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AFFAIRE GADIO : Ce que disent les Pv du FBI

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XALIMANEWS : Selon les Procès-verbaux obtenus par Libération, c’est en octobre 2014 que Chi Ping Patrick Ho et Cheikh Tidiane Gadio se sont rencontrés au siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à New-York. Monsieur Ho a demandé à l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise d’obtenir – comme il l’a signalé dans un mail au patron de la China nationa Petroleum corporation (CNPC), au cœur du scandale – une « attention spéciale et le soutien » du Président du Tchad, Idriss Deby, concernant « les problèmes auxquels les compagnies énergétiques chinoises sont confrontées dans ce pays. Cheikh Tidiane Gadio a accepté de rencontrer rapidement le président tchadien afin d’organiser une réunion avec une délégation de la compagnie d’énergie.

« A la réunion de l’ONU, j’ai rencontré un vieil ami, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Il s’appelle Dr. Gadio »

Dans un courrier électronique adressé à la CNPC, le même jour, Chi Ping Patrick Ho écrit : « A la réunion de l’ONU, j’ai rencontré un vieil ami, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Il s’appelle Dr. Gadio. Je l’ai rencontré en toute confiance et lui ai fait part de notre implication dans la société chinoise au Tchad et j’ai souhaité obtenir l’aide du Président pour résoudre le problème. Dr. Gadio a accepté de nous aider. Il a appelé le Président au téléphone et a pris rendez-vous avec lui. Immédiatement après sa rencontre avec le Président, Gadio m’appellera pour confirmer la date de notre rencontre avec Deby, qui se tiendra probablement au milieu de la semaine prochaine ».

Et, effectivement vers la fin du mois d’octobre 2014, le leader de Luy Jot Jotna a rencontré Deby. Dans un mail envoyé à Chi Ping Patrick Ho, il affirme avoir promis au Président tchadien « une aide financière secrète ou très confidentielle pour ses campagnes politiques. »
Gadio a rapporté qu’en échange, Idriss Déby a déclaré qu’il était ‘’prêt à reconsidérer’’ sa décision d’annuler le permis de la China State Oil Company au Tchad ». Quelques jours plus tard, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal envoie un autre courriel à son interlocuteur avec la mention ‘’Urgent’’ : « Comme promis, nous y voila, mon cher ami ».

Ce dernier a joint au mail un document intitulé ‘’Rapport après la rencontre avec [le Président du Tchad]’’. Dans la note, il a déclaré qu’il avait eu une réunion « réussie » et que le Président tchadien a été « impressionné » par l’offre des Chinois. Enfin, signale-t-il que Deby lui a effectivement affirmé qu’il comptait retirer le permis détenu par Chinese State Oil mais qu’il n’allait plus le faire.

« Comme promis nous y voilà mon cher ami », écrit l’ancien ministre sénégalais

Le président tchadien a d’ailleurs proposé de rencontrer la délégation de la compagnie énergétique dans la capitale du Tchad, mais Cheikh Tidiane Gadio a suggéré de se retrouver dans un village au… milieu du désert « pour que les ennemis et les lobbyistes » ne leur mettent pas des bâtons dans les roues.

Le 22 octobre, surprise, Patrick Ho écrit à l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise : « Nouveaux développements et surprise. Au moment où nous préparons le voyage, notre partenaire [la Compagnie pétrolière nationale chinoise] nous a informés que leur problème au Tchad a été largement résolu ! Le gouvernement tchadien a conclu et signé un accord avec eux pour régler les problèmes. HO a explique que la compagnie d’énergie «rejoindrait [la compagnie pétrolière d’Etat chinoise] dans le projet au Tchad». Il déclare que puisque le voyage au Tchad n’est plus une urgence, ils pourraient plutôt se rencontrer d’abord à Hong Kong pour «fortifier notre relation» avant de rencontrer le Président du Tchad. Le lendemain, Gadio répond : « C’est absolument étrange… J’ai peur que quelqu’un joue contre vous ou contre moi ».

N’empèche, c’est finalement à la mi-novembre que Chi Ping Patrick Ho et Cheikh Tidiane Gadio se rendront au Tchad en compagnie des dirigeants de la CNPC. Lors de la rencontre, Idriss Déby a offert à la compagnie d’énergie la possibilité d’obtenir certains droits au Tchad sans avoir à traiter avec le département dédié ou d’autres fonctionnaires.

Le Tchad en poche, l’ancien ministre des Affaires étrangères envoie un mail à monsieur Ho quelques jours plus tard : « Il faut donner un bon paquet au Président ! ».

« C’est étrange, j’ai peur… », « Il faut donner un bon paquet au Président »…

Le 18 novembre 2014, le chef de l’ONG envoie un courrier électronique à M. Gadio, le remerciant pour sa contribution à la réussite du voyage au Tchad et lui demande s’il avait eu des nouvelles du Président Déby entre temps.

Dans la foulée, il assure que la compagnie allait lui payer 100.000 dollars. La somme semble dérisoire si on sait que Déby devait recevoir 2 millions de dollars. Et le fils de Gadio, qui est directeur à l’Institut panafricain de stratégies (IPS), ne manque pas de faire la remarque à son père dans un mail intercepté par les enquêteurs : « Nous devons élaborer des stratégies par rapport à ce que nous pouvons gagner dans ce marché. 300 ou 500.000 dollars, c’est raisonnable à mon avis. Je suggère que nous demandons 2% sur tous les contrats que nous leur ferons gagner. »

Vers le mois de décembre 2014, Chi Ping Patrick Ho a écrit une lettre au Président du Tchad exprimant le désir de la compagnie d’énergie de faire un don de 2 millions de dollars à celui qui serait [personnellement] à sa disposition pour soutenir des programmes sociaux et autres. Il enverra d’ailleurs la lettre à Cheikh Tidiane Gadio pour correction.
L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise leur renverra la version relue et reformulée : « En sa qualité de bon ami du gouvernement et du peuple tchadiens, [la Compagnie de l’Energie] exprime son vœu sincère et son soutien au développement du Tchad. Pour ce faire, nous voudrions faire un don de 2 millions de dollars US au gouvernement du Tchad pour la création d’un fonds de développement, afin de démontrer l’amitié profonde entre nous et le Tchad. Ce fonds sera mis en place en donnant plein pouvoir à Votre Excellence Monsieur le Président pour le développement de l’économie nationale et le bien-être de la population dans une variété de domaines. Nous espérons que votre Excellence Monsieur le Président acceptera ce don au nom du gouvernement et du peuple du Tchad. »

Le 12 janvier 2015, M. Gadio a transmis la lettre corrigée à un individu que le FBI a identifié comme étant un ministre du Tchad.

« Je suis très surpris de votre proposition de payer 100.000 dollars », un don pour les activités politiques du patron de Luy Jot Jotna Dans la foulée, l’ancien ministre de Wade exige que le montant qui doit lui être donné soit revu à la hausse.
Et il le dit par mail à monsieur Ho : « Je dois avouer que je suis très surpris de votre proposition de 100 000 $ US pour les premières réalisations de notre cabinet de conseil pour [la compagnie d’énergie] dans les opérations au Tchad. Les résultats de nos rencontres avec le président ont dépassé les attentes puisque le travail acharné de notre cabinet a permis [à la compagnie d’énergie] d’offrir des blocs d’exploration et d’exploitation et d’autres possibilités.
Par conséquent, je crois que nous devrions recevoir au moins 500 000 $ US, étant donné que la valeur d’opportunité totale accordée à [la compagnie d’énergie] par [le cabinet] est de plusieurs millions de dollars. En outre, il est difficile de comprendre un cadeau de 2 millions de dollars au Président et seulement cent mille dollars à l’animateur qui a rendu tout cela possible.»

C’était le 5 février et le même jour, le secrétaire du chef de l’ONG informe Gadio que son offre est acceptée. C’est ainsi qu’il a proposé de lui verser un montant global de 400.000 dollars dont 100.000 dollars sous forme de « don » pour soutenir ses activités politiques au Sénégal ; 100.000 autres dollars pour « le suivi du dossier au Tchad » et 200.000 dollars pour son cabinet. Ces 200.000 dollars ont d’ailleurs virés dans un compte de l’IPS le 25 mars 2015.

Le juge fixe la caution à 1 million de dollars, Gadio conteste les faits

Le nom de Cheikh Tidiane Gadio n’apparaît pas dans le volet ougandais de ce scandale. Selon les informations de Libération, l’ancien ministre des Affaires étrangères a contesté en garde à vue les faits. Il dit avoir été régulièrement payé pour les services rendus par son cabinet.

« Mon client est très surpris par les charges retenues contre lui. C’est une personne intègre qui a un cabinet spécialisé rémunéré après service », affirme par mail Robert Baum, l’avocat américain de Gadio qui n’aurait perçu que les 200.000 dollars payés à son cabinet sur la base d’un contrat. L’ancien chef de la diplomatie sénégalaise qui a été placé sous mandat de dépôt, fera face encore au juge ce mercredi pour espérer une assignation à résidence même si le magistrat a d’ores et déjà fixée la caution à un million de dollars.

2 Commentaires

  1. Le sénégalais est un habitué de gestes de délinquant économique « nouyou mouride » à un tel niveau que l’on pense que c’est dans l’ordre naturel des choses ! Rappel le geste du grand mouride abdoulaye wade avec le fonctionnaire de la BM ! La corruption active est devenue un fait culturel développé par les talibés mourides.

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