Mesdames et messieurs les journalistes,
Merci d’être venus si nombreux
Camarades et amis,
Devant vous aujourd’hui, je sacrifie à une tradition. Il y a 12 ans, lorsqu’on a voté le dimanche 25 mars 2012, j’ai donné une conférence de presse le surlendemain 27 mars pour féliciter le nouveau Président de la République élu Macky Sall pour son élection à 65% des suffrages. J’ai ensuite félicité le Président sortant Abdoulaye Wade pour la bonne organisation de l’élection dans la transparence et la démocratie sans oublier de rendre hommage au peuple Sénégalais dans sa maturité et son élégance. Après quoi j’ai dit que nous nous inscrivions désormais dans une opposition ferme et résolue au nouveau régime sans nihilisme. C’est ce que nous avons fait pendant 12 ans.
Douze ans après, jour pour jour (25 mars 2012 et 24 mars 2024), le peuple Sénégalais a élu Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui était, jusqu’à son élection, le Secrétariat général du Pastef dont Ousmane Sonko est le Président. Un gouvernement vient d’être formé. Une page s’est tournée dans la trajectoire historique de notre pays.
Nous renouvelons nos sincères félicitations au Président Faye pour sa brillante victoire dès le premier tour. Nous félicitons le Président Macky Sall pour la bonne organisation de l’élection et nous rendons un vibrant hommage au peuple Sénégalais pour sa maturité et son élégance.
On a parlé de révolution démocratique au vu de la fin heureuse d’un processus électoral qui a été chaotique à tous égards. Nous exprimons l’espoir que les rencontres prévues par le nouveau chef de l’Etat nous permettront de revenir sur toutes les limites et faiblesses d’un système électoral qui aura quand-même procuré beaucoup de satisfaction pendant ses 30 années d’existence. Il faut toujours évaluer, améliorer et avancer.
Nous avons suivi, écouté et observé déjà depuis leur sortie de prison et avant l’élection, le duo Ousmane Sonko-Diomaye Faye et particulièrement les dernières sorties de ce dernier après son élection. Sur la base de ce que nous avons vu et entendu, nous caressons l’espoir de voir se réaliser le rêve fondateur de notre parti dans la clandestinité c’est-à-dire l’indépendance de notre pays, la libération de notre nation et l’émancipation de notre peuple. S’il est vrai que, par le passé, nous avons pu, avec d’autres forces démocratiques, faire sauter beaucoup de verrous et de citadelles dans le combat pour la démocratie et le pluralisme (parti unique, télévision unique, quotidien unique, radio unique bref pensée unique), jamais cependant nous n’avons pu enfoncer les portes du pouvoir d’État pour réaliser ce rêve fondateur qui était de rompre d’avec un système politique relevant de l’héritage colonial. Le peuple semble en avoir décidé le 24 mars dernier à travers un véritable référendum pour ou contre la continuité. Ànd-jëf doit en tirer les conséquences.
Le scrutin présidentiel a été pour notre parti une occasion exceptionnelle de jauger l’état d’esprit de nos cadres et militants. En effet, il avait été demandé à tous les responsables au niveau des fédérations et des sections de se concerter pour désigner le candidat de leur choix parmi ceux de l’opposition avec laquelle nous nous sommes toujours battus côte-à-côte depuis la coalition “Non gor ça wax ja” au référendum de 2016, ensuite la coalition Mànko en 2017, le Front de Résistance Nationale (FRN), etc.
À l’arrivée, la quasi-totalité des fédérations et sections ainsi que les militants de la diaspora ont voté et fait voter en faveur de Diomaye Faye sans aucune contrainte ni pression d’aucune sorte de la Direction ou du leader du parti. Ceci nous a donc permis de lire et comprendre exactement la volonté politique et les aspirations véritables des militants d’accompagner le Président Faye à l’élection duquel ils ont contribué.
D’un autre côté, comme indiqué plus haut, nous avons pu décrypter chez le nouvel élu de fortes convergence entre nos conceptions respectives sur le sens de la politique en général, le sens du leadership politique en particulier et ce que doit être la relation entre la fonction politique et la sphère étatique dans un pays comme le nôtre.
Tout d’abord la réfutation par Ousmane Sonko leader du Pastef de la fameuse formule qui veut qu’une élection présidentielle soit « la rencontre d’un homme avec son peuple », correspond exactement à notre conception du rapport entre l’individu et le collectif. À cet égard, nous percevons son acte consistant à proposer Bassirou Diomaye Faye comme alternative à sa propre candidature comme un acte de foi selon lequel la Cause qu’il défend est au-dessus de la personne de celui qui l’incarne. Au sein d’un parti politique, ceci est une importante nouveauté démocratique sur laquelle on reviendra sans doute plus tard. Cette décision renvoie également à une philosophie de l’humilité qui rompt d’avec l’esprit d’homme providentiel. En effet, diriger un pays et construire un pays reposent davantage sur l’unité et la cohésion du groupe dirigeant que sur la solitude d’un « messie » qui décide tout seul et se trompe tout seul. L’unité et la cohésion du groupe dirigeant constituent également un puissant levain pour le renforcement de l’unité et de la cohésion nationales, socle fondateur de tout développement.
Le nouveau Président dit également que la politique est un sacerdoce au service de la prospérité du plus grand nombre et non un instrument d’enrichissement personnel. Nous partageons largement cet avis. Donner corps au sommet de l’État à cette doctrine sera assurément la fondation de toutes les ruptures attendues.
Quant à la notion de leadership, le style que Diomaye arbore en terme de sobriété, de simplicité et d’humilité, correspond bien à l’image que nous nous faisons du dirigeant politique proche de son peuple et de ses difficiles conditions d’existence. C’est aussi, à n’en pas douter, la trempe d’une École politique par delà ses racines sociales et culturelles. C’est toute la portée de cette évocation du Président Faye de ses devanciers. Je le cite : « Je garderai toujours à l’esprit, les lourds sacrifices consentis afin de ne jamais vous décevoir … hommage aux ainés qui se sont battus pour l’avènement de la démocratie au Sénégal et qui ont posé les solides fondements d’une nation indépendante et d’un État de droit. Nous leur sommes redevables pour les valeurs de liberté, de justice et de progrès qu’ils nous ont données en héritage. C’est pourquoi, il est essentiel que nous connaissions les succès et les échecs de nos devanciers, les chemins humbles qu’ils ont suivis puisque nous sommes la résultante de tous leurs efforts ». Fin de citation.
Sur un autre plan, les énoncés du discours du Président Bassirou Diomaye Faye montrent une rupture qui pourrait être salutaire dans l’approche des rapports traditionnels entre la fonction politique et l’appareil d’État. Une rupture de nature à réhabiliter l’action politique et ceux qui la mènent. Cette dimension est décisive dans la révolution démocratique dont on parle. Dans nos pays, trop souvent, les partis qui accèdent au pouvoir ne servent pas de leviers pour accompagner le développement à la base, mais deviennent très vite un cénacle de luttes d’intérêts entre factions et fractions au cœur de l’État. Or la fonction politique est absolument indispensable pour gérer l’État. Elle est, dans son sens originel, l’âme qui doit inspirer le contenu et la portée de l’action étatique. Elle est la lucarne qui permet de visualiser, derrière les décisions prises par le gouvernement et l’administration au niveau central ou local, les hommes et les femmes qui seront touchés par ces mesures dans leurs espoirs et leurs angoisses, leurs attentes et leurs satisfactions.
C’est tout cela que nous percevons et pressentons dans la démarche du nouveau Président et qui nous rassure jusqu’à un certain point. S’y ajoutent les changements annoncées concernant notamment la souveraineté, les institutions, l’éthique de gestion …
Le rejet de toute chasse aux sorcières corrélée à une justice qui fait son travail de façon souveraine tout comme le respect de la démocratie et des libertés ont été souvent rappelés par le nouveau Président et constituent des indicateurs d’équilibre très importants.
En somme, la triptyque que nous avions donnée au parti pour le choix d’un candidat semble globalement prise en compte par le discours de Diomaye.
? Placer le pays sur la voie de la souveraineté afin d’assurer un développement durable;
? Mettre le peuple au centre d’un tel développement, afin de bloquer la voie à un élitisme de mauvais aloi et à la mal-gouvernance;
? Promouvoir l’unité de l’Afrique pour mieux résister aux forces prédatrices qui n’épargnent aucun de nos pays.
Last but not least, nous avons particulièrement apprécié cet appel lancinant à l’unité : le Sénégal est, dit-il, notre abri commun, que nous aimons tous, qui ne commence pas par nous, et ne finit pas avec nous. Dans cet esprit, mon rôle, et je compte l’assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays ». fin de citation.
C’est sur la base de tout ce qui précède qu’Ànd-jëf/Pads considère que ce combat annoncé par le Président Bassirou Diomaye Faye est notre combat. Nous avons donc décidé d’en être des acteurs fermes et résolus aux côtés de toute force politique ou sociale qui s’y engage au nom des transformations annoncées.
Nous précisons cependant d’emblée que cette décision souveraine de notre parti n’a pas été précédée ni accompagnée de discussions et de conciliabules et n’a donc rien à voir avec certaines préoccupations traditionnelles sur le champ politique. Elle découle tout naturellement de notre claire conscience que le cap qui est dégagé correspond d’une part aux attentes du peuple tout entier et, d’autre part, à nos propres convictions et options politiques depuis toujours. Cela donc nous oblige à être dans la mêlée et non au-dessus de la mêlée pour paraphraser le Président Mamadou Dia.
Un grand pas a été franchi dimanche 24 mars 2024 mais le chemin est long et sinueux. Lorsque, à l’étranger, on parle de révolution démocratique au Sénégal, c’est élogieux et il faut en être fier. Toutefois il faut qu’elle soit aussi une révolution populaire et c’est là que gît le plus gros défi. Organiser et engager les plus larges masses du peuple dans l’œuvre de transformation du pays nous semble être la corde principale qui ouvrira les mailles du filet de notre émancipation économique, sociale et culturelle.
Aussi longtemps que ce cap sera maintenu, nous nous tiendrons aux côtés du Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et de son gouvernement pour vaincre les obstacles qui ne manqueront pas de se dresser sur le chemin du Sénégal.
Vive le Sénégal
Vive l’Afrique !
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Le Secrétaire Général – Sg
Maashaallah