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Affaire Karim Wade – Choc de stratégies, en attendant …mars

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Six mois après l’ouverture du procès le plus médiatisé du Sénégal, l’horloge de Thémis prend une cadence bien endiablée. Le camp de Karim Wade a fini de fourbir ses armes, alors que celui du pouvoir dévoile pour la première fois, ce qui pourrait ressembler à une stratégie de communication. Mais selon des sources dignes de foi, toute cette frénésie n’est que la résultante d’une dynamique qui devrait boucler ce feuilleton judiciaire au plus tard au mois de mars prochain.

Les avocats de Karim Wade semblent avoir cerné les contours du problème qu’ils jettent bruyamment l’éponge, à travers un communiqué publié dans la presse jeudi 22 janvier dernier. Dans le document en question, ils disent ne pas vouloir s’associer à une parodie de justice. ‘’Le Président Henri Grégoire Diop confirme que dans ce procès, le verdict est déjà écrit. La défense n’a donc plus le choix : elle doit refuser à la fois de participer à une parodie de justice et d’associer sa signature à cette page la plus sombre de l’histoire judiciaire du Sénégal’’, lit-on, à la fin du document signé par un pool de 26 avocats.

Réponse des ‘’avocats’’ de l’Etat à qui l’on a reproché de ne jamais parler, un communiqué a été faxé hier dimanche 25 janvier dans les rédactions. Le document démonte cette fois l’argumentaire des avocats de Karim Wade, en relevant que ‘’la décision du prévenu Karim Meïssa WADE de ne plus comparaître, privant du coup ses avocats de parole, n’est rien d’autre qu’une étape de plus dans sa stratégie d’évitement et de tentative de décrédibilisation du procès’’. Et que ‘’les Sénégalais et l’opinion internationale attendent du prévenu Karim Meïssa Wade qu’il réponde aux témoignages accablants qui l’accusent d’être à la base de la création d’une vingtaine de sociétés incriminées dans l’affaire en cours et créées dans les domaines aéroportuaire, portuaire, financier, immobilier et automobile et dont la plupart sont logées dans des paradis fiscaux’’. (Voir page 8).

Pour les avocats de l’Etat, le jeu est clair car ‘’si au départ le prévenu Karim Meïssa WADE, comme il le prétend, était convaincu que « le verdict est déjà écrit », pourquoi il aura attendu plus de cinq mois pour boycotter l’audience ? Certainement il s’est rendu compte que l’on ne peut sécher la mer avec des éponges’’, ironise-t-on. Et de prédire que la vérité (fille du temps) … finira par éclater au grand jour et le droit dit’’. La stratégie semble coordonnée puisque Me Yérim Thiam qui était l’invité d’Oumar Gningue à la RTS, dans ‘’Point de Vue’’, va rappeler que Karim Wade n’est un ‘’ultra-citoyen’’.

« Si monsieur Wade et les avocats décident de ne pas assister au procès, on ne va pas arrêter le procès pour leur faire plaisir », a fait savoir l’invité d’Oumar Gning avant de s’interroger : « Pourquoi ferait-on cela pour Karim Wade parce qu’il est fils d’un ancien président alors qu’on ne le ferait pas pour des voleurs de poule ? » Pour Me Thiam, si les avocats de Karim Wade ne veulent pas se présenter au tribunal, Wade fils peut bien commettre d’autres avocats d’autant plus que le juge lui a laissé le temps à cet effet. Un autre argument qu’il base sur la loi stipule que la Cour peut designer des avocats d’office.

Abordant la question de la violation des droits de la défense souvent brandie par les avocats de Karim Wade, l’avocat de la partie civile dira que ces derniers ne donnent jamais d’arguments. Bien au contraire, fait-il remarquer, « ils posent toujours les mêmes questions qui n’ont rien à voir avec le procès. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine de leur refus de se présenter ». Pour Me Thiam, « les preuves sont en train de s’amonceler ». Une manière pour lui de dire qu’ils fuient le procès.

Batailles de stratégies

Ces joutes qui se passent bien loin des salles d’audiences du Palais de justice révèlent de nouvelles stratégies, mûries de part et d’autre. Pour certains de nos interlocuteurs, le fils de l’ex-président Wade et ses conseils ont boudé pour ne pas être confrontés aux témoignages à charge de Coumba Diagne, Ely Manel Diop, Mathiaco Bessane. Le dossier serait en train d’entrer en zone de turbulence qu’il est sans doute plus aisé pour lui de n’avoir pas à répondre.

Il s’y ajoute que beaucoup de magistrats ne comprennent pas la propension de l’ex-ministre et de ses proches à trop s’épancher sur le fait que le montant présumé du préjudice soit passé de 694 milliards à 117 milliards. D’ailleurs, pour la partie civile, quelle que soit la somme, un enrichissement illicite constitue un délit et c’est à la fin du procès seulement que le préjudice sera déterminé. Sans nul doute que ces allégations sont battues en brèche par la défense qui accuse les juges de ne pas œuvrer dans le sens de rendre une bonne décision de justice.

Les conseils de Wade-fils en veulent pour preuve le fait que Pape Alboury Ndao soit le dernier (97ème) témoin à être entendu. Compte tenu de cette situation, les ‘’robes noires’’ restent persuadées que si la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) était mue par le souci de découvrir la vérité, elle aurait entendu l’expert-financier parmi les premiers témoins. Surtout que sur les 117 milliards attribués à Karim Wade, il y a les 47 milliards de francs Cfa du compte de Singapour que le témoin aurait découverts.

En tout cas, Alboury Ndao en personne a confié à des proches que sa casquette d’expert-comptable ne lui permet pas de polémiquer, mais que la vérité jaillira bien. Ses avocats trouvent en tout cas bizarre que le camp de Karim Wade, malgré tout le bruit qu’il fait, ait demandé six fois le renvoi de cette affaire comme s’il n’était pas pressé de voir la vérité jaillir…, ironise-t-on.

Sur les 117 milliards, Me Thiam fait une précision de taille : « Si les Sénégalais s’attendent à trouver ces 117 milliards en liquide, ils se trompent », expliquant que le patrimoine n’est pas constitué que d’argent. D’ailleurs sur le montant en question, il estime que ce sera à la Cour de déterminer le montant définitif. Il explique qu' »en matière pénale, le juge voit ce qui converge et ce qui diverge », ajoutant que « les preuves peuvent être des documents, des appréhensions, des témoignages ».

Plusieurs dossiers s’imbriquent

Dans tous les cas, le bras de fer en est à son épilogue. Le temps ne semble plus être aux discussions souterraines, comme cela semblait être le cas il y a quelques mois. Le dossier va donc être jugé. Et sans doute l’affaire du bus incendié de Dakar Dem Dikk risque de corser l’addition. Le comportement du Parti démocratique sénégalais (PDS), où les forces anti-Karim et celles qui lui sont favorables semblent se neutraliser, est en tout cas très surveillé.

Me Abdoulaye Wade, depuis ses dernières attaques (Mittal et PétroTim), est bien silencieux pour les temps qui courent, bien que son fils ait été rudoyé, avec en plus une grève de la faim (suspendue par la suite). Le Pds a lui-même reporté la marche qu’il comptait tenir, après avoir pris les conseils de Me Wade. C’est dire qu’avec l’accélération de la cadence du procès, les choses vont aller très vite. Pas seulement au niveau judiciaire, mais aussi au plan politique, où des forces tapies dans l’ombre n’attendent que le verdict pour…abattre leurs cartes.

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4 Commentaires

  1. Trois ans d’accusations et d’enquêtes, avec la presse des 100 et tous les moyens d’un état.
    Trois ans qui nous les font voir passer d’une conférence de presse d’accusation de 700 milliards à une accusation sans conférence de presse de 117 milliards.
    Trois ans qui nous les font voir incapables de nous fournir la moindre pièce à conviction, pas de relevés d’un compte de Karim à milliards, pas un quelconque document bancaire, par l’écrit ou l’enregistrement d’un responsable de ces banques, pas une attestation de virement, rien.
    Trois ans qui nous installent dans la certitude que nous aurons un procès à « paroles à conviction » en lieu et place des pièces à conviction.
    Et quelles paroles ? Des témoins réunis, ceux qui disent que Karim n’a rien fait sont menacés par le président qui est dit neutre. Les autres qui disent que Karim a fait, qui sont-ils ? La CREI dit que telle société appartient à Karim, avec sa force, elle saisit ses sociétés et choisit des administrateurs provisoires pour ces sociétés, et nous présente ces administrateurs provisoires comme témoins qui viennent dire que Karim est bien le responsable. Des témoins qui sont des employés du tribunal qui les fait témoigner (C T Ndiaye, Mamadou Diop, Eli Manel Diop). Dans le Sénégal de Macky, on a certes compris que les choses vont à l’envers, certains l’ont presque accepté. Un cœur est devenu une institution. Mais alors, que ces témoins de la justice de Macky (qui ne peuvent être témoins nul part au monde) tiennent quand même un langage cohérent avec les faits.
    Cheikh Tidjane Ndiaye dit qu’il n’est pas actionnaire, que c’est un bien de Karim Wade. La justice sénégalaise avait enregistré sa plainte avant ce procès, une plainte où il réclame des actions à Vieux Aïdara. On lui présente une lettre qu’il a écrite et signée pour proposer la vente de ses actions, avant ce procès. Sa seule parole, aujourd’hui, contre sa parole d’hier et des documents qui le contredisent.
    Et aujourd’hui, un juge et un pool d’avocats osent nous dire qu’ils tiennent la vérité, au regard de tout ce que nous avons vu durant ces trois ans, sur la base de ces « témoignages »-ci.
    Moi, je pense que ces gens là on une petite idée de nous.

  2. Témoignage de Cheikh A. T. N’diaye, expert en aéronautique : «AHS était une société privée qui avait beaucoup d’avantages»

    Témoignage de Cheikh A. T. N’diaye, expert en aéronautique : «AHS était une société privée qui avait beaucoup d’avantages»
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    Le témoin Cheikh Ahmed Tidiane N’diaye, ex-Directeur de la Sécurité de la Société AHS-Sénégal, a été auditionné ce lundi par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI).
    Répondant aux questions du substitut au procureur spécial, Antoine Félix Diome, le témoin Cheikh Ahmed Tidiane N’diaye, expert en aéronautique, a confirmé l’intégralité de sa déposition devant la Commission d’instruction.
    Aussi, pour répondre à la série de questions du prévenu Mamadou Pouye, le témoin dira que selon lui, AHS était une société privée qui avait beaucoup d’avantages. «Est-ce que vous savez que d’autres structures de la place bénéficiaient des mêmes avantages?», a enchaîné le co-prévenu de Karim Wade. Le témoin précisera que c’est seulement la société où il travaillait qui l’intéressait…
    «Karim Wade avait- il un prête-nom dans la société AHS-Sénégal?», demandera Mr Pouye. Réponse du témoin: «J’en ai entendu parler, mais aujourd’hui je ne peux pas en apporter la preuve; en tant qu’administrateur, vous êtes le seul à pouvoir répondre à ces questions…»

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