L’accusation de la défense a vraisemblablement été une pilule amère pour le Procureur général près la Cour suprême. Mamadou Badio Camara a précisé hier, à l’entame de l’audience sur le rabat d’arrêt, que personne ne lui a «tordu le bras» et que la requête est la sienne.
La sortie des avocats de Karim Wade sur le rabat introduit par le Procureur général près de la Cour suprême n’a pas plu à ce dernier. A l’audience sur l’examen de ce même recours hier, en chambres réunies, Mamadou Badio Camara a d’emblée précisé, reprenant les mots de la défense, que Me Sidiki Kaba ne lui a pas «tordu la main». Le magistrat s’est défendu de l’accusation d’être le «bras armé» du ministre de la Justice. Il insiste : «La procédure de rabat d’arrêt a été formulée de ma propre initiative, de mon propre chef. J’ai moi-même formulé la requête. Ce n’est pas la requête du ministre (de la Justice).» Pour lui, cela peut paraître surprenant, mais c’est dans l’ordre normal des choses. Le Procureur général a d’ailleurs rappelé qu’il a une compétence, conformément à l’article 51 de la loi organique n°2008-35 du 7 août 2008 portant création de la Cour suprême, qui lui confère le droit de déposer une requête en rabat d’arrêt.
Son «intime conviction» est que la Cour suprême a été induite en erreur. C’est pourquoi, dit-il, une requête en rabat d’arrêt de la décision de renvoyer la question de l’inconstitutionnalité de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) devant le Conseil constitutionnel a été initiée. «J’ai agi conformément à la loi. Je n’ai pas besoin qu’on me demande d’aller demander l’application de la loi. Cette procédure n’est pas dirigée contre une personne, mais contre une décision entachée d’erreurs de procédure», précise M. Camara.
Halte à la diversion que les débats de fonds commencent afin que les sénégalais soient édifiés sur la culpabilité ou non de Mr Wade Karim