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Abdourahim Agne, Adama Sall et Sada Ndiaye perdent Matam : La retraite des dinosaures

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La perte du pouvoir des Libéraux a occasionné une nouvelle redistribution des cartes à Matam. Et les Législatives ont consacré l’émergence de nouvelles personnalités promues par Macky Sall, mais toutes d’illustres inconnus. La vieille garde, représentée par les icônes Abdourahim Agne, Sada Ndiaye et Adama Sall, est envoyée à la retraite. Le Quotidien retourne sur les pas de ces trois géants de Matam.
Abdourahim Agne, Adama Sall, Sada Ndiaye. Ces noms retentissaient dans les bruits de marché, les grand’places et les palabres de Matam. Trois des symboles politiques qui ont fait la pluie et le beau temps dans cette région. Ils ont défendu le drapeau socialiste et imprimé leur nom sur les murs des bâtiments jusqu’en 2000. Ils ont arboré les couleurs du Pds et drainé du monde au seul service de Abdoulaye Wade. 2012 a sonné la fin de ces mythes foutanké auréolés d’une assise politique certaine de Bosséa à Damnga en passant par Nguénaar, des contrées aux traditions royales. L’opulence et la personnalité de Agne, Sall et Ndiaye avaient épousé des privilèges d’Almamy. Mais voilà que depuis le 25 mars 2012, et avant d’ailleurs, les trois sont tombés de leur fauteuil.
Petit à petit, Macky Sall et son Alliance pour la République prennent le pouvoir. Aux Locales de 2009 déjà, sous la bannière de Benno siggil senegaal originel, ils avaient récupéré certaines collectivités locales, comme Bokidiawé, traditionnellement «pouvoiristes». Exit vingt à trente années de privilèges sous Senghor, Diouf et Wade. Place à de nouveaux maîtres de l’Apr Seydou Diallo, Farba Ngom, Mariam Ab­doulaye Dème, Daouda Dia.
A la recherche d’une majorité pour consolider son jeune pouvoir, Wade, en bon promoteur, se lance dans un recrutement sans précédent de barons socialistes de ce qui était le département de Matam. Pour certains d’entre eux, il tend la carotte de la transhumance, après avoir convaincu les Sénégalais que tous les socialistes sont responsables de la mauvaise gestion. Pour d’autres, il brandit, comme un procureur le bâton, qui leur tombera sur la tête s’ils ne lui font pas gagner -le Fouta étant alors majoritairement socialiste- aux Législatives de 2001. Une stratégie qui s’est avérée payante puisque Matam ou encore Podor tombent dans l’escarcelle libérale.

AGNE VA-T-IL DEJEuNER CHEZ MACKY ?
Il doit son rang au Parti socialiste (Ps) jusqu’en 2000 à sa force de frappe politique. Sa capacité de mobilisation et son avantage de tribun hors pair que lui reconnaissent ses ex-camarades. Et les adversaires de ce porte-parole du Ps à l’époque le redoutaient au point d’envoyer le «meilleur» des leurs, Idrissa Seck, capable de résister ou de lui renvoyer ses gifles et petites phrases assassines. Une marque chez lui. Il accompagnera la nouvelle opposition dirigée par Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse jusqu’en 2005 avec son G10, avant de jouer la carte de la témérité. Sa déclaration lors d’une tournée à Kaolack appelant à la résistance, qualifiée d’appel à l’insurrection lui vaudra quelques semaines de prison. Chemin vers le pouvoir, comme le croyait dur comme fer Idrissa Seck. Sauf qu’il ne sera pas au sommet mais il se contentera de postes ministériels jusqu’en 2009. Ce qu’il n’a jamais eu sous le régime de Diouf. Au motif d’une démission pour des «raisons personnelles», il met en berne sa ligne politique pour se consacrer à autre chose. En pleine précampagne pour la Présidentielle, alors que les alliés du Pds peinent à remobiliser leurs troupes dispersées par les 23 et 27 juin 2011, son silence suscite des interrogations. Mais il confie à l’endroit de ceux qui le voyaient déjà sauter du navire libéral : «Qu’est-ce que je peux prouver encore à mon âge ?»
La réponse est venue le 25 mars 2012, lorsque Macky Sall et ses alliés ont supplanté un «baobab» nommé Parti pour la réforme (Pr), enraciné dans les villages de la région de Matam. Et jusque dans les vérandas décorées de ses portraits. Déjà aux Locales de 2009, Abdourahim Agne avait perdu son bras droit, Baydalaye Kane, ancien président de la communauté rurale de Bokidiawé. Une collectivité partagée entre pulaar et soninké. Bien qu’il reste encore un des rares leaders à détenir une part considérable de conseillers dans la région de Matam.
Mais encore, les Législatives du 1er juillet ont décidé que Agne prenne sa retraite politique sous la bannière de la liste Taaw. Sans un seul député. Du moins selon les résultats provisoires de la Cour d’appel. Même pas une chance de gonfler son creux ventre avec les «restes», comme en a profité son compagnon d’hier, Djibo Leyti Kâ.

ADAMA SALL, L’IMAM DES TRANSHUMANTS
A l’arrivée de Abdoulaye Wade au pouvoir, il était difficile de résister à l’épée des audits ou de s’éloigner des ors du pouvoir pour des habitués. La psychose des arrestations d’anciens directeurs de société, envoyés pour certains, en prison, ouvre la porte de la transhumance au nouveau pouvoir qui cherche appui, en sentant le départ de ses alliés des Fal. Ce contexte était défavorable à Adama Sall, épinglé par des audits dans sa gestion. Condamné par l’opinion publique, il se rend… aux Libéraux. Sans résistance. Et échappe à la guillotine promise par Wade.
Pris dans les mailles de ce refuge, le Pds, en fin stratège, Adama Sall revient au pouvoir avec des postes ministériels dans divers gouvernements de Wade. Mais, la poisse de la mauvaise gestion ne le lâche pas. Si ce n’est pas lui qui est accusé d’être impliqué dans une histoire de foncier à Diamalaye, c’est un de ses collaborateurs de son ministère qui est épinglé dans une histoire de marchés dans l’Hydraulique. Sall n’est pas né de la dernière pluie… politique et s’investit à recouvrer une nouvelle virginité en tenant sa base de Matam et jouant la carte Génération du Concret du fils du prédécesseur de Macky Sall. C’est ainsi que pour le 11ème sommet de la Conférence islamique en 2008, il mobilise ses troupes et, en «religieux», organise des journées de prières dans les mosquées pour Karim, que les imams appelaient solennellement «Abdoul Karim». Quelques mois après, les relations entre Macky Sall, alors président de l’Assem­blée nationale et Abdoulaye Wade prennent un coup de froid, à la suite de la convocation du fils par le premier aux fins d’audition sur la gestion de l’Anoci. Sur ce différend Macky-Wade, Adama Sall interpellé par la presse, répondait : «Qui est Macky ? Je ne le connais pas ; c’est juste un halpulaar comme moi.» C’est tout.
Pourtant, c’est ce même Adama Sall qui, sentant l’ouragan du changement dévaster la puissance libérale, a lavé sa cuillère pour, après avoir mangé aux tables socialiste et libérale, s’inviter au mets beige-marron de Macky Sall. Il fait partie des premiers transhumants dans l’entre-deux tour de la Présidentielle. A la différence près que pour cette fois-ci, son intégration ne va pas passer comme lettre à la poste, se heurtant au refus des militants apéristes . Il commente au­jourd’hui sa nouvelle posture : «C’est une bonne chose qu’il y ait un changement de génération. Le département et la région en ont besoin ; les jeunes doivent davantage être impliqués et je les soutiendrai. Le reste, c’est entre les mains de Dieu.»

SADA NDIAYE, et «sa» loi
Sada Ndiaye fait partie de ses «fils» de Matam dont les noms riment avec politique. Tout comme Adama Sall, il dépose ses baluchons au Parti démocratique sénégalais pour échapper au glaive des audits de 2000.
Il séjournera d’ailleurs à Rebeuss pour sa gestion douteuse, au Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), rapportée par la Cour des comptes. Quelques mois plus tard, il hume l’air, mais au prix d’une adhésion garantie au Pds. Mais surtout d’un lobbying pointu de marabouts du Fouta qu’ils entretenaient. Mais au-delà de ce sauvetage dont il a bénéficié, il s’offre une place dans le parti et fait partie des «incontournables» de Matam, à côté de Abdourahim Agne et de Adama Sall.
A la faveur de la montée en puissance de Macky Sall qui prend les postes de Idrissa Seck, Premier ministre et numéro 2 du Pds, il se rapproche de son oncle qui lui fait confiance jusqu’à l’Assemblée nationale. Mais les intérêts politiques ont horreur de la parenté. Le neveu met tout de côté et accepte de porter le «coup de couteau» de Wade qui va assommer Macky Sall : la loi Sada Ndiaye qui écourte le mandat du président de l’Assemblée nationale de 5 à 1 an, qui l’enlève du Perchoir. Un succès qui lui a valu la récompense de ministre du Travail jusqu’à l’Alternance du 25 mars 2012. Mais à l’autre bout de la rive, Nguidjilone y voit un «meurtre sur ascendant». Que même un éventuel rapprochement de l’Apr et de son leader ne réparera. Interrogé par Le Quotidien, Sada Ndiaye répond laconique : «No comment. Je ne peux pas faire des commentaires, surtout au téléphone.»
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