8 Mars – Détenues politiques, mères et épouses de détenus : Ces héroïnes aux destins liés dans un Sénégal en crise

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XALIMANEWS-Elles sont mères et épouses de détenus ou elles sont ou ont été elles-mêmes détenues politiques. Traquées, emprisonnées, séparées de leurs familles, certaines les ont subi affres de la solitude, de la souffrance, d’autres sont restées dans la tourmente, loin de leurs fils et époux. Jetées dans l’ombre et la solitude, elles ont été soumises à une longue attente, une douleur dont les séquelles sont restées intactes pour certaines.

« Depuis mars 2021, Il faut reconnaitre que des sénégalaises ont subi, pour la première fois, une sorte de répression qui les a plongés dans un stress réel. Le constat est qu’elles ont en réalité les plus grandes victimes de ce Sénégal en crise », explique Awa Fall, une activiste qui milite pour le droit des femmes.

A l’occasion du 08 mars qui marque la journée internationale des droits des femmes, Xalima revisite les douloureux épisodes de la répression au Sénégal qui doivent marquer, à jamais, la vie de ces femmes.

Une fête pour célébrer un destin commun

Ce jeudi 07 mars alors que le Sénégal va, timidement, vers une sortie de crise, les « Linguères » du Sénégal telles qu’on les nomme, désormais, dans la sphère médiatique, empruntent les couloirs d’un média bien connu, dédié à leurs causes. L’heure est aux hommages après les épreuves qu’elles ont traversé ces derniers mois. Si l’ambiance est au rendez-vous, la joie n’est pas dans le coeur. Marquées, à tout jamais, elles gardent encore le souvenir de leurs camarades et des autres femmes…restées en prison. Toutefois, elles ont décidé de porter, désormais, ce « destin qui les lie » devant l’histoire. Sous les feux des projecteurs, elles parlent de leur lutte et des symboles d’un courage, devenu un code dans leurs rangs.

« Tout le monde n’est pas au rendez-vous, bien sûr. Certaines sont encore malades et d’autres sont restées en prison. Sans oublier celles qui sont décédées en cours de route. Paix à leurs âmes. Toutes ont fait que nous croyons à notre statut d’héroïnes. Aujourd’hui et demain, nous ne lâcherons rien ! », témoigne l’une d’elles.

Maman Amy Dia, symbole de résilience

Libérée après 19 mois de prison, Amy Dia est un symbole de « la lutte » grâce à sa résilience et son courage. Une force qu’elle a puisée du fond de sa cellule, loin de ses jeunes enfants et de sa mère. Ce long épisode de privation de liberté de la responsable Pastef à Guédiawaye a suscité une vague d’indignation dans les coins les plus reculés du Sénégal. Son âge, son vécu de « Mère Thérésa » à Guédiawaye, son caractère, son attitude face à la souffrance a ému plus d’un mais n’a pas empêché ses enfants de porter, au premier rang, le combat d’une femme abattue, brisée au plus profond d’elle.

« Nous ne pouvions jamais imaginer, ni sa famille ni ses connaissances, que dans ce Sénégal une femme comme notre mère (Amy Dia) pouvait être emprisonnée et poursuivie pour des accusations fallacieuses. Nous ne reconnaissons pas ce Sénégal. Et ce n’est pas le portrait de notre mère qu’on nous a peint », a témoigné sa fille aînée alors que sa génitrice, modèle de femme dans son fief, luttait contre la mort sur un lit d’hôpital d’où sa libération est finalement diligentée.

Falla Fleur, le visage de la résistance

Engagée depuis toujours dans le projet Pastef « pour la patrie », Falla Fleur a vu son emprisonnement comme une motivation. « C’est extraordinaire comme elle peut être résistante dans l’âme. J’ai eu finalement pitié de ses bourreaux au lendemain de son emprisonnement et cela s’est confirmé lors de ses procès », commente une de ses connaissances.

Activiste et militante des droits humains de la première heure, juriste de formation, Falla Fleur est connue pour son « mental d’acier » et aussi pour sa profonde sensibilité aux causes humaines. Ses premiers balbutiements, en tant qu’activiste, sur les réseaux, a permis de faire un plaidoyer retentissant sur le retrait des enfants de la rue, plus particulièrement les enfants talibés. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

A la MAF de Liberté 6, sa frêle silhouette contraste avec sa voix dont les échos ont transcendé les portes de sa cellule pour apporter un nouveau souffle de vie à ses camarades détenues. Ces dernières vont, certainement, se rappeler du passage de « Falla la lionne » qui a permis de réhabiliter, en partie, leur dignité car ayant été privées du moindre droit dans des cellules où leur vie tient à peine. C’était aussi une de ses belles missions, elle en est convaincue.

Aujourd’hui, dans le dernier épisode de son combat pour la liberté et la justice, Falla Fleur « Maintient » sa résistance. Imperturbable, elle veut offrir un exemple de courage et de résilience à toute la jeunesse du Sénégal.

Yacine Diagne, l’altruiste marquée à vie

D’aucuns ne la connaissaient pas avant qu’elle ne soit, farouchement traquée, puis jetée en prison. Dans les rangs de Pastef, sa principale activité a consisté à assister les détenus politiques, à leur donner à manger et à leur trouver un avocat. « Et même ceux qui ne répondaient pas du projet ! », précise celle qui l’habitude de « collaborer avec les communautés » grâce à son profil professionnel, quand elle a fallu qu’elle parle pour la première fois, à sa sortie de prison.

Au bord des larmes, la jeune dame raconte à quel point elle a été surprise de son arrestation…devant son enfant de moins de 5 ans. Un épisode qui l’a profondément marquée et qui l’oblige, aujourd’hui plus que jamais, à faire face à son destin d’ex détenue dont la famille a failli éclater en mille morceaux. « Ma famille, c’est aussi ses camarades détenues avec qui j’ai partagé les meilleurs moments et qui me motive encore, qui me pousse à croire à la victoire prochaine du projet », confie la mère de famille qui, ayant perdu son activité. Très déterminée, elle se consacre, actuellement, à la campagne présidentielle pour hisser « son projet » au sommet.

Fatou Biaye, l’épouse crucifiée

Fatou Biaye est une de ces jeunes sénégalaises qui croquent la vie à pleines dents. Elle ne sait rien de la politique. Ou plutôt elle en est liée par son époux, Babacar Ndiaye, coordonnateur des Jeunesses Patriotes du Sénégal (JPS) de la section de Pikine. Hélas! Son destin est à jamais lié aux troubles qui ont jalonné la vie des sénégalais entre mars 2021 et février 2024. Mariée en février 2023, Fatou espérait une vie heureuse aux côtés d’un époux aimant à qui elle ne reproche rien. Mais c’était sans compter avec la répression politique qui sévit. En temps ces troubles, elle n’avait pas pensé, toutefois, que son mari allait être arrêté 15 jours après ses noces.

En mars 2023, la vie de Fatou bascula alors qu’elle venait de contracter sa première grossesse. C’était la première fois qu’elle se voyait confronter à deux situations : la justice et la maternité. Deux extrémités qu’elle devait gérer de bout en bout. Loin de son ange gardien, Fatou a pleuré dans la solitude et dans la souffrance. Jusqu’à la naissance de son enfant qu’elle a couvé seule, elle a connu des jours troubles et des nuits agitées.

Elle se souvient « Mon enfant a rencontré son papa pour la première fois en prison », confiait t-elle, à nos confrères de la TFM, le jour de la Saint-Valentin, visiblement nostalgique.

Une année après, alors que son époux vient juste d’être libérée, Fatou n’est certainement prête à oublier même si elle a fini par accepter une réalité qui lui a volé les plus grands moments de sa vie.

Diouma SOW

1 COMMENTAIRE

  1. Est-ce qu’un juriste pourrait nous expliquer comment (si c’est possible) poursuivre les responsables malgré la « loi d’amnistie » de ces criminels qui brûlent tout avant de partir. Le nouveau Président du Sénégal doit auditer tous les ministères, les services de l’ex-président et …farba ngom.

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