L’arrivée en août dernier, au Sénégal, de Marines américains de la base aérienne de Moron, en Espagne, était la matérialisation de la phase active d’une stratégie américaine bien mûrie à Washington où l’administration Obama cherche à positionner et à rééquilibrer la présence stratégique des Etats-Unis en Afrique.
Dans un contexte de lutte contre les djihadistes, une importante présence militaire a progressivement pris forme en Afrique, avec une multiplication d’opérations impliquant des troupes américaines ou de leurs drones à partir de sites africains. En 2013, les responsables de la défense ont injecté 200 millions de dollars dans la construction de leur base du Camp Lemonnier à Djibouti. C’est cette installation militaire américaine qui est souvent utilisée comme base d’opérations pour contrer la présence d’Al-Qaida dans la péninsule arabique au Yémen, mais aussi pour lancer des opérations en Afrique de l’est, notamment dans la lutte contre le mouvement Al-Shabab, en Somalie.
Mais les stratèges du Pentagone sont persuadés que les forces militaires américaines seront davantage appelées à effectuer beaucoup d’opérations et des interventions dans un futur très proche dans la bande du Sahel. Ils pensent que le Sénégal est le meilleur endroit pouvant servir de rampe de lancement pour de telles interventions militaires qui les rapprocheraient du théâtre des actions.
John Campbell, le Doyen de l’Institut Ralph Bunche d’études stratégiques pour l’Afrique, est l’une des têtes pensantes du think tank Foreign Relations de New York, un Institut américain mondialement réputé pour ses analyses de la politique étrangère des États-Unis et la situation politique mondiale. Selon lui, l’importance de l’accord signé avec le Sénégal est qu’il est « essentiellement le second du genre ayant formalisé de façon publique une présence militaire américaine en Afrique et à l’autre bout opposé de sa première base.
Ce qui a toute son importance car, là où les troupes américaines basées en Espagne et en Italie peuvent facilement atteindre le nord de l’Afrique et le Maghreb, les forces américaines qui vont opérer à partir du Sénégal, quel que soit leur nombre, peuvent très rapidement intervenir dans des pays comme le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Burkina-Faso, qui sont tous des pays avec des risques imminents de subir des attaques djihadistes ».
Sauf que l’intérêt de Washington à étendre sa présence militaire et à renforcer sa coopération en matière de sécurité et de défense avec les pays africains, notamment le Sénégal, cache des enjeux encore plus stratégiques, selon Karina Piser, du World Politics Review qui a fait une analyse de cet accord dans cette revue. Selon elle, « l’Administration américaine considère l’Afrique sahélienne comme la zone d’influence américaine à ne pas laisser tomber sous le giron de la Chine, grand concurrent des Etats-Unis dans ce vaste marché africain des matières premières et de la mondialisation « .
Le Pentagone considère donc qu’en ayant des positions militaires dans les pays comme le Sénégal, les Etats-Unis disposent d’un autre levier d’influence sur les Etats africains contrairement à la Chine, que les Américains dépeignent déjà comme leur prochain plus grand concurrent dans la région. Il s’agit donc pour Washington d’empêcher que la Chine ait un quelconque moyen de pression dans ces pays de l’Afrique de l’ouest et du Sahel. En un mot, « il faut empêcher les Chinois de se doter d’une autre capacité à influer sur les Etats africains, en les limitant à ne faire que du commerce et des affaires sous le regard de Washington », selon Karina Piser.
EnQuête
Totalement d accord. Voilà une analyse sérieuse et pertinente. Y ajouter aussi l’influence de la Russie a torpiller avec les pays africains.
Il ya aussi les recentes decouvertes de gaz et de petrole au Senegal notamment par le groupe americain Kosmos Energy. Les usa anticipent car au Senegal il y aura encore plus d’americains qu’auparavant.
Et les Français? Ce n’est pas leur zone d’influence, le Sénégal? Comment se fait il que les Américains doivent s’en occuper?
Les americain sont de vraient profiteur faut pas que nos autorites aceptent les propos