Le ministre des Forces armées, Bécaye Diop, président de la fédération Pds de Kolda, a convoqué, hier, les cadres casamançais pour récupérer Dakar et le remettre dans le giron libéral, sans en convier le patron des Libéraux dans le département, Pape Diop. Mais, interpellé par les journalistes, il s’est défoulé sur «la presse nauséabonde».
Bécaye Diop, ministre des Forces armées, s’est fixé un nouveau challenge : «Ramener Dakar dans le giron libéral.» Autrement dit, réussir là où Pape Diop et Cie ont échoué. Pour atteindre «ce noble objectif», il a sa petite idée consistant «à mobiliser les 600 000 électeurs ressortissants de la Casamance naturelle, les faire inscrire et voter à Dakar». Ce qui justifie la mise en place d’une structure dénommée «le Collectif des libéraux de la Casamance naturelle», dont il a lancé officiellement les activités, hier, à la Permanence Mamadou Lamine Badji, en présence de Abdoulaye Faye. Dans ses plans, Bécaye Diop avait prévu de faire adhérer à son idée toute la galaxie libérale de la Casamance, comme il l’a lui-même laissé entendre dans sa note introductive. «Nous avons convoqué l’ensemble des ressortissants de la Casamance naturelle. Nous avons demandé aux différents responsables de convoquer un certain nombre de personnes pour qu’on puisse mettre les commissions afin d’organiser un meeting des cadres libéraux ressortissants de la Casamance.» Pour ce qui est des responsables, il n’aura eu droit qu’à des seconds couteaux, inconnus du paysage politique. Et quand on lui fait la remarque, M. Diop laisse éclater sa colère : «Abdoulaye Baldé et Innocence Ntap, ce sont mes jeunes frères. Abdoulaye, à la limite, je peux même dire que c’est mon complice.» Avant de tout mettre sur le dos de la presse : «Si vous cherchez des problèmes là où il n’y en a pas… ; vraiment, ne soulevez pas de problème là ou il n’y en a pas. Si vous voulez maintenant nous créer des problèmes, prenez la radio et dites-le ! En tout cas, nous n’avons pas de problèmes.» Puis, il ajoute : «Les militants savent que quand Bécaye parle, c’est Abdoulaye Baldé qui a parlé ; c’est Keïta et vice-versa. Il n’y a aucun problème et il ne saurait y avoir de problèmes ; c‘est clair ? Malgré ses charges, vous avez vu que Khoureissy est venu, (la séance venait d’être levée). C’est le frère aîné qui a parlé. Nous sommes complices en tout. Abdoulaye est ailleurs où il est en train de parler à mon nom. Je ne peux pas être partout, comme lui ne peut pas être partout. Voilà !»
La même posture nerveuse de défense sera empruntée, quand Bécaye Diop est interpellé sur la non-invitation de Pape Diop. «Je suis en parfait accord avec pape Diop et Mamadou Seck. Ce sont mes amis ; nous travaillons ensemble. En Casamance, la tradition veut que quand on travaille et qu’on veut que ce même travail aboutisse, on n’a pas besoin de faire du bruit. Nous les Casamançais, nous ne faisons pas de bruit. C’est le résultat qui compte.» Idem, sur une question relative à «la guerre en Casamance». «Quelle guerre ?», tente-t-il d’abord d’esquiver. «La mort des sept militaires la semaine d’avant et de deux autres avant-hier», lui rétorque-t-on. Alors Bécaye Diop marque une longue pause, comme s’il se faisait violence pour contenir sa colère. «Ecoutez-moi, je suis venu faire de la politique au Quartier général. Si vous avez besoin d’autres informations, surtout quand elles sont militaires et qu’elles concernent la sécurité de l’Etat, vous vous adressez à mon cabinet ou à la Dic.» Puis d’allumer une cigarette et d’enfumer «son» monde.
A signaler que le confrère de Walf, Pape Cheikh Sylla, a boudé la réunion. A la fin de l’allocution du ministre d’Etat, le journaliste chuchote quelque chose à son oreille. Piqué par on ne sait quoi, le ministre bondit et crie à tue-tête : «Je ne suis pas venu pour vous ; je suis venu pour la politique et non pour la guerre en Casamance ! »
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