Aj/Pads de Landing prêt à encadrer une révolution populaire au Sénégal

Le vent de changement qui souffle dans le monde arabe inspire And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) qui, à travers un panel regroupant, hier, de nombreux universitaires, a voulu tirer les enseignements de cette révolution qui semble irréversible. Revenant sur les causes ayant poussé au départ, les Présidents tunisien et égyptien, Alioune Tine, Secrétaire général de la Rencontre africaine des droit de l’homme (Raddho), considère que tous les «ingrédients étaient réunis» pour aboutir à une révolution, même si elle a été surprenante. Ce sont, dit-il, «des pays où les libertés étaient confisquées, où un régime totalitaire a toujours agité l’épouvantail de l’intégrisme, des Présidents qui se sont appuyé sur l’appareil d’Etat pour s’enrichir et enrichir leur famille». Un système politique auquel les peuples tunisien, égyptien et aujourd’hui libyen, «unis et déterminés», ont décidé de mettre un terme en manifestant dans la rue au prix de leur vie. Une analyse partagée par le Pr Babacar Sambe, ex-ambassadeur du Sénégal au Caire qui pense que les dirigeants africains, notamment le Sénégal, devraient s’inspirer de la situation dans le monde arabe en résolvant la demande sociale. Toutefois, M. Tine estime qu’on ne peut pas comparer le Sénégal aux pays arabes pour la bonne et simple raison, que «ces populations (Arabes) ont réglé la question de la peur». Bassirou Sarr, administrateur général (d’Aj/Pads), lui, ne partage pas cet avis. Refusant toute forme de fatalisme, il considère qu’«aucun peuple n’est plus courageux que d’autres ; tous les peuples sont courageux». Ce qui empêche la réalisation d’une révolution populaire à l’instar des pays arabes, selon M. Sarr, c’est l’absence d’organisation capable d’encadrer ces mouvements. «La même situation peut se produire au Sénégal, car les enseignants ne sont pas payés ; les victimes de guerre, gagnées par le désespoir, s’immolent. La monarchie décriée dans les pays arabes est vécue au Sénégal. Donc, nous, forces de Gauche, avons la responsabilité d’encadrer ces mouvements, pour ne pas connaître la même situation qu’en mai 68.» En quoi faisant  «Nous pouvons organiser un grand meeting au cours duquel les populations vont poser leurs préoccupations. Ensuite nous allons organiser une marche», propose ce membre du Bureau politique d’Aj/Pads. Quoi ajoute : «Nous ne devons pas attendre que Wade soit défait en 2012 ; nous devons tout faire pour qu’il ne se présente pas à l’élection de 2012 parce qu’il n’a pas droit à un troisième mandat.» De quoi galvaniser le Dr Cheikh Mbacké Lô, un autre responsable d’Aj/Pads, même s’il est convaincu que le combat ne sera pas aisé. «Des gens du régime qui, avant l’Alternance, n’avaient même pas de quoi se payer le prix du transport par taxi et qui aujourd’hui, se retrouvent avec un salaire de 4 millions, vont tout faire pour conserver le pouvoir. Il faut que vous soyez plus déterminés qu’eux et bouter Wade hors du pouvoir», a-t-il lancé à l’endroit des jeunes dans la salle.

VERS DES RETROUVAILLES DE LA GAUCHE

Landing Savané, pour sa part, se veut très nuancé. Même s’il est conscient que «nul n’est à l’abri», il estime que «le monde arabe est très différent du monde subsaharien». Pour preuve, «au Sénégal, indique-t-il, il y a eu deux immolations par le feu et cela n’a pas créé de révolution». Toutefois, M. Savané note «beaucoup de ressemblances» entre la jeunesse du Sénégal et celle des pays arabes. «C’est une jeunesse frustrée, marginalisée, qui a le sentiment d’être trahie par des dirigeants corrompus jusqu’à la moelle avec la complicité des grandes puissances occidentales qui ne disent rien jusqu’à ce que ces gens quittent le pouvoir pour commencer à faire des révélations.» Et la combinaison de ses facteurs peut, selon le Pr Olivier Sagna, produire un cocktail explosif dont on ne peut mesurer l’ampleur. «Lorsque la situation subjective et la situation objective se réunissent, il peut avoir une révolution», explique-t-il. Ce dernier a exhorté les partis politiques à être au diapason des outils informatiques tels que Facebook ou tweeter qui ont été très déterminants dans la chute des dictateurs arabes. Une préoccupation que Landing Savané a prise en compte, en annonçant le lancement très prochain de la radio de son parti sur le net.

Moussa Sarr, porte-parole de la Ligue démocratique (Ld) invite les partis de Gauche, particulièrement le sien et Aj/Pads, à unir leurs forces en vue de la Présidentielle pour que leur combat ne soit pas vain. «Il ne faut plus que les partis de Gauche servent d’escalier aux autres pour accéder au pouvoir», déclare M. Sarr. Cette retrouvaille de la famille de la Gauche a ému Charles Guèye, leader d’Ordc, au point de fondre en larmes. «Si je venais à mourir, je serais l’homme le plus heureux du monde», lâche cet ancien prisonnier politique des années 60.

ANNULATION : Landing chassé de la Maison de la culture Douta seck

Landing Savané n’en a pas fini avec ses déboires. En effet, le leader d’Aj/Pads a été surpris de voir que la manifestation que son parti avait prévu d’organiser à la Maison de la culture Douta Seck, a été annulée. Elle va finalement se tenir au Centre socioculturel de la commune Sicap-Point-Amitié contrôlée par un maire issu de Bennoo. Landing en explique la raison : «Le pouvoir veut nous empêcher de parler de la situation dans le monde arabe. Cela veut dire que notre parti est surveillé.» Puis d’ajouter : «Ce n’est qu’une première. Nous allons accompagner à notre manière la révolution arabe et nous allons également accompagner à notre manière la révolution de notre pays.» Avant de donner rendez-vous pour une autre grande conférence populaire sur le même thème.
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