Affaire des bébés décédés à l’hôpital Abass Ndao : la bactérie de l’intox – Pour l’instant, 11 victimes dûment – répertoriées entre le 06 et le 20 mars

Date:

Rebelote avec le drame des bébés morts à l’hôpital Abass Ndao de Dakar, au cours de ce mois. Après les multiples développements et autres démentis de la direction, Le Quotidien tient à énumérer ci-dessous les noms des bébés morts par l’infection à la salmonella. Histoire de conforter ses écrits selon lesquels ce germe introduit dans la crèche par un agent a produit une véritable hécatombe qui, malheureusement, ne semble indigner personne. Surtout pas les responsables de l’hôpital, qui jouent avec les chiffres, pour minimiser l’impact de la mort de ces bébés, qui venaient juste de naître.

Salimata Fall, Chérif Hatabe Haï­dara, Dior Sarr, Madoune Fofana, Fatou Ndione, Awa Diémé, Astou Faye, Marième Soda Bâ, Maï­mou­na Dieng et Astou Lô (maman de jumelles). Ces noms sont tous des bébés ou bien pour certains d’entre eux des identifications de bébés morts dans la crèche de l’hôpital Abass Ndao de Dakar, durant ce mois de mars. A l’exception de Marième Soda Bâ, qui a rendu l’âme à l’hôpital Aristide Le Dantec le 20 mars, après une hospitalisation de plus d’une semaine (du 28 février au 06 mars) à la pédiatrie d’Abass Ndao, le reste y a bien succombé après une infection à la salmonella.

Le bébé Salimata Fall a rendu l’âme le vendredi 11 mars 2011, celui de Hatabe Haïdara, le vendredi 18 mars, les deux jumelles de Astou Lô (l’une est déclarée morte le mardi 8 mars, alors qu’elle l’était déjà le dimanche 6 mars, l’autre l’a suivie le mardi 15 mars). Pour le reste, nos sources jurent qu’ils sont décédés durant le vendredi 11 mars. C’est ainsi, pas moins de 9 bébés qui sont répertoriés, comme ayant perdu la vie, à cause de la salmonellose. Ce ne sont ni 3 comme le soutient la direction de l’hôpital Abass Ndao encore moins 4 comme l’auraient souligné les enquêteurs de la Dic, dans leur rapport exploité, hier, par nos confrères de L’As.

LES INCONGRUITES D’UNE ENQUÊTE

Ce qui ne souffre d’aucune ambiguïté dans cette affaire, c’est que les bébés morts des causes de cette infection, durant la période du 1er au 24 mars, dépassent de loin les chiffres avancés. A la lecture de la liste citée plus haut, il n’est donc pas superflu de soulever certaines inquiétudes relativement à la manière dont les différentes investigations sont menées dans le service de néonatologie de l’hôpital Abass Ndao.

Par devoir de vérité et surtout pour la mémoire des bébés morts à cause d’une infection, toutes les mères de famille qui ont séjourné dans ledit service, surtout durant la période évoquée ci-dessus, devaient être entendues. Ces femmes à qui Le Quotidien a rendu visite, pour certaines, ont des choses à dire (lire par ailleurs un autre témoignage). Leurs propos ne sont pas moins importants que ceux soulevés par les responsables de l’hôpital, qui n’ont naturellement fait que tirer la couverture sur eux.

Car, en plus d’avoir perdu leurs bébés, certains de nos interlocuteurs éplorés s’étranglent du fait d’avoir dépensé une belle fortune en termes d’ordonnances, au moment où les nouveau-nés étaient encore sous masque respiratoire. Comme c’est le cas du papa de Marième Soda Bâ, qui a acheté, pour une valeur de 100 000 francs en médicaments, alors que sa fille était à deux doigts de rendre l’âme. Selon ce père, qui a encore joint Le Quotidien hier, un médecin lui a clairement signifié que son enfant a été atteint par un microbe au cours de son hospitalisation dans la pédiatrie. Ce que les responsables de l’hôpital, et de l’Institut Pasteur qui a procédé à des examens approfondis, ont confirmé.

Soit les enquêteurs n’ont pas eu accès à tous les documents attestant de la mort de ces bébés, ou bien ils n’ont pas eu le temps d’approfondir leurs recherches. Mais en aucun cas, les responsables de l’hôpital ne peuvent être «lavés» dans cette histoire, d’autant plus qu’ils ont eu à reconnaître qu’une bactérie meurtrière s’est invitée dans la crèche, qui a même subi une cure de désinfection.

CONFIDENCES DE ASTOU LO, MAMAN DE JUMELLES DECEDEES : «Je savais qu’il se passait quelque chose de bizarre»

 

Encore une victime de la pédiatrie de l’hôpital Abass Ndao qui brise le silence, pour raconter sa mésaventure. Mais contrairement aux autres, la dame Astou Lô a perdu deux bébés presque simultanément. Ainsi, avec la découverte de la salmonella à la pédiatrie où étaient hospitalisées ses filles, elle dit avoir compris maintenant, parce «qu’il se passait quelque chose de bizarre dans ce service», durant tout le temps où elle était là-bas en compagnie d’autres mamans.

«Je m’appelle Astou Lô, j’ai accouché à la maternité de l’hôpital Abass Ndao, le vendredi 4 mars 2011 entre 2h et 3h du matin. L’une des jumelles était bien portante, avec une taille normale, tandis que l’autre présentait quand même quelques insuffisances, du point de vue de son poids. Mais les samedi 5 et dimanche 6 mars, j’ai été les allaiter normalement, sans aucun problème. Seulement, le mardi 8 mars, quand je suis revenue pour leur donner le sein, on m’a appris que l’une, c’est-à-dire celle qui est née avec des insuffisances de poids, était sous sonde, parce qu’elle n’allait pas bien. C’est l’autre seule, que j’ai pu allaiter ce jour-là. Ce bébé mis sous sonde, je ne l’ai revue que deux jours après, avant qu’elle ne rechute encore. Par contre l’autre, j’ai eu à l’allaiter jusqu’au samedi suivant, sans aucun problème. C’est le mardi 15 mars, quand je m’inquiétais vraiment du sort de ma fille mal en point, en demandant de ses nouvelles, que la secrétaire du service m’a demandé d’appeler mon mari. C’est ce jour-là que j’ai compris qu’un malheur lui est arrivé.»

«ILS N’ONT PAS DIT LA VERITE SUR LA DATE DU DECES DE MA PREMIERE FILLE»

«Les responsables du personnel ont, par la suite, informé mon mari du décès de la première pour des «raisons liées à sa maladie». Mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est qu’ils n’ont pas dit la vérité sur la date exacte du décès. En réalité, le bébé était mort depuis le dimanche 13 mars. Seulement, ils voulaient profiter de la poche de mon mari qui, durant tout le temps que les bébés étaient à la pédiatrie, achetait tous les jours 10 couches pour elles. Il a acheté au total, près de 80 couches pour rien.»

«MON MEDECIN TRAITANT AVAIT ATTIRE MON ATTENTION…»

«Pour l’autre bébé, c’est le jeudi 10 mars qu’ils nous ont annoncé sa mort, alors qu’elle se portait comme un charme. Moi, je n’ai jamais eu de problèmes de ce genre, auparavant. Tous mes enfants sont nés avec une taille normale. Pour la première fille, je pouvais comprendre, mais pour la deuxième, je n’arrive toujours pas à croire qu’elle est morte, comme ça. Mais pendant que la première était mal en point, j’ai dit à mon médecin traitant qu’elle avait complètement changé de couleur. Elle était devenue jaune. C’est ce médecin qui avait alors attiré mon attention, en me disant qu’il y a une infection dans cette pédiatrie. Ce qui ne m’a pas surprise, vu la manière avec laquelle les agents nous éloignaient de nos bébés. A un moment, je me disais qu’il y a quelque chose de bizarre dans cette pédiatrie.»

«JE NE M’ETAIS PAS TROMPEE SUR LA MORT SUSPECTE DE MES ENFANTS»

«J’ai lu les témoignages de la dame Salimata Fall dans votre journal. C’est vrai, ce qu’elle a dit. On était ensemble avec d’autres femmes, mais pendant une bonne semaine, pratiquement, les agents nous ont empêchées de nous approcher des enfants. On ne pouvait les allaiter, ni les voir.

Après les décès, j’ai dit à mon mari que tout cela était vraiment bizarre. Et qu’un jour ou l’autre, je saurai la vérité sur ce qui est arrivé à mes bébés. Même pas deux jours après, j’ai entendu les bruits dans les médias. C’est ainsi que j’ai dit que je ne m’étais pas trompée sur la mort suspecte de mes enfants.»

 

lequotidien.sn

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

[Video] Incendie à Walfadjri TV : Le studio principal prend feu

XALIMANEWS-Le studio principal de Walfadjri a pris feu. Les...

Enquête / Scandale financier à la Chambre de Métiers de Sédhiou : les révélations accablantes de l’Ofnac

XALIMANEWS-Dans son rapport de 2023, l'Office national de lutte...

Saccage de l’ambassade du Sénégal au Canada : la justice canadienne reconnaît la légitimité de « l’acte » des accusés

XALILANEWS-La justice canadienne reconnaît la légitimité de "l’acte" des...