Pygmalion de plusieurs générations de chanteuses, le sympathique Père Ouza tient désormais son héritière avec Adiouza qui fait montre de capacités réelles. Ethnomusicologue, elle est auteur de belles compositions, vidéos et prestations scéniques. Sa beauté et son sourire font le reste.
La bande Fm et les télévisions sénégalaises passent depuis quelques semaines maintenant « Samba Mbalakh », le dernier opus clipé de Adja Kane Diallo de son vrai nom. Contrairement à là compréhension qu’on peut en avoir, il s’agit pas d’un homme, Samba féru de Mbalakh. Mais, le fruit d’une expérience vécue par la jeune dame pendant ses recherches au Brésil. Elle en fait une chanson, combinant le Mbalakh à la samba qui fait fureur pendant le traditionnel carnaval de Rio de Janeiro, une des capitales brésiliennes.
La démarche est académique, digne d’une grande intellectuelle, sachant rapidement traduire ses sensations. Le contraire aurait certainement surpris venant de cette fille de famille musicienne. Avec un père et un frère musiciens, une mère longtemps manager, Adiouza est presque née rythmes dans les oreilles et micro à la main.
Bercée dans l’ambiance de toutes ces sonorités qui dans la maison familiale elle avait déjà son chemin tout tracé. Une condition lui a été cependant exigée par le pater : réussir dans les études. Elle sera ethnomusicologue, mai s’inscrit également en cours de solfège, de piano, batterie et guitare. Adiouza acquiert une grande connaissance de la musique, comme a pu en attester sa carte d’identité auprès du public sénégalais, le titre « Mbeguel » réadaptation du célèbre Carmen, opéra comique français créé en 1875. Tout était beauté dans cette chanson : les rythmes, les paroles, les chorégraphies dans le clip. Ce fut également le cas pour les titres suivants : «Madou », « Borom Gaal » et plus récemment « Samba Mbalakh ».
Là où beaucoup d’héritiers et d’héritières de musiciens peinent à décoller, Adiouza s’est vite fait un nom. Qu’elle veut différent de celui de son père. « Mon père est celui qu’il est, moi je suis ce que je suis », martèle-t-elle à l’occasion. Si le père a brillé par une thématique contestataire l’opposant aux régimes politiques, la fille elle, parle d’amour, de femmes, de faits de société, d’émigration clandestine, etc. Et les résultats donnent satisfaction.
L’année dernière par exemple, Adiouza a remporté deux prix au Sunu Music Awards, Révélation et Meilleur Artiste Féminin. Une double récompense, assez inhabituelle, qui avait d’ailleurs alimenté les critiques contre la manifestation. Mais la reconnaissance du talent de la jeune dame était sans fioritures. Elle fait partie aujourd’hui des rares de sa génération en mesure de prendre des initiatives et de les mener bien. La plupart se confiant dans une position de « produits » gérés par leur entourage.
Enfin une héritière pour le Père Ouza »
On peut dire sans se tromper que le Père Ouza tient enfin sa véritable héritière dans la chanson. Après avoir vu des générations de femmes passer sous son aile protectrice et partir après. La liste est longue depuis les années 70, « Ouza et ses Ouzettes » à « Génération 6 h »avec Khar Mbaye, Fatou Talla Ndiaye, « Les filles branchées » avec Touty, Maty Thiam Dogo, Boundaw Samb, « Les Ndiagamares »Mamy Sané et Fatou Guéye, etc.
Le « patriarche de la musique sénégalaise » reprenait sans se lasser. Avec Adiouza, il peut légitimement prendre le recul tant souhaité et se consacrer notamment à son projet MAM (Musique Aide Musique) pour encadrer davantage de jeunes, comme il le fait du reste si bien. Ce qui lui en avait fait le directeur de l’ensemble lyrique de Sorano en 1982.Adiouza l’héritière, apporte un souffle nouveau et le pan pouvant servir à la formation du grand orchestre familial son frère Cheikh Lô Diallo pouvant faire des merveilles aux claviers et à la batterie.
Maïmouna Diallo (stagiaire)
Thiof Magazine via Galsentv.com