SlateAfrique – Comment vous jugez votre opposition? Est-ce que vous discernez dans l’opposition des gens intéressants?
A.W. – Non. L’opposition, ce sont mes contemporains qui étaient dans le parti de Senghor. Et comme j’ai battu le Parti socialiste, ils sont partis renforcer l’opposition. Ils doivent considérer comme nous que notre vie politique est derrière nous. C’est ça la tragédie de l’opposition. On reproche au président Wade de n’avoir pas d’héritier, mais les partis d’opposition n’ont pas d’héritier. Nous n’avons pas du tout la même conception du pouvoir. Aussitôt que j’ai gagné, ils ont voulu m’imposer un pouvoir collégial. Je suis un président, comme un chef, comme le chef de l’Etat français. Je voulais que chacun soit à sa place. Car ma vie d’étudiant m’a montré que dans les mouvements de gauche, c’est toujours la bagarre au sommet. Cette démocratie-là, elle est paralysante.
SlateAfrique – Certains opposants disent que votre héritier, c’est votre fils.
A.W. – Ils le disent, mais je n’ai pas d’héritier. Je n’ai jamais dit que mon fils devait me remplacer, ça c’est une invention des mauvaises langues. Personne ne met en cause sa compétence, il est banquier, il est financier, mais si je lui ai confié le brûlot de l’énergie [il est ministre d’Etat chargé de l’Energie, ndlr], c’est parce que je sais qu’il peut réussir et qu’il doit réussir. Si je voulais qu’il me remplace, je lui aurais confié des ministères plus faciles, comme la finance ou l’économie ou la diplomatie, mais je ne l’ai pas fait.
Je ne sais pas comment sont formatés les cerveaux des dirigeants de l’opposition. Ils ont présenté un projet de loi qui stipule que ne peuvent pas se présenter à la présidentielle les parents et alliés, les descendants jusqu’au septième degré. De quelle malédiction sont atteints les fils de chef d’Etat? Tous les fils de chef d’Etat ne sont pas des incompétents. Un fils de chef d’Etat est un citoyen comme un autre. Suis-je plus bête que Bush père ou Bongo père? Si j’avais voulu installer mon fils, j’aurais pu le faire. Quand je vous dis qu’il est là pour travailler et non pas pour me remplacer, il n’y a pas de raison pour que vous ne puissiez pas me croire. Moi, je ne serai plus au pouvoir au moment où mon successeur sera élu. Je ne vais pas organiser moi-même l’élection de mon successeur.
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