Le Sénégal qui tarde à tenir ses engagements sur le procès de l’ancien dictateur tchadien Hissene Habré, continue de subir des pressions de toute sorte. Dernière en date, une pétition signée par de nombreuses personnalités dont les prix Nobel Desmond Tutu et Shirin Ebadi. Par Mame Woury THIOUBOU
ImageLa pression s’accentue sur le Sénégal pour un jugement rapide de Hissène Habré. En effet, à quelques jours du Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, prévu du 25 au 27 Juillet prochain à Kampala, d’illustres personnalités du monde ont signé une pétition pour demander au gouvernement du Sénégal et à l’Union africaine «de progresser rapidement dans l’organisation du procès de Hissène Habré».
Issue de 117 organisations africaines de défense des droits humains domiciliées dans 25 pays, la pétition a aussi été signée par deux prix Nobel de la paix, le Sud Africain Desmond Tutu et l’Iranienne Shirin Ebadi. Ces illustres personnalités ne sont pas les seules à avoir signé la pétition, puisqu’on y retrouve également des personnalités sénégalaises comme Serigne Mansour Sy Djamil, l’abbé Léon Diouf, Me Jacques Baudin, le rappeur Didier Awadi, ou encore Bara Tall et les professeurs Abdou Aziz Kébé et Amsatou Sow Sidibé.
Il y a quatre ans déjà, l’Union africaine donnait mandat au Sénégal de faire juger le dictateur qui, de 1982 à 1990, a présidé aux destinées du Tchad. «Un régime de parti unique, marqué par de graves exactions ainsi que par des campagnes d’épuration ethnique», dénoncent les pétitionnaires qui demandent que justice soit rendue aux 12 321 victimes de violation des droits humains recensées,?dont 1 208 personnes assassinées ou mortes en détention.
«Les victimes du régime de Hissène Habré luttent sans relâche depuis 20 ans pour que justice leur soit rendue et de nombreuses victimes sont finalement décédées», poursuit la pétition qui met la lenteur de la procédure sur le dos des autorités sénégalaises. Le Sénégal est ainsi accusé de traîner les pieds dans ce dossier qui a connu de nombreuses péripéties depuis la première inculpation de Hissène Habré en 2000. Après que la Justice sénégalaise s’est déclarée incompétente, c’est le manque de moyens financiers que le Sénégal a invoqué pour expliquer les lenteurs notées dans la procédure. Et les engagements de l’Union africaine et de l’Union européenne d’apporter leur appui au Sénégal n’ont toujours pas porté leurs fruits, puisque la pétition conclut?: «Il n’y a toujours pas eu d’accord définitif sur le budget final, après des années de discussions autour de la question.» La pétition adressée au Sénégal et à l’Union africaine est signée par des organisations de la société civile africaine, notamment des organisations de défense des droits humains au Tchad et au Sénégal ainsi que la Fondation sud-africaine pour les droits de l’Homme.
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