de Direction politique unifiée que le président Abdoulaye Wade a refusée en 2001 aux partis de la Gauche, qui l’ont soutenu en 2000. Ironie de l’Histoire, c’est le Ps de feu Ousmane Tanor Dieng – théoricien du « Gagner ensemble et gouverner ensemble », qui devient un allié encombrant.
Pour mémoire, c’est au lendemain de la réélection du leader de l’Apr en 2019 que l’on a commencé à évoquer la fin de Benno bok yakaar pour créer, en lieu et place, un cadre plus vaste. En réalité, Macky Sall opère un recentrage sur la famille libérale (entendez le Pds historique hors Génération du Concret) pour se libérer de l’emprise des socialistes. Cette idée fut portée par Sorry Kaba, lors d’un entretien avec Maïmouna Ndour Faye, quand il annonça, dans la foulée, la mise en place du Gouvernement de majorité présidentielle élargie.

En clair, Mbour est le cimetière de Benno bok yakaar, lorsque que Mahmouth Saleh, en déclarant que « la candidature de Macky Sall en 2024 est dans les résultats de 2022 », a informé que c’est Issa Sall, celui-là même qui a porté le coup de Jarnac dans l’histoire de la fameuse audience entre Ousmane Sonko et Mansour Faye, qui est pressenti maire à la place du socialiste Fallou Sylla. Que ce soit à Louga, base de Aminata Mbengue Ndiaye, à Kaffrine où milite Abdoulaye Wilane, c’est le même schéma de liquidation qui est réservé aux verts de Colobane.

Après la sortie de Mahmouth Saleh, nous sommes en mesure de décoder le « Ni oui, ni non » de Macky Sall et le « en principe » de Ismaïla Madior Fall : le chef de l’Etat souhaite être candidat et il attend de réunir les conditions d’un revirement spectaculaire comme ce fut le cas au référendum de 2016, au sujet de la durée du mandat qui devait être réduit de 7 à 5 ans. « Nos résultats vont trancher le débat sur la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024. Si on perd ces élections, ce n’est pas la peine de continuer. Mieux vaut rendre le tablier. Ces élections vont déterminer notre avenir politique en 2024…Je pense qu’on ne puisse pas laisser le président Macky Sall terminer les projets qu’il a commencés pour le Sénégal. Nous sommes dans les élections de 2024 en démarrant la préparation de celles de 2022. Nous sommes dans les élections de 2022 en démarrant la préparation de celles de 2022. Les deux sont reliées. C’est les circonstances politiques actuelles qui déterminent la nature et le caractère de ces élections », a ajouté Saleh.

Pour faire passer la pilule amère, la dernière étape consisterait à diviser l’opposition pour mieux régner « à vie ». Pour le directeur de cabinet du président Macky Sall, il y a une certaine opposition au Sénégal, qu’il faut enterrer après les élections locales. Mahmouth Saleh pense que l’opposition « nihiliste » incarnée par Yewi Askan Wi (Sonko et Cie) est à enterrer et celle républicaine de Wallu à encourager.

Est-ce à dire, en définitive, que « Gloria » ne sera pas un obstacle de taille, quand viendra le moment de permettre à Macky d’être candidat ? On ne pense pas, en tout cas, que Karim Wade puisse bénir une 3e candidature du président de la République sortant, alors que ce dernier ne ménage aucun effort pour démanteler les dernières bases du Pds. Mais en politique il ne faut jamais dire jamais…

2 Commentaires

  1. Un analyse pertinente de la situation concrète prévalente.Dommage de vouloir éliminer tous les compagnons crédibles pour satisfaire sa tentation satanique (3e mandat) Le peuple du Sénégal
    est majeur et ne votera jamais pour un 3e . Incroyable comment le pouvoir rend corrompu et ivre, surtout le pouvoir absolu ! Sincèrement il conviendrait que Macky pour qui j ai voté par deux fois, renonce à ce suicide politique dégradant. Non, non, non a un 3e mandat au Sénégal !

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