65,56% des enfants en âge d’aller à l’école ne disposent pas de pièce d’état civil pour être dans le système éducatif. A cela s’ajoutent non seulement un niveau très faible de résorption des abris provisoires et un encadrement pédagogique en dents de scie des enseignants par les inspecteurs. Le rapport alternatif de suivi citoyen de la politique éducative au Sénégal 2015/2017 de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), présente ainsi les indicateurs de contreperformances de l’école publique sénégalaise.
Le constat sur la situation de l’école publique sénégalaise est sévère. La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) met en lumière plusieurs goulots d’étranglement du système éducatif sénégalais, loin de favoriser la réalisation optimale des directives présidentielles sur les Assises de l’éducation et de la formation.
Le rapport alternatif de suivi citoyen de la politique éducative au Sénégal 2015-2017 présenté hier, vendredi, constate d’emblée un taux de scolarisation de 84.8% entre 2014 et 2016. Le taux d’enfants disposant de pièce d’état civil est passé de 35,25% en 2014 à 36,59% en 2015 et enfin à 37,44% en 2016. Ce qui montre par conséquent, selon la Cosydep, que 65,56% des potaches ne disposaient point de cette précieuse pièce en 2016. Dans cette revue documentaire de la situation des enfants ne disposant pas d’acte de naissance dans les quatorze régions de 2014 à 2016, la Cosydep a constaté que « les plus faibles taux sont enregistrés dans les académies de Kaffrine (14,87%), de Matam (18,70% et de Tambacounda (19,73%) ». Cette situation alarmante a été notée dans les écoles comme Amadou Daly Faye de Fatick où 100% d’élèves sont sans acte de naissance sur un effectif de 343 enquêtés. C’est le cas au niveau de l’école Bona de Bounkiling, où 64% des élèves ne disposent pas de bulletin ou extrait de naissance. A l’école Bill Bambara de Kaolack sur les 232 enquêtés, 96,3% n’ont pas d’acte de naissance.
Dans cette étude préoccupante, les acteurs de la société civile ont indiqué un certain nombre de problèmes relatifs au « rejet par des juges de beaucoup de demandes, faute de présence physique du père ou de la mère et l’absence d’un personnel qualifié dans les structures qui délivrent les actes d’état civil ». L’absence de pièces d’état civil, selon la Cosydep, est en partie liée aussi aux « fausses déclarations ou déclarations multiples au niveau de certains centres d’état civil ». L’existence de statistiques divergentes sur les questions d’état civil ne donne aucune perspective claire pour les différentes parties prenantes du système éducatif de dégager des jalons pour venir à bout de cette problématique. En attendant une stratégie pour le respect de ce droit de l’enfant, la Cosydep relève « des candidatures d’élèves non admises aux différents examens et concours, faute de pièces d’état civil ».
En revanche, il a noté que « les plus forts taux de détention de cette pièce sont enregistrés dans les académies de Rufisque (67,28%), de Dakar (62,36%) et Pikine-Guédiawaye (51,71%) ».
PERSISTANCE DES ABRIS PROVISOIRES
Il ressort de cette étude qui entre dans le cadre du programme Fonds de la société Civile pour l’Education (FSCE 2016-2018), d’un niveau de résorption des abris provisoires très faible. Les abris provisoires sont plus présents dans les Inspections de l’éducation et de la formation (Ief) de Goudomp (282), Bounkiling (235), Sédhiou (182). Pour l’Inspection d’académie de Sédhiou, le rapport note un statu quo du nombre d’abris provisoires entre 2013/2014 et 2014/2015 et une baisse de 60 abris entre 2014/2015 et 2015/2016.
Cette présence massive d’abris provisoires dans les écoles agresse régulièrement le quantum horaire et ne favorise pas – au regard des aléas climatiques – une éducation de qualité. Sans oublier, dans ces cas de figure, l’exclusion des enfants vivant avec un handicap, dans le cadre de la politique de construction des infrastructures scolaires (Rampes, Blocs d’hygiène, tableau noir, etc.).
1 INSPECTEUR POUR 250 ENSEIGNANTS
Dans le cadre de la formation des enseignants, l’étude a relevé aussi l’absence de prise en compte des maîtres des classes spéciales et directeurs non déchargés. Le secrétaire général du Syndicat des inspectrices et inspecteurs du Sénégal (Siens) a déploré l’absence de données statistiques sur le ratio inspecteur et enseignants, tout en rappelant que la norme internationale est d’un inspecteur pour 50 enseignants. El Cantara Sarr estime que le ratio est aujourd’hui d’un inspecteur pour 250 enseignants. Ce qui, selon lui, impacte la qualité de l’encadrement des enseignants. Dans ce même sillage, El Cantara Sarr a signalé le déficit criard d’inspecteurs dans le moyen secondaire général et technique. Le Sg du Siens veut une application d’un des points du protocole d’accords, notamment la formation continue des corps de contrôle pour accroitre leur efficacité.
sudonline.sn