Salah Abdeslam a minimisé son rôle dans les attentats parisiens du 13 novembre, chargeant son frère Brahim et Abdelhamid Abaaoud, son ami d’enfance qu’il dit pourtant à peine connaître, selon des extraits de son audition en Belgique cités par Le Monde et BFMTV.
Le dixième homme des attentats jihadistes de Paris et Saint-Denis, Salah Abdeslam, a été entendu le 19 mars par la police fédérale, puis par la juge d’instruction, au lendemain de son arrestation et avant le double attentat qui a endeuillé Bruxelles le 22 mars.
Face aux enquêteurs, celui qui est présenté depuis quatre mois comme l’un des logisticiens des attaques du 13 novembre, se dédouane et renvoie la responsabilité sur son frère aîné, Brahim.
Ainsi, il dit avoir « loué des voitures et des hôtels à la demande » de son frère qui s’est fait exploser au Comptoir Voltaire. Et c’est son frère qui lui aurait donné sa ceinture d’explosif dans l’appartement loué a Bobigny, raconte-t-il aux enquêteurs.
Sur Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques de Paris, Salah Abdeslam est formel : il est « le responsable des attentats ». « Je le sais de mon frère Brahim », précise-t-il.
Le soir du 13 novembre, Salah Abdeslam raconte qu’il devait se rendre au Stade de France, sans ticket, « pour (se) faire exploser ». Il déroule le récit de la soirée: « J’ai renoncé lorsque j’ai stationné le véhicule. J’ai déposé mes trois passagers, puis j’ai redémarré. J’ai roulé au hasard ».
Après avoir déposé la voiture « quelque part », il s’engouffre dans le métro, achète un téléphone et contacte « une seule personne : Mohamed Amri ». Or, selon l’enquête, le fugitif a également tenté de joindre un cousin dans la soirée avant que deux amis – Mohamed Amri et Hamza Attou – ne viennent le récupérer au sud de Paris pour rallier la Belgique.
C’est le début de quatre mois de cavale. Il se cache « chez Mohamed Belkaid à Schaerbeek, puis à Forest », des communes bruxelloises. Ce dernier, tué le 15 mars lors d’une opération de police, était « mécontent de (me) revoir », affirme-t-il.
Sur ses complicités et soutiens éventuels, Salah Abdeslam entretient le flou. Sur Abaaoud notamment. La « seule fois » qu’il a vu « Abaaoud de (sa) vie », c’est la veille des attentats parisiens, dans une planque louée à Charleroi, jure Abdeslam.
Début 2015, Abdeslam évoquait pourtant « un bon ami » et « un chouette gars » lorsqu’il était interrogé au cours d’une enquête sur Abaaoud. Amis d’enfance, ils ont aussi été compagnons de délinquance, mis en cause ensemble en 2010 dans une affaire de braquage.
Dans l’audition du 19 mars, il sera également question de Ibrahim et Khalid El Bakraoui, deux des futurs kamikazes du double attentat de Bruxelles, dont le lien a été établi avec ceux de Paris. On lui présente une planche photographique, il assure ne pas les connaître.
« Entendu immédiatement » après les attentats de mardi qui ont fait au moins 31 morts dans la capitale belge, Salah Abdeslam a alors « refusé de faire la moindre déclaration », a indiqué vendredi le parquet fédéral belge dans un communiqué.
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