Brrrr !!!!! Et Mbagnick Ndiaye menaçât ! Le ministre de la Culture et de la Communication qui était l’invité de l’émission «Face aux citoyens» sur la Rts, vendredi nuit, a annoncé qu’il n’y aura plus d’aide à la presse tant qu’il sera là et que le nouveau Code de la presse n’est pas voté d’ici la mise en place du budget. Interpellé par les patrons du Cdeps et de l’Appel, Mbagnick Ndiaye a commencé par camper le décor : «C’est vrai, la Cour des comptes a contrôlé les anciennes répartitions (du fonds de l’aide à la presse, ndlr) et nous a donné, il y a de cela 6 mois que nous les avons reçues, des directives». Et, selon lui, «si on les applique, aucun organe, je le précise bien, aucun organe ne bénéficiera de ces 700 millions. Aucun. De tous les organes, aucun n’aura 1,5 franc, si on les applique. Et on va les appliquer parce qu’on ne peut pas gérer les deniers de l’Etat et violer (les dispositions réglementaires), la Cour des comptes… Qui ne connaît pas la Cour des comptes, moi en tout cas, je la connais.
A ce niveau, petite (longue) digression pour expliquer pourquoi Mbagnick dit bien connaître la Cour des comptes et pourquoi il va appliquer à la lettre ses directives. En prononçant ces mots, Mbagnick sait bien de quoi il parle. Car, dans le rapport de la Cour des comptes sur la gestion de la Can et du Mondial 2002 de football, ce fameux rapport qui avait mené en prison bien des responsables du football sénégalais de l’époque, lui aussi avait été épinglé. Alors chef du Service de l’administration générale et de l’équipement (Sage) du ministère des Sports, dirigé en son temps par Joseph Ndong, Mbagnick avait été cité pour avoir acheté des livres pour son compte personnel à Paris, avec l’argent du contribuable sénégalais, entre autres. Car il était aussi question de frais de mission de l’ordre de 4 millions qui avaient été versés par le ministère à des membres de la délégation. Et comme il était le financier du ministère des Sports, la Cour des comptes, oui, Mbagnick connaît très bien même.
Pour en revenir à nos moutons, poursuivons avec les explications de Mbagnick qui se veut péremptoire : «Si le Code n’est pas voté d’ici à la mise en place du budget, on va appliquer ces conclusions de la Cour des comptes». Aussi tient-il à prévenir «ceux qui nous appellent pour nous demander quand est-ce qu’ils auront cette aide, qui nous mettent la pression à la veille de la Tabaski pour qu’on donne l’argent. Y en a même certains mêmes qui disent ‘donnez l’argent, on fait face à des difficultés. Ça c’est réel, moi je les connais tous, un à un». S’agissant de l’aide donnée aux correspondants régionaux, Mbagnick, souligne que «la Cour des comptes a demandé qu’on l’arrête parce que ce n’est pas normal. Et s’agissant de l’aide à la presse à venir, si elle me trouve encore là, on appliquera les conclusions de la Cour des comptes. Et à ce moment, vous patrons de presse devrez savoir que s’il n’y a pas répartition et attribution de l’aide à la presse, c’est parce qu’il faut que nous nous conformions aux recommandations de la Cour des comptes».
(Source : Le Populaire)
« Et Mbagnick Ndiaye menaçât ! » Quel drame sénégalais ! Un journaliste – ou quelqu’un qui en fait officie – qui ne sait pas distinguer le passé simple (menaça) et le subjonctif de l’imparfait (menaçât).
Ironie de l’histoire : il cherchait sûrement à éviter de commettre une faute en allant chercher – loin – ce machin risqué qu’est l’imparfait du subjonctif au point d’oublier la syntaxe consacrée en pareilles circonstances où le passé simple est de rigueur : « Et tel menaça ! ». Mais bon, c’est trop demandé au Sénégalais moderne qui ne maîtrise désormais rien, à commencer sa propre langue maternelle qu’il massacre avec fierté. Il se fait gloire de la parler mal.