La brouille ayant entraîné la rupture diplomatique entre le Sénégal et l’Iran a accouché au moins d’une chose : la Gambie a effectivement reçu des armes de l’Iran. Une confirmation donnée par la vice-présidente gambienne interpellée sur la question par le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang.
La Gambie a demandé, l’Iran a fourni, des soldats sénégalais ont été tués. Le schéma est on ne peut plus clair à présent, si l’on sait que les balles qui ont récemment ôté la vie aux soldats sénégalais en Casamance sont iraniennes. Une situation qui place le Sénégal devant ses responsabilités lui qui a payé les pots cassés dans cette affaire avec la mort de seize soldats en Casamance, depuis fin décembre dernier. Dakar va-t-il durcir le ton face au voisin historique qu’est la Gambie ? La question mérite d’être posée puisque, aujourd’hui, l’origine des armes sophistiquées utilisées par les rebelles casamançais lors de leurs dernières attaques semble de plus en plus claire dans les esprits. La seule équation sur cette affaire reste la date de livraison de ces armes sachant que dans les réponses fournies par la vice-présidente gambienne au ministre Madické Niang, la demande d’armes a été faite par la Gambie depuis 2005. La vice-présidente n’a, tout de même, pas manqué de préciser que ces armes ont été acquises pour des raisons de ‘sécurité intérieure’. Mme Issatu Njie Seydi, tels que ses propos ont été rapportés hier par le ministre sénégalais des Affaires étrangères face à la presse, a expliqué : ‘Dans le cadre de certaines activités de sécurité, la Gambie avait demandé à l’Iran en 2005 de l’aider en dotant ses forces de sécurité intérieure des moyens qui leur permettront d’assumer pleinement leurs missions. Et c’est effectivement ainsi que des armes ont été reçues de l’Iran’.
Le ministre sénégalais de poursuivre que l’Iran, de son côté, a également confirmé ‘avoir livré des armes à la Gambie’. Désormais donc, le Sénégal sait à qui demander des comptes dans cette affaire qui a entraîné la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran. Et là-dessus, note Madické Niang, le problème ne saurait être traité ni par lui ni par le Premier ministre du Sénégal mais ‘par le président de la République Abdoulaye Wade et son homologue Yakhya Jammeh ’. Une rencontre entre les deux présidents devrait se tenir dans les prochains jours et certainement un langage de vérité sera à l’ordre du jour, afin d’éviter un pourrissement de la situation.
Le ministre sénégalais qui semble opter pour la temporisation estime que les patrouilles communes décidées par la commission consultative qui s’est réunie les 23 et 24 février 2011à Dakar entre les deux pays, règleront ces problèmes. ‘Ces patrouilles communes seront installées le long des frontières entre le Sénégal et la Gambie et pourront régler toute forme de suspicion’, a laissé entendre, avec beaucoup d’optimisme, le chef de la diplomatie sénégalaise. Avec ce nouveau mécanisme, il ne pourrait y avoir, selon le ministre, aucune utilisation des territoires de part et d’autres comme lieux de refuge mais aussi comme lieu de passage de certaines choses qui peuvent déstabiliser les deux pays. La criminalité frontalière et le trafic de drogue en seront ainsi mieux gérés pour une meilleure sécurisation des frontières sénégalaises et gambiennes, a ajouté Madické Niang.
Amadou NDIAYE
walf.sn