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À cœur ouvert avec… Jacqueline Fatima Bocoum (Journaliste) «Ma guerre contre Karim Wade m’a coûté 4 ans de chômage»

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Quand elle sort du bois, JFB tait ses amertumes malgré le terrorisme vécu sous «le règne» de Karim Wade. Elle préfère se réjouir de savoir que le Sénégal a pris un nouveau départ, pendant qu’elle se découvre des perspectives nouvelles. Elle en est certaine : plus rien ne sera comme avant !

Jacqueline, vous vous décidez enfin à parler de nouveau après plusieurs années de silence.

Oui, et pour cause ; mes relations avec l’ancien pouvoir étaient mitigées, c’est le moins que l’on puisse dire, surtout après ma célèbre altercation avec le fils Wade en 2002, qui m’a coûté plus de quatre années de chômage dans ce pays. La consigne ne venait peut- être pas de lui mais le zèle des proches a servi de corset à l’élan de ma carrière. Aujourd’hui, à nouveau pouvoir, nouvel espoir… Plus rien ne sera comme avant !

Les valeurs des Sénégalais doivent se retrouver dans leur comportement au quotidien et aboutir à de nouvelles solidarités de cœur pour aider le plus grand nombre à exister dignement dans le travail ! Ainsi tout rentrera tranquillement dans l’ordre et certaines personnes, réellement victimes dès la première heure de l’ancien régime, pourront enfin légitimement souffler et sortir du bois. Parce que dans ce pays, on ne sait faire de l’ombre qu’aux meilleurs et qui de fait, n’ont aucune âme clientéliste !

Vous êtes recrutée quand même quelques années après, à l’APIX….

Oui et ironie du destin, par la seule grâce de Dieu. Parce que Aminata Niane n’avait jamais rien suivi de ma guerre avec Karim et elle ne me connaissait pas. Elle m’a spontanément offert un poste de direction à l’APIX sur la base de mon cv. C’est après que Karim lui a demandé comment elle avait pu faire cela. Mais elle a tenu bon, de par naturellement sa force de caractère ; aujourd’hui le prince est parti et moi, je suis encore là !

Aminata Niane est aussi partie, un nouveau DG s’est installé….

Oui, Madame Niane a indélébilement marqué cette structure après douze ans, du sceau de la rigueur et de la performance. Mais j’ai aussi l’avantage de bien connaitre Diène Farba Sarr depuis mon passage au ministère de la Santé, il y a dix ans. Il est très ambitieux pour la structure, et il est d’une extrême courtoisie. On lui fait naturellement confiance pour continuer à hisser cette agence sur la plus haute marche de la performance et on prie pour lui.

Auparavant, vous aviez été virée d’un groupe de presse Com7 dont vous étiez le DG.

Ça, c’est le passé et chacun reste avec sa seule conscience. L’avenir me convoque aujourd’hui et j’ai juste de nouveau envie d’ébrouer mes ailes au soleil et de retrouver mon cœur de métier qui est l’information. Il y a des hauts et des bas dans la vie. J’espère pour moi que c’est enfin l’heure du pain blanc…

Il se dit que vous comptez de vrais amis et des grands frères de la première heure dans le pouvoir actuel ?

Wax fègne, comme disent les ados (NDLR : qui parle se trahit). Il y a un temps pour tout. C’est vrai que les El Hadj Kassé, Mankeur Ndiaye, Racine Talla sont des frères, Seydou Guèye est comme un coach pour moi, et Youssou Ndour a toujours veillé à mes choix de carrière. On avait participé à la fameuse aventure de Com7 avant, et il a été mon administrateur à Radio Nostalgie…

Justement, sa nomination comme ministre n’a laissé personne indifférent…

Du pur mérite et une leçon de persévérance à portée de n’importe quelle personne qui se bat pour s’en sortir. C’est en plus, un visionnaire. Il est déjà lui-même un produit de la culture, et il vendait la destination Sénégal rien qu’avec son nom. Donc, question tourisme, il a, à mon avis, une pleine mesure de la vitalité qu’on attend de ce secteur. Je lui fais farouchement confiance.

La RTS, qui est votre première maison, fait aussi parler beaucoup d’elle… vous en pensez quoi ?

Pour moi, l’heure du changement est pour tout et pour tous. Je pense que cette maison mérite un autre souffle, un profil plus jeune et moins étiqueté en termes de chapelle politique. La compétence dans ce cœur de métier doit être prioritairement de mise. Babacar Diagne aura marqué cette structure par la longévité de son passage, son dynamisme et son entregent naturel. Mais celui dont on parle en terme de remplacement, est un homme d’exception, humain, ferme et d’une grande générosité sociale. Excellent professionnel de surcroit ! Savoir partir est une qualité. Babacar Diagne ne peut pas donner plus que ça. Je lui souhaite une belle retraite ou un autre avenir dans le privé. Niit kou bakh leu ! (NDLR : c’est un type bien)

Que pensez-vous des enjeux de Com’ pour le nouveau pouvoir ?

Pressants, j’imagine ! Quand on a tout un pays à redresser, la tache ne peut qu’être rude et les Sénégalais ont atteint aujourd’hui une conscience politique qui exige à leur endroit une information par l’institutionnel en continu, pour ne pas brouiller leur grille de lecture. Il faut que la communication anticipe, impulse et que surtout les vainqueurs du 25 mars occupent plus stratégiquement l’espace médiatique. Mais avec El Hadj Kassé aux commandes et son dynamique confrère Abou Abel, je pense qu’ils vont staffer assez vite pour accompagner l’opinion dans la prise de conscience des vrais enjeux.

D’autres projets pour vous, à court terme…

Ah oui, là, comme à l’image du pays, j’ai envie de prendre un bon bain chaud car on avait bien pris froid ces dernières années… La sortie de mon second livre, qui scanne sociologiquement les entrailles du Sénégal ; j’hésite juste à le sortir à compte d’auteur ou à aller frapper chez mon grand frère Latif Coulibaly, ou ma sœur Ghaël Samb Sall qui sont deux grands éditeurs de la place. J’ai aussi le projet d’une grande émission politique intitulée «Des idées et des hommes», pour faire parler des Sénégalais de l’ombre avec des compétences avérées dans les secteurs de croissance de ce pays, et qui vont permettre de «casser» la clientèle usuelle des émissions Tv, parce que ce sont les mêmes qui passent toujours…

Un projet au-dessus des autres ?

Mon projet coup de cœur, c’est l’hommage combien mérité que je veux rendre avec certains de mes confrères et amis patrons de presse, à l’immense patriote Babacar Touré, mon père, mon mentor, mon icône, qui a formé des générations entières de journalistes. Il mérite de son vivant d’entendre nos cœurs battre pour lui et d’entendre nos «je t’aime». Dans ce pays, la reconnaissance est une rare vertu et elle ne se fait inviter qu’à titre posthume. Dans les valeurs à convoquer de nouveau dans ce pays pour forger les nouvelles alliances de cœur, il faut qu’on apprenne à faire des haltes de reconnaissance et à réaffirmer le «waw gor» des hommes d’exemple comme grand Bab’s.

On en profite pour prendre des nouvelles de vos jumeaux…

(Elle fait un grand sourire et pose une main sur son cœur). Un bonheur indicible ! La maternité m’a réconciliée avec le sens de la vie. Ils sont beaux, câlins, espiègles. C’est un miracle du destin pour lequel je rends Grâce à Dieu inlassablement !

BIGUE BOB

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