L’affaire Barthélémy Dias va semer un réel malaise, si ce n’est pas déjà le cas, dans les rangs de l’opposition réunie autour de la coalition Mankoo Wattu Senegaal.
Malick Gackou et ses alliés auront du mal à définir une attitude claire face à une session prochaine de levée de l’immunité parlementaire du jeune socialiste à l’Assemblée et à son futur procès au tribunal. Et pour cause !
Barthélémy Dias est certes socialiste, mais il s’est démarqué de la ligne travée par le Bureau politique du parti favorable au Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng.
C’est un ancien allié sûr de Macky Sall qui n’hésite plus à critiquer la politique ainsi définie par l’actuel président, avec des mots parfois très durs. En somme, le socialiste a rejoint le camp de Khalifa Sall, le Maire de Dakar dont on connait les accointances avec l’opposition du fait de l’aile dure du parti qu’il incarne, laquelle revendique ouvertement la candidature à la présidentielle prochaine et plus insidieusement, la cessation de la collaboration de leur parti avec le président Sall.
Donc, de facto, Khalifa, Barth et consorts sont plus proches de l’opposition que du pouvoir. Ils sont, en réalité, dans la coalition qui est consciente de cet état de fait. Cette dernière leur a déjà réservé un fauteuil virtuel dans leurs rangs. Ils savent que leur ralliement est imminent et que c’est juste une question de temps. C’est un secret de polichinelle, la frange dissidente du Parti socialiste va se présenter aux législatives et aura un candidat en 2019.
C’est pourquoi, cette opposition a l’obligation de soutenir Barth, un leader politique dont ils savent qu’ils peuvent compter sur lui du fait de sa tonitruance. Ils devraient d’ailleurs depuis longtemps affirmer ce soutien, ne serait-ce que pour une justice équitable dans le but de montrer qu’ils sont avec le socialiste.
Toutefois, ils hésiteront à le faire pour une raison fondamentale, c’est que toute la ligne de défense de Dias est articulée autour de la nécessaire comparution des commanditaires et des témoins. Cette
exigence, exprimée avant-hier seulement par Me Aïssata Tall Sall, avocate, député, mais surtout camarade de parti et de conviction de Barth, vise, de facto, les membres de l’ancien parti au pouvoir qui est le Parti démocratique sénégalais (Pds).
Or, il se trouve qu’actuellement, le Pds se trouve justement au sein de Mankoo Wattu Senegaal dont il est un membre très actif.
Si la coalition de l’opposition soutient Barth, elle peut heurter les libéraux dont le parti est statistiquement le plus important de cette coalition. Car, les commanditaires dont parle Dias sont à chercher du côté de ce camp qui était le seul à avoir intérêt à s’en prendre au jeune opposant qui était alors le Maire de Mermoz- Sacré Cœur.
C’est pourquoi Wattu Senegaal joue la carte de la neutralité, même s’ils sont nombreux les leaders à dénoncer un procès politique.
Justement, on peut se demander, à ce propos, si le président Sall avait fait le calcul de non seulement neutraliser Barthélémy Dias qui commençait à agacer, mais aussi semer la discorde au sein de la nouvelle coalition de l’opposition.
Car, tout indique que ce procès ne sera pas seulement celui du Maire soupçonné du meurtre de Ndiaga Diouf. Il sera aussi celui de ses commanditaires qui avaient envoyé des nervis s’attaquer à ce dernier. Or, comme tout ce beau monde est pratiquement dans les rangs de l’opposition, c’est le pouvoir qui se frotte les mains.
C’est dire qu’en soulevant la question des commanditaires, Barth et Aïssata jouent involontairement le jeu du pouvoir, à moins de viser, aussi, certaines personnalités qui ont transhumé pour rejoindre le nouveau pouvoir.
(Source : Dakarmatin)