Accidents de la circulation :le fatalisme déroutant qui prévaut face à l’hécatombe sur les routes du Sénégal. (Par Aliou Ndao FALL)

Date:

29/10/2020 – 16 morts dans un accident de la route : Toutes les victimes étaient à bord d’un bus en partance pour Mpal, pour la célébration du Mawlid

14/01/2021-02 morts et 05 blessés graves, bilan de l’accident survenu sur l’axe Linguere- Matam ;

03/08/2021-11 morts  entre Ndioum et Tarédji (Guédé Chantier) a fait 11 morts dont 7 femmes, 

11/08/2021-7 morts sur Ila Touba axe Bambeye – Diourbel ;

15/08/2021- 4 morts écrasés dans un Taxi par un camion fou au plein cœur de Kaolack ; 

Le fatalisme déroutant qui prévaut face à l’hécatombe sur les routes du Sénégal est d’autant plus incroyable qu’elle se double d’un refus obstiné de chercher des  solutions.  Les accidents de la circulation sont un problème d’ampleur  croissante sur le territoire sénégalais et de manière générale sur  le continent africain. Ils font chaque jour près  d’un millier de morts et des dizaines de milliers de blessés, sans parler des pertes économiques considérables qu’ils  occasionnent. Il se trouve qu’au Sénégal le sous-secteur des transports routiers est caractérisé par un déficit structurel de l’offre de par rapport à la demande sans cesse croissante. La vétusté des parcs  et une sécurité routière  insatisfaisante, occasionnent tous les jours de nombreux accidents de la route dont les coûts humains et économiques sont très lourds. Selon les estimations  de l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS) au  Sénégal, chaque année plus de 600 morts sont enregistrés et les facteurs humains sont responsables à 80% d’après les autorités de la sécurité routière. Courses poursuites, excès de vitesse, surcharge, état défectueux des véhicules, sont entre autres les causes de ces nombreux accidents mortels qui ont fini de créer un sentiment d’insécurité routière chez la population. Notre pays est devenu le théâtre d’accidents particulièrement meurtriers et spectaculaires partout sur l’étendu du territoire national, notamment en zone urbaine. On se demande bien à quoi servent les règlements et les campagnes de sensibilisation si les mesures prises par les autorités ne sont pas appliquées. L’indiscipline des motocyclistes et des automobilistes, qui font un pied de nez au Code de la route, est source de dangers quotidiens. C’est devenu hélas une banalité. Et ça ne semble gêner personne, pas même les policiers et gendarmes, qui font des contrôles de papiers sporadiques, ignorant superbement l’état du véhicule, l’équipement ou le comportement du conducteur . Les blessés et les morts s’accumulent. Au-delà de l’ampleur des accidents graves, c’est le fatalisme avec lequel on tourne vite la page par un apaisant « Paix à son âme », ou « Qu’Allah l’accueille en son paradis » qui est déroutant. Nous vivons désormais deux sortes de pandémie, celle avec le variant Delta  et celle meurtrière des accidents sur les routes. 

Certes nous sommes tous responsables (État, chauffeurs, piétons, auto-écoles, policiers, usagers) et nous devons tous agir pour sauver des vies et ne plus avoir peur de sortir dans les rues, sur la route ou de voyager. Et nous avons besoin d’une sécurité sur tous les plans. Mais ce sont surtout les autorités, locales comme nationales, qui doivent faire plus d’effort. Les initiatives sous régionales prises par nos états en matière de sécurité routière, doivent êre respectées et appliquées. Au niveau locale, il y’a lieu de tenir des CRD  (élus locaux, transporteurs, usagers et administration territoriale) une fois tous les six mois par exemple, pour d’une part, rappeler les mesures et règlements dans ce sens, et d’autre part, faire le bilan afin d’en tirer des enseignements pour des préventions dans  le domaine de la sécurité routière. La réforme du parc automobile doit être plus que d’actualité depuis le temps qu’on en parle. À ce sujet on a tendance à se limiter seulement aux « Ndiaga Ndiaye et Cars Rapides » quand on parle de réforme du parc. Même si ces deux catégories  de véhicules de transports sont incontestablement les plus à risque, on doit  reconnaître que les camions transporteurs de marchandises, tout comme les Bus « horaires » font aussi énormément de dégâts. Les contrôles techniques, il faut le dire haut et fort, laissent vraiment à désirer. Il serait mieux de libéraliser le Contrôle technique vers des prestataires avec un cahier de charges rigoureux et respectant les normes internationales en matière de sécurité routière. Le secteur du transport  regroupe trois activités essentielles :1-Transports de personnes  (appelé communément transport en commun ) ; 2- Le Transports de marchandises et Transport de messageries. Par conséquent, chacun de ses sous secteurs, doit avoir une réglementation particulière en ce qui concerne d’abord, la création d’entreprise, ensuite le personnel roulant. Dans les pays développés pour créer une entreprise de transport, une Capacité professionnelle est demandée, plus une expérience professionnelle, ensuite une demande d’agrément déposée à la Préfecture. C’est dire qu’au préalable, le chef d’entreprise lui même doit avoir de solides références  dans le secteur. Mais en Afrique c’est  plus une question de moyens. J’ai mes économies, j’achète : un Taxi, un Ndiaga Ndiaye, un Bus  ou un camion et je demande un agrément. Quant au personnel roulant, à l’image des propriétaires, aucune formation n’est requise pour être conducteur d’un véhicule de transport. On trouve en activité beaucoup de jeunes conducteurs inexpérimentés, dont les patrons  exigent un rendement exorbitant qui les pousse à prendre des risques considérables mettant ainsi en péril la vie des usagers. Il y’a lieu d’assainir en profondeur ce secteur certes vital pour notre économie, mais aussi qui aujourd’hui représente un réel danger pour la vie de nos populations.

Ambassadeur

Aliou Ndao FALL

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