Mame Mbaye, ministre du Tourisme: « Le Sénégal est un pays qui est riche en surprise et en dépaysement »

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XALIMANEWS : Suite à son voyage dans l’intérieur du pays avec un de nos confrères, le Ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang parlant des richesses du Sénégal, a pu accorder une interview exclusive au site I-Tourisme. C’est ainsi que le vaillant ministre du tourisme a eu l’occasion d’aborder différent sujets sur le tourisme et son évolution au Sénégal.

Il a par ailleurs, décliné toutes les perspectives que notre pays compte dérouler afin de bien relancer ce secteur.

Voici in extenso l’entretien du ministre du Tourisme que nous proposons de lire :

QDT : Quelles sont les raisons qui ont motivé la relance du Sénégal en tant que destination touristique ?

Mame Mbaye Niang : Nous sommes une destination touristique de référence. C’est historique. Mais entre-temps, d’autres destinations ont vu le jour. Aujourd’hui des pays du monde entier veulent leur part. Nous ne pouvions pas rester sur nos acquis, même si le potentiel de notre attractivité plaide en notre faveur. De plus, le tourisme est stratégique pour nous. Nous estimions qu’il influe sur une grande part de notre économie. C’est pour cette raison que cette relance, notre plan PSE,  s’inscrit d’une façon toute particulière dans un plan global de dynamisation de nos industries.

Quels sont les atouts de la destination Sénégal, sachant comme vous le dites que les pays du monde ambitionnent à leur tour un développement touristique ?

Mame Mbaye Niang : D’abord, si tout le monde connait le Sénégal et ses atouts touristiques, nous devons axer notre communication sur sa diversité. Je pense au tourisme de nature, à la gastronomie, au sport avec un nouveau parcours de golf troisième génération et nos centres sportifs de dimension internationale, capables d’accueillir les plus grandes formations du monde, du tourisme de découverte, etc. Nous avons du travail pour faire connaître toute cette richesse, mais nous avons prévu de dégager des moyens à la hauteur de notre ambition avec notre plan de relance. Et puis, nous projetons de nous appuyer sur des choses simples. Les destinations comparables concurrentes sont distantes de 8 à 12 heures de vol ! Nous nous sommes à 6 heures de Paris.

Vous parlez du tourisme de nature. Vous voulez sortir du balnéaire ?

Mame Mbaye Niang : Pas du tout. Le balnéaire bénéficie même d’un soutien financier sans précédent afin de favoriser la rénovation de l’offre hôtelière, la réhabilitation des plages dues à l’érosion côtière, la création d’un nouveau complexe touristique à la Pointe-Sarène à proximité de notre nouvel aéroport international. Tout cela pour vous expliquer que nous continuons de nous appuyer sur nos acquis tout en nous efforçant de nous diversifier. Le tourisme de nature attire de plus en plus. Nous détenons le potentiel avec cinq parcs nationaux pour prospecter la clientèle des touristes attirés par la nature et la découverte animalière. Notre sensibilité écologique se superpose comme un atout supplémentaire.

Moins pour les plastiques résiduels…

Mame Mbaye Niang : L’océan avait comme vocation du tout réguler et nous en avons 700 km de côtes et 560 kilomètres de plages.  Mais le réchauffement climatique qui contribue à éroder nos côtes, nous a fait prendre conscience des menaces qui pèsent sur la préservation de nos sites. C’est pourquoi nous venons d’engager tout un programme de réhabilitation et nous insistons aussi sur la formation. Le déséquilibre dont nous avons hérité en 2012 s’explique en partie de l’absence de règlementation. Il manquait un cadrage que nous nous sommes efforcés de transmettre à la population et aussi aux professionnels du tourisme. Chacun a des droits et des devoirs.

Vous parlez aussi de tourisme d’aventure.

Mame Mbaye Niang : Je dirais plutôt un tourisme de découverte. Celui de la rencontre avec les villages authentiques des campagnes qui permettent de vivre de très belles expériences : balade pédestre accompagnée d’un ornithologue, déplacement en charrette ou en pirogue pour mieux apprécier la rencontre avec ses autochtones, ses marchés, et ses artisans, etc. Notre gouvernement vient de garantir le crédit hôtelier pour aider ces villages à se mettre au bon niveau d’infrastructures afin d’apporter un confort suffisant aux touristes. Ces mesures en faveur du développement de ce tourisme et de découverte revêtent à nos yeux une importance capitale, car il joue un rôle essentiel en favorisant les liens et les échanges entre les populations.

Il faut avouer que votre plan de relance de la destination touristique du Sénégal que vous avez entrepris est visible. Je viens de parcourir en trois jours, au pas de course, le ¼ du Sénégal et je peux l’attester. Mais vous allez avoir en février des élections. Quelles vont être les garanties de pérennité du plan Plan Sénégal Emergent (PSE) ?

Mame Mbaye Niang : Le plan PSE est signé avec tous nos partenaires et il s’étend jusqu’en 2035. L’aéroport AIBD est terminé. Les investissements de réhabilitation côtière sont engagés. La compagnie aérienne nationale est créée. Les infrastructures routières en cours d’achèvement. Le crédit hôtelier est en cours. Je vois mal, en cas d’alternance, comment inverser la tendance.

Pour terminer je souhaite partager avec vous une impression. Je viens de découvrir le Sénégal. C’est mon premier séjour dans votre pays, aussi étonnant que cela puisse paraître pour le rédacteur en chef d’un magazine de tourisme. Autrement dit, j’ai parcouru le monde, mais jamais je n’ai été à ce point impressionné par l’accueil de la population. Bien sûr, par exemple, le service en Asie est incomparable. Mais votre accueil l’est tout autant. Sa source vous nous l’apprenez, c’est TERANGA. Pouvez-vous pour nos lecteurs français nous expliquer sa signification?

Mame Mbaye Niang : « Teranga » peut se traduire par hospitalité. C’est un héritage historique issu d’un brassage des peuples et des cultures. Il en résulte une tradition d’accueil et de partage. Les Sénégalais, de nature très chaleureuse, ne manquent pas de rappeler que leur pays est celui de la Teranga. Cette référence prend tout son sens quand il s’agit d’accepter l’étranger. Cela nous engage à nous surpasser. Les touristes sont surpris après avoir sympathisé avec une personne de se voir offrir facilement l’hospitalité chez lui ou dans sa famille. Pour nous c’est naturel. Il fait partie d’un savoir-vivre très humain qui privilégie le relationnel au matériel.

Gageons que dans notre monde individualisé vous puissiez garder cet état d’esprit que hélas, mais il faut bien le reconnaitre, nous avons perdu chez nous. Pour conclure, quel est le dernier message que vous voulez faire passer aux touristes français ?

Mame Mbaye Niang : Celui de la diversité. Le Sénégal est une terre riche en surprise et en dépaysement : d’un balnéaire accessible rapidement de la France comme d’un tourisme de découvert aussi bien pour sa nature et ses paysages paradisiaques que de la rencontre avec notre population. Venez découvrir notre Teranga.

Témoignage de Jean-Jacques Bancal, Agence Sahel découverte

« Après une période difficile, la destination Sénégal redevient à la mode. Les voyageurs ne cherchent plus que des prix bas, mais des lieux atypiques alliant confort, charme et authenticité. La destination Sénégal doit se réinventer pour suivre les tendances des marchés. Par exemple, à Saint Louis, nous avons entièrement rénové l’hôtel résidence avec son style des années 50, mais en l’adaptant aux exigences de la clientèle nationale est internationale. Nous venons de réhabiliter les cabines d’un vieux Bateau, «le Bou el Mogdad» pour faire revivre les croisières de luxe autour de l’ancienne capitale. La construction de notre lodge en bois «océan et savane» dans le parc de la langue de barbarie répond aux attentes des touristes à la recherche de nature et de découverte. Nous lançons de nouveaux produits « circuits mélangeant marche, vélos, et véhicules afin de profiter plus de notre environnement ». Nous avons créé des circuits pirogues sur plusieurs jours. Nous croyons à notre destination et c’est pour cette raison que nous sommes en pourparlers pour de plus gros bateaux toujours sur le fleuve Sénégal. Nous proposons aussi des maisons d’hôtes avec une histoire à Saint-Louis et à Gorée. Même si nous continuons à vendre les classiques comme Saly, Dakar, le Saloum, la Casamance et le Sénégal oriental, nous tentons de positionner Saint-Louis comme une escale originale, tant par sa situation que par son histoire. Nous misons sur de petites structures afin d’être plus à l’écoute et au diapason des envies de nos voyageurs. La destination Sénégal doit se réinventer. Nous la réinventons.

Sénégal : le renouveau d’une destination

La situation géographique du Sénégal lui confère une des positions les plus enviées.  Sa façade Atlantique se présente comme la porte principale d’entrée de l’Afrique de l’Ouest doublée d’un carrefour à la croisée des chemins qui mènent vers l’Europe, les Amériques, le Moyen et l’Extrême-Orient. Que d’atouts…

Destination touristique emblématique par excellence, le Sénégal offre à ses visiteurs un accueil légendaire, une gastronomie particulièrement goûteuse, des paysages paradisiaques, des plages magnifiques et un climat des plus favorables. Que d’atouts…

Et puis dans le désordre : une population francophone, des prix largement compétitifs, une stabilité politique et une sécurité appréciable par les temps qui courent et enfin, voire surtout, le Sénégal ne se trouve qu’à 6 heures de Paris. Que d’atouts…

Alors tout va bien dans le meilleur des mondes ? Une chose est sûre, côté tourisme, ça devrait aller mieux. En effet, le Sénégal, destination historique pour le tourisme, est en train de mettre tous les atouts de son côté pour une relance durable de son tourisme, en s’appuyant bien entendu sur un avantage concurrentiel inégalable comme tient à le souligner Monsieur Mame Mbaye Niang, le ministre du tourisme (voir interview) : « Notre Teranga peut se traduire par hospitalité. C’est un héritage historique issu d’un brassage des peuples et des cultures. Il en résulte une tradition d’accueil et de partage ». Quel atout…

La relance de la destination est en cours. Elle s’accompagne d’un ambitieux plan de rénovation du parc hôtelier, de l’amélioration des infrastructures routières, d’un aéroport de classe internationale, d’une compagnie aérienne nationale, de suppression des visas et enfin pas le moindre des avantages : la réouverture du bureau du tourisme de l’Ambassade du Sénégal à Paris. Que d’atouts pour une franche et volontaire relance.

« Le tourisme, un gage de stabilité »

Quand le président sénégalais Macky Sall a prêté serment en 2012, il héritait alors d’un pays dont le taux de croissance était morose et le déficit budgétaire dépassant les 7%. Il a décidé de lancer un programme sous le nom de : « Grand bond en avant ».  Conscient de l’importance du tourisme pour l’économie de son pays, il a accordé à ce secteur un traitement de faveur comme il l’a rappelé lors de son intervention le 18 octobre dernier à Saly : « Le tourisme à une place prépondérante pour notre pays. Il contribue directement  à 7% de notre PIB. Mais son apport va au-delà : en création d’emplois, en lien social, pour la préservation de notre nature et la valorisation de notre patrimoine, pour la qualité de nos échanges. Le tourisme, c’est un gage de stabilité. »

L’une des première décisions, et de loin la plus spectaculaire, a été d’achever la construction de l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) à Dakar. Le chantier s’enlisait depuis 10 ans. En moins d’un an, il était achevé et se présente aujourd’hui comme un hub ultra moderne, de capacité internationale, capable d’accueillir des A380 et surtout à ½ heure de Saly Portudal,  le premier lieu touristique du Sénégal. Belle performance, d’une part pour désengorger Dakar et d’autre part pour rapprocher les visiteurs des centres de vacances.

Atteindre 1,5 million de visiteurs grâce au Plan de relance

En 2012, le nombre de touristes ne dépassait pas un million. Le plan engagé, dit PSE, consiste à se donner les moyens d’atteindre, dès 2018, 1,5 million de visiteurs et 3 millions en 2023. Certes c’est ambitieux, mais il requiert le soutien de la Banque mondiale et de grandes entreprises privées comme Van Oord, connue du grand monde par ses réalisations spectaculaires à Dubaï.

Les contraintes techniques et financières dues à l’instauration d’un visa biométrique se sont révélées être une catastrophe pour le développement du tourisme. Le mérite du président Macky Sall a été d’être sensible aux arguments des professionnels du secteur. C’est ce qu’il a confirmé publiquement à Saly : « On m’a demandé de supprimer les visas pour favoriser la relance touristique. Je l’ai fait même si c’était 50 milliards de francs CFA (76 millions d’euros, NDLR) de renoncement de recettes pour la caisse de l’État ». Les effets ont été immédiats. Dès la suppression des visas, la croissance des arrivées de visiteurs est repartie à la hausse.

Le vrai problème, c’est l’aérien. Non pas en termes de capacité, mais en termes de cherté. D’où la décision de recréer une compagnie national, Air Sénégal, dans le but avoué de faire baisser les prix. À cette initiative se greffe la baisse des redevances aéroportuaires toujours pour rendre la destination plus compétitive.

Un parc hôtelier agrandi

Restait la mise à niveau du parc hôtelier. Là encore, les autorités ont pris des décisions opportunes avec l’instauration de crédits touristiques pour accompagner les acteurs du tourisme dans la rénovation et les extensions de leurs offres. À cette initiative, des efforts de séduction auprès de grandes chaines internationales ont contribué à augmenter de 7% l’offre d’hébergement.

À titre d’exemple :

  • Sheraton 247 chambres
  • Lacoste-Hyatt 129 chambres
  • HôtelKarafi 202 chambres
  • Hôtel Azalai 203 chambres, etc.
  • Et bientôt un nouveau Club Med

Réhabilitation des plages

« Une destination balnéaire sans plage rendrait vain tout plan de relance », a affirmé le président Macky Sall lors de son allocution à Saly, à l’occasion du lancement des travaux de réhabilitation des côtes suite à l’érosion. C’est avec un financement de la Banque mondiale que commencent la mise en place de brise-lames et la restauration des plages même si certains hôtels ont encore de belles plages et sont bien fréquentés.

Casamance, zone touristique d’intérêt national

Le potentiel touristique du Sénégal reste exceptionnel. Encore faut-il le valoriser. Toutes les mesures impulsées par le PSE portent cette ambition en s’efforçant de couvrir tout le territoire. C’est le cas de la Casamance qui bénéficie d’un programme classé « zone touristique d’intérêt national ». Cette région, la plus septentrionale du pays, connue par sa nature et ses paysages réellement singuliers, mérite une attention toute particulière en raison de sa position géographique. Cette initiative doit apporter un gage de stabilité à ce lieu, qui par les hasards de l’histoire, se trouve séparé en partie du reste du pays par la Gambie. Les améliorations d’accès avec notamment les connections aériennes et maritimes renforcées, le pont en construction pour traverser la Gambie devraient, sans nul doute, contribuer à rendre la Casamance plus attractive encore, en particulier pour le Club Med, les autres hôtels et campements de la région.

Une nouvelle station balnéaire

L’amélioration de l’existant n’exclut pas la création d’autres pôles d’attractivité. C’est le cas avec l’aménagement d’une nouvelle station balnéaire à la Pointe-Sarène comportant 120 villas de luxe, un centre commercial, cinq blocs hôteliers de standing international, une marina, une réserve animalière dans une forêt classée et un parcours de golf. Ce projet phare du PSE est en bonne progression sous l’impulsion de la direction générale de la SAPCO (Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal), appuyée par la nouvelle équipe ministérielle.

Pour accompagner cette relance, notons la restauration de l’agence de promotion touristique, dotée d’un budget de fonctionnement et de promotion. La ré-ouverture du bureau de promotion à Paris s’inscrit dans cette dynamique. Enfin un effort spécifique a été donné à la réhabilitation de l’École nationale de formation hôtelière et touristique.

Avec une superficie de 196 722 km², le Sénégal est subdivisé en quatorze régions administratives. Lors du dernier recensement réalisé en 2013, la population est estimée à 13 508 715 habitants.

      

 

 

 

 

 

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