Le défi de ma jeunesse : sauver le peuple de la tyrannie des Wade Par Tafsir Ndické DIEYE

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Thomas Jefferson n’a pas tout à fait tort : « Se révolter contre la tyrannie, c’est obéir à Dieu ». On n’arrête pas les sévices de son bourreau avec ses larmes ; si on n’organise pas sa riposte, on périt. Notre jeunesse trinque depuis 11 ans. Ça suffit ! « Toute génération est une génération de mise au défit » disait le poète, celui de notre génération est à la fois complexe et urgent : sauver notre peuple de la tyrannie des WADE.  Ils ont tellement cherché hors d’eux-mêmes les réponses à leurs propres insuffisances au point de porter  préjudice à notre patrimoine commun : la République. Elle souffre de leurs coups tordus guidés par leur mégalomanie. Elle en bave atrocement.

Nous entendons souvent dire que la jeunesse est l’avenir. Ce leitmotiv de certains adeptes de la « monotonie ensommeillée » semble exclure la jeunesse du présent. Nous refusons de vivre seulement entre nos souvenirs moroses et nos rêves d’un lendemain meilleur. Nous ne voulons pas être une jeunesse rêveuse mais une jeunesse responsable qui agit pour participer à la construction de sa nation, de sa République. Ce n’est point mettre en doute les vertus du rêve ; c’est seulement une façon de refuser d’être victime de ce genre d’anesthésie et de tout autre moyen utilisé par nos gouvernants pour nous endormir. Un Guide religieux le disait un jour, Serigne Moustapha SY si nos souvenirs sont bons : « Au Sénégal, la jeunesse a le droit de chanter, de danser, de jouer mais elle n’a pas le droit de réussir professionnellement sa vie. » Et portant, la jeunesse aspire à un niveau  d’équilibre appelé développement, c’est-à-dire un système dans lequel, les structures économiques, politiques, culturelles et sociales… permettent de satisfaire les besoins fondamentaux des populations.

Chère jeunesse, Martin Luther King (1929-1968) prononça son célèbre discours « I have a dream » à Washington le 28 août 1963 devant des milliers de militants de l’égalité raciale alors qu’il n’avait que 34 ans. La réalisation de son rêve fut symbolisée le 04 novembre 2008 par l’élection de Bracke Obama à la tête des Etats-Unis d’Amérique. Stephen Biko (1946-1977), l’auteur de la fameuse citation « l’arme la plus efficace dont puisse disposer l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé », fut nommé président honoraire de la coalition de plus de 70 organisations noires en Afrique du sud dénommée la Black People’s Convention (Convention du peuple noir) alors qu’il n’avait que 26 ans.

26 ans, c’est l’âge qu’avait aussi Nelson Mandela au moment de créer la ligue de la jeunesse de l’ANC en 1944 en compagnie de Walter Sisulu et Olivier Tambo. Son combat contre l’Apartheid sera à l’origine de sa condamnation à perpétuité en 1964 ; il recouvre sa totale liberté en février 1990 et devient le premier Président noir de son pays après la victoire de l’ANC aux législatives de 1994.  Patrice Lumumba (1925-1961) fonda, en 1958, le Mouvement national congolais (MNC), mouvement indépendantiste le plus radical de son pays qui remporte les premières élections en mai 1960. Il devint le premier ministre du Congo indépendant à l’âge de 35 ans. Thomas Sankara (1949-1987) impulsa la révolution Sankara. L’homme le plus populaire au Burkina Faso le fut à partir de 1983 à l’âge de 34 ans. Kwame Nkrumah débuta son action politique au Ghana en 1947 en devenant le secrétaire général du parti indépendantiste – la Convention unie de la Côte-de-l’Or (United Gold Coast Convention) à l’âge de 38. Les exemples de ce genre sont nombreux. Alors quel sens devons nous accorder à la notion d’âge dans la marche des nations et des hommes?

Nous voulons que la jeunesse soit déterminée à faire bouger les choses dans le sens de la conservation de nos acquis démocratiques car, il existe de plus en plus, et c’est regrettable, l’irresponsabilité à « cheveux blancs ». Notre jeunesse n’est pas à l’origine de l’endettement indécent de notre pays, des détournements de deniers publics à coup de milliards, du bradage injuste de nos ressources maritimes, de nos terres, de nos forêts et minerais. Elle n’a pas saccagé nos valeurs politiques par des pratiques comme la transhumance. Ce n’est pas la jeunesse qui a plongé le monde paysan dans le chaos à force de mauvaise politique agricole. Elle n’est pas responsable de la déconfiture de notre tissu industriel ni des pénuries à la pelle.

Chaque jeune est libre de faire de la politique ou pas. Cependant, aucun citoyen responsable, qu’il soit jeune, adulte ou du troisième âge, n’a le droit de croiser les bras devant la décadence de son Etat de droit, devant le sabotage orchestré contre les leviers qui fondent  sa République. Ce combat citoyen est la première marche vers le développement. C’est pourquoi, nous saluons l’appel lancé par le Mouvement « Y’en a marre ».

Nous sommes très à l’aise pour en parler car nous connaissons ce que ces jeunes peuvent apporter en matière de conscientisation au sein de leur génération. De 1998 à 2000, nous avions accompagné les rappeurs à travers le Sénégal par la création d’une structure de sonorisation pour les orchestres, depuis la rue 8 à Bopp dénommée à l’époque NGËM PRODUCTION ; car certaines structures de la place refusaient de courir le risque de sonoriser pour ces rappeurs révoltés qui disaient haut ce que le peuple pensait tout bas. Et, ce que des groupes comme Pee FROISS et tant d’autres ont apporté à l’avènement de l’Alternance, beaucoup de partis politiques de l’époque ne l’ont pas réalisé. Nous en parlons en connaissance de cause parce qu’il nous arrivait très souvent d’accompagner notre équipe sur les lieux. Nous nous souvenons d’ailleurs d’un spectacle du Pee FROISS à Kaolack lors duquel, ce groupe Keurgui était monté sur scène pour tirer à boulet rouge sur le régime de DIOUF. C’est vous dire que ce sont des jeunes qui ont une conscience précoce de leur mission dans leur société.

Au nom de quelle loi, le 19 mars 2011, des farfelus, des fainéants, des fous du roi, des fumistes et autres fritures peuvent manifester allégrement pour soutenir leur mentor qui pille ce pays et que d’autres qui sont d’honnêtes citoyens en soient priver pour dire leur rejet du régime? Qu’elle s’oppose sans réserve, avec tous les moyens légaux à sa disposition dont le Droit à la marche pacifique, à toute forme de confiscation des libertés individuelles et collectives consacrées par la constitution.

Notre jeunesse doit être conscient de sa force numérique et intellectuelle… être conscient de sa mission en tant que jeunesse, responsable du présent et de l’avenir de sa nation. Nous voulons  d’une jeunesse qui ne « brûle plus en silence », une jeunesse qui siège dans les instances de prise de décisions et qui jouit de la satisfaction d’être utile à sa société. Une telle jeunesse n’hypothèque pas son présent et son avenir dans l’usage des pirogues de fortune. Qu’elle refuse de s’immoler par le feu.

Une telle jeunesse n’inscrit pas son gagne pain dans la prostitution assumée ou clandestine ni dans l’homosexualité et le mariage mixe téléguidés par le souci du gain facile. Une telle jeunesse fuit la tentation du vol et de l’agression. Une telle jeunesse ne s’adonne pas au trafic illicite de la drogue ni à son usage pour raccourcir le chemin qui mène à un bonheur illusoire et dangereux. Une telle jeunesse n’encourage aucune tendance à la facilité et à la passivité ; elle n’est pas une jeunesse qui vieillit autour de sa tasse de thé en critiquant la gestion de sa cité par les adultes. Elle s’inscrit sur les listes électorales, sensibilise son peuple sur la nécessité de changer le système qui l’étrangle et s’érige en rempart de feu face aux armées d’hyènes ennemies en cas de besoin. Elle ne sert pas de bras armés à des brigands politiques égoïstes qui sèment la violence et la mort dans son pays contre les intérêts de son peuple. Chère jeunesse du Sénégal, l’issue  du combat démocratique pour renverser ce régime en février  2012 est entre tes mains. Ce combat commence dès maintenant. C’est un combat utile à la préservation de notre République et c’est ton combat. Vive le Sénégal !

Tafsir Ndické DIEYE

Auteur de polars et de poésie dont :

Odeur de sang (Polar) Silence ! On s’aime (poésie)

Éditions Le Manuscrit Paris mars 2008

Horreur au palais (polar) Coédition Nouvelles éditions ivoiriennes/

Centre d’édition et de Diffusion Africaine Abidjan Novembre 2010

E-mail :[email protected]

 

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