XALIMANEWS-Ces derniers temps, la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) déroule à satiété son jeu préféré, par médias et manipulations del’opinion publique interposés, en caricaturant et en dénigrantl’action du Ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises du Sénégal ainsi que celle des commerçants sénégalais dans la délivrance de Déclarations d’Importations de Produits Alimentaires (DIPA) et la vente de sucre sur le marché intérieur, qui seraient frauduleuses à ses yeux et mettraient en danger son existence. Le journal « Le Quotidien » N°5315 du vendredi 13 novembre 2020, par un tirage à sa une, dévoile une menace à peine voilée venant des dirigeants de la CSS en titrant : « Plombée par la contrebande, la CSS menace de fermer boutique ». Le Directeur des Ressources Humaines (DRH) de la CSS, en l’occurrence M. LOUIS LAMOTTE, accusedans les lignes de ce journal les fonctionnaires du Ministère du Commerce d’avoir délivré « complaisamment » (dixit) des DIPA aux commerçants sénégalais qui à leur tour, ont inondé de sucre le marché national. M. LAMOTTE laisse pernicieusement planer un doute sur le payement prochain des salaires des 8.000 ouvriers de la CSS, en conjecturant sur l’avenir de l’outil de travail et de production de ces derniers, à savoir l’usine même, menacée de disparition.
Selon M. LAMOTTE, la CSS serait aujourd’hui lourdement endettée, je le cite « à plus de 70 milliards de crédit à court terme auprès des banques. Si on ne vend pas nos produits tout de suite, ce n’est pas la peine de démarrer la campagne. Nous avons démarré avant-hier (mardi 10 novembre, Ndlr du « Quotidien »), mais nous sommes dans les dispositions de tout arrêter, parce qu’on ne peut pas produire et stocker alors que le marché est encore occupé par le sucre introduit ici par des traders » (fin de citation). Il déplore le fait qu’aucune banque de la place ne veuille plus accorder de crédit à la CSS, en ajoutant « ce qui ne s’est jamais produit dans ce pays, même au temps de WADE » (dixit).
La Ministre du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises du Sénégal, en l’occurrence Madame ASSOME DIATTA, lors du face à face organisé entre une partie dugouvernement sénégalais et la presse, le mardi 24 novembre2020, a démenti de manière formelle les allégations du dirigeant de la CSS, en apportant chiffres à l’appui des éclaircissements sur la configuration et le contenu du marché du sucre. Elle a d’abord rétabli un fait qu’il est important de retenir, à savoir, que toute la production sucrière de la CSS a été écoulée sur le marché national et a été entièrement achetée par les Sénégalais ! Mais c’est précisément parce que cette production de la CSS est largement insuffisante depuis d’ailleurs cinquante (50) années successives, que l’Etat a toujours autorisé la CSS et les commerçants sénégalais à importer le déficit de production de sucre. Une précision de taille de la Ministre est également, que les DIPA sont octroyées gracieusement sans contrepartie financière, pour la CSS aussi. Elle a fait savoir que le sucre mévendu dont se plaint la CSS, est plutôt une quantité de 20.000 tonnes qu’elle a importée et conditionnée, pour la revendrecomme à son habitude, sans y avoir apporté une quelconque plus-value.
Avant cette mise au point courageuse de la Ministre ASSOME DIATTA, son prédécesseur à ce poste, en l’occurrence le Ministre ALIOUNE SARR avait également eu maille à partir avec la CSS. Il avait en effet déclaré, que la CSS avait fait un bénéfice de 120 milliards pour son exercice 2017. A cela M. LAMOTTE avait violemment réagi, en déclarant dans un entretien dans le journal « Le Témoin », je le cite, que « le Ministre du commerce manipule gravement l’opinion » (fin de citation). Et d’asséner en direction du même Ministre de la République : « Si ses déclarations visent à embrouiller les Députés c’est grave, c’est très grave, si aussi ce sont ces informations qu’il donne aux autorités et sur la base desquelles les décisions sont prises, c’est de la manipulation ». Monsieur LAMOTTE pousse le bouton davantage, en accusant le Ministre de distribuer des DIPA « comme de petits pains » (dixit). La réponse du Ministre SARR ne se fit pas attendre, je le cite : « Nous sommes totalement insensibles aux provocations et aux bredouillis ».
Ces échanges burlesques entre un industriel et des Ministres de la République dans l’exercice de leurs fonctions régaliennes,sont véritablement choquants. Cette attitude paternaliste et dédaigneuse de la CSS envers l’Etat du Sénégal et ses représentants au plus haut niveau est récurrente et découle d’uncomplexe doublé d’une soumission, que nos dirigeants ont toujours affichés, depuis que le Président LEOPOLD SEDAR SENGHOR a bradé notre patrimoine à son ami JACQUES MIMRAN et lui a garanti un parapluie de protections, par l’entremise d’une « Convention d’établissement » et d’accords successifs d’exonérations léonines et scandaleuses, que tous les régimes successifs ont repris et couvé sans les remettre en question. Au lieu d’investir et de respecter ses engagements, la CSS s’est toujours arrangé pour présenter un déficit de production lui ouvrant la possibilité d’importer impunément et massivement du sucre revendu ici à prix d’or. On se rappelle encore de l’épisode rocambolesque du « sucre roux d’aspect blanchâtre », qui a été une arnaque restée sans suite, au nez et à la barbe de tout un peuple.
Les menaces et chantages quant à eux, ont jalonné notrecompagnonnage de 50 ans avec la CSS, et à chaque fois, l’Etat du Sénégal finit par céder et satisfaire les désirs de M. JEAN-CLAUDE MIMRAN ! Qu’on me comprenne bien, j’ai toujours été et reste naturellement et patriotiquement solidaire des travailleurs qui gagnent leur pain à la CSS, même si leurs conditions de travail sont déplorables, mais nous devons refuserqu’on les utilise comme des objets de troc en échange de traitements et de faveurs indus au détriment du contribuable et des commerçants sénégalais. Le débat sur les quantités de sucre à autoriser à l’importation au profit de l’UNACOIS ou de manière générale aux commerçants sénégalais, ne doit pas nous détourner de l’essentiel ni parasiter la réflexion et l’orientation des débats !
On doit maintenant autoriser les Sénégalais à poser desquestions auxquelles la CSS et l’Etat du Sénégal doivent apporter des réponses plausibles. D’abord, pourquoi la CSS, après 50 années de présence à RICHARD-TOLL et avoir héritédes excellents 6.000 hectares d’aménagements hydro-agricoles de la défunte Société de Développement Rizicole du Sénégal(SDRS) sans bourse délier, d’exonérations douanières et fiscales permanentes pendant toute cette période, n’arrive toujours pas àgarantir une autosuffisance en sucre aux Sénégalais, alors que ses rendements à l’hectare sont parmi les meilleurs au monde, par le génie des travailleurs sénégalais ? En effet, dans une récente étude, l’ISRA-BAME (Institut Sénégalais de Recherches Agricoles-Bureau d’Analyse Macro-économique) nous informe que la CSS réalise des rendements de 140 tonnes de sucre à l’hectare. Cette performance est appréciable, car au niveau mondial la moyenne est de 69,50 tonnes/ha ; même les premiers plus grands producteurs de sucre au monde, en l’occurrence le Brésil (1er) et l’INDE (2ème), n’en sont respectivement qu’à 70,6 tonnes/ha et 70,3tonnes/ha de rendement. Si comme l’affirme M. ALLA DIENG Directeur exécutif de l’UNACOIS (Journal « LiiQuotidien N°134 du 27/11/2020), la CSS ne peut produire que 100.000 tonnes de sucre sur une demande nationale de 200.000 tonnes, alors il faudrait plutôt s’interroger sur les causes réelles de cet échec patent, d’une société qui nous avait promis l’autosuffisance pour cette denrée de première nécessité.
Pourquoi devrait-on d’une part permettre à la CSS d’importer du sucre déjà raffiné sur le marché international, pour ne faire que le reconditionner à son nom et le mettre en vente au prix fort sur le marché et d’autre part fermer cette opportunité aux commerçants sénégalais par des barrières douanières et fiscalesinjustifiables ? Il faut également se demander, pourquoi le sucre importé sur le marché international par la Mauritanie et vendufrauduleusement de SAINT-LOUIS à BAKEL peut-il être acheté au marché de RICHARD-TOLL à 1750 FCFA les 5 kilos (c’est à dire à 350 FCFA/kg), alors que le sucre produit à RICHARD-TOLL même y est vendu à 500 FCFA le KG, et à 700 FCFA à DAKAR? Comment une société qui a fait 120 milliards de bénéfices lors d’un seul exercice (en 2017, selon l’ancienMinistre du Commerce ALIOUNE SARR), peut-elle du jour au lendemain devenir insolvable au point de ne plus bénéficier de la confiance de ses banques créancières de toujours ?
Nous sommes en droit de nous poser des questions sur la stratégie de la CSS, qui occupe présentement environ 30.000 hectares des terres les plus fertiles dans le département de Dagana pour n’en cultiver que 10.000 seulement. A quelle fin accapare-t-elle toutes ces terres avec la complicité de l’Etat ?Elle a fini de repousser les villages PEULHS vers l’intérieur du Ferlo sur des terres arides peu propices à l’élevage et à l’agriculture, en les abreuvant avec des bassins d’eau stagnante vecteurs de beaucoup de maladies pathogènes pour les animaux et les humains et en fermant les parcours de bétail vers la LAC DE GUIERS et la TAOUEY. Elle a également fini de faire du LAC DE GUIERS qui alimente une grande partie de la population sénégalaise en eau potable, l’exutoire par excellence pour ses eaux de drainage fortement polluées par les engrais chimiques et les pesticides. Les ressources halieutiques du WALO et l’environnement du bassin du LAC DE GUIERS et du fleuve Sénégal en souffrent terriblement.
Notre ancien Ministre de l’Economie et des Finances, feu MAMOUDOU TOURE (Paix à son âme) avait posé à juste raison la question de l’utilité de la CSS dans le tissu économiquenational, ce qu’elle coûtait réellement aux contribuablesSénégalais et était arrivé à la conclusion sans appel, qu’il était plus profitable pour le Sénégal de se passer de cette société et d’importer son sucre du marché international.
Alors, il faut que la CSS arrête de faire chanter les autorités sénégalaises par la menace de fermeture de l’usine de RICHARD-TOLL, afin d’obtenir toujours des faveurs indues ! A cet égard, il est impératif de publier le contrat d’établissement et les différents accords que les gouvernements successifs ont signés avec elle, pour que le peuple souverain en soit informé. Si on les cache, c’est qu’il y a anguille sous roche. Faire chanter tout un peuple avec 8.000 emplois dont la majorité est d’ailleurs précaire et juste temporaire pendant la récolté de la canne, est tout simplement indécent. En réalité, la CSS n’emploie pas 8.000 permanents, mais seulement 3.000, les 5.000 étant des saisonniers coupeurs de canne que nos parents PEULHS appellent avec un peu d’ironie les « Thiopê Less » (coupezcourt).
Le journal « La lettre du continent » dans ses parutions des 17, 18 et 19 novembre 2020 nous révèle, je le cite : « Il faut dire qu’à côté de l’or, le sucre est devenu un loisir pour JEAN CLAUDE MIMRAN » (dixit). Il nous révèle aussi que les MIMRAN se tournent maintenant vers l’or de SABODALA devenu la première source d’exportation du Sénégal, en étant l’actionnaire majoritaire de TERANGA GOLD qui non seulement exploite SABODALA, mais possède en outre des mines d’or au Mali et au Burkina Faso. La création d’une société appelée TABLO CORPORATION basée à PANAMA -Paradis fiscal- est un jalon déterminant dans la stratégie des MIMRAN. Cette même « Lettre du continent » a déjà mis au grand jour l’intention de MIMRAN de vendre la CSS de RICHARD-TOLL, après avoir vendu la CBAO aux Marocains et Les Grands Moulins de DAKAR aux Américains. Des bénéfices faramineux et plus faciles espérés avec l’or, au lâchage de de la CSS en y préparant l’opinion sénégalaise par des sorties médiatiques de victimisation, il n’y a qu’un pas, qu’il n’est pas besoin d’être un devin pour franchir allègrement.
Avec les 30.000 hectares que la CSS occupe dans le département de DAGANA et dont elle n’exploite que le tiers, on pourrait, avec l’avènement d’une révolution verte à l’image de l’INDE, du BRESIL ou de la THAÏLANDE, créer en un temps record, des centaines de milliers d’emplois permanents pour les jeunes au Sénégal, atteindre définitivement notre autosuffisancealimentaire en riz et autres céréales, et concomitamment freiner en grande partie le phénomène d’émigration des jeunes vers l’Europe.
Notre attention devrait se focaliser sur le débat del’indépendance économique de notre pays, dans un contextecaractérisé par un processus de phagocytose de cette économie nationale par des sociétés à fort capital étranger ou détenues en grande majorité par des étrangers. Dans pareille situation, la nomination à un poste de Ministre-Conseiller d’une personnalité réputée être le « bras droit » de M. MIMRAN, n’est pas de nature à rassurer les acteurs économiques sur la neutralité de l’Etat sénégalais. Restons particulièrement vigilants !
Pr. ALIOU DIACK
Secrétaire Général du Parti
M.P.-R.D.A.-KEMET
(Mouvement Panafricain pour la Renaissance et la Dignité de l’Afrique KEMET)