Les nominations en conseil des ministres avant-hier n’ont pas révélé tous leurs secrets. Si en effet on note beaucoup de mouvements dans les grandes places diplomatiques du monde, cela cache mal le vieillissement poussé du personnel high level des Affaires étrangères. Une vingtaine de départs à la retraite sont enregistrés cette année ; des diplomates tous atteints par la limite d’âge. A l’image par exemple de Bouna Sémou Diouf qui s’en va à la retraite pour se faire remplacer par le réputé compétent et ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, Cheikh Niang, plusieurs calibres de la Diplomatie doivent raccrocher les godasses.
Ce qui est un grand gâchis, car s’il faut penser au renouvellement des troupes, dans ce domaine comme dans d’autres, ils sont bien nombreux à penser qu’un régime spécial devrait être trouvé pour assurer la continuité d’un service de qualité dans les ambassades. Et qu’un diplomate expérimenté a les mêmes vertus que les vieilles marmites. Ce n’est d’ailleurs pas le seul secteur qui est concerné. A l’Université aussi, on s’offusque du fait qu’on puisse lâcher de bonnes têtes, dans la nature simplement parce qu’elles sont devenues… bien blanches.
Le Japon et la Russie, deux places stratégiques
Restons avec les nominations d’avant-hier et les leçons qu’on peut en tirer pour dire que, malgré les apparences, le Japon, qui vient d’accueillir l’ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, est le poste le plus couru par les Diplomates. Loin de nous de penser une seconde que Cheikh Niang, très professionnel, soit motivé par cela, mais une chose est sûre, les diplomates aiment bien cette place. Le niveau très élevé du salaire, presque le même que la Corée, serait dû à la cherté de la vie dans ces pays. Les barèmes avaient été mis en place depuis feu le Président Léopold Sédar Senghor.
Même largué loin du Sénégal, Amadou Dème qui atterrit à Moscou hérite aussi d’un poste très stratégique. Non seulement la Russie est membre influent du Conseil de sécurité, pays qui fait partie des Brics malgré les problèmes avec l’Ukraine qui semblent plomber son économie. Mamadou Dème a été ambassadeur au Burkina Faso, puis de façon éphémère à Jakarta en Indonésie avant d’être déployé en Espagne après la fermeture de Jakarta, suite à la cure d’amaigrissement dans les ambassades. Le parcours de Cheikh Niang est encore plus intéressant que celui de Dème.
Sorti de l’Enam en 1981, il fut à la fois conseiller diplomatique et interprète du Président Diouf. Ministre conseiller à New York, consul général dans la même ville, ambassadeur du Sénégal en Afrique du Sud jusqu’à la chute du régime de Wade, il se retrouve à Washington, avant d’atterrir depuis avant-hier à Tokyo. C’est dire…
EnQuête