Notre reporter a saisi l’occasion de la visite dans le Fouladou pour s’entretenir avec le ministre de l’Ecologie et de la Protection de la nature. Ali Haïdar se veut intransigeant sur l’exploitation sauvage des forêts sénégalaises.
Quelles sont les mesures mises en branle pour arrêter le phénomène de l’exploitation abusive de notre forêt ?
Je vais vous donner des chiffres et des exemples. Dans les quatre premier mois, on a produit 1060 camions de bois artisanal et de chauffe ; les 800 camions avaient des permis gratuits. Nous avons mis un terme à cela parce qu’on ne peut exploiter 1060 camions et que les 800 permis soient délivrés de manière gratuite. Ensuite, nous avons trouvé qu’en quatre mois, 2650 camions de charbon sont entrés dans Dakar. Bien sûr que ceux sont des chiffres inquiétants d’autant plus que les 2650 camions font partie du permis d’exploitation du quota de 2011 soit disant que celui là n’était pas épuisé. Tout cela, c’est de la mascarade ; nous allons travailler avec nos services à mettre de l’ordre dans l’exploitation du charbon avec les exploitants forestiers parce que ce sont les premiers à se plaindre pour dire qu’il y a une exploitation qui n’est pas contrôlée. Donc, comme c’est eux qui se plaignent, en plus, nous allons les accompagner à mettre de l’ordre dans cette exploitation. Le quota autorisé en 2011 était de 700 quintaux, nous allons respecter scrupuleusement le quota et nous n’allons pas le dépasser. Nous allons arrêter le gré à gré parce que ce qui se passe c’est qu’un exploitant va fabriquer du charbon avec son apprenti et après il va dire « j’ai du charbon il faut me remettre un permis gré à gré » et le permis est vendu à 1000 francs Cfa. C’est une autre grossière erreur parce qu’incitant les gens à produire frauduleusement le bois puisque quant on arrête tu paies 1000 francs le sac qui est vendu à Dakar à 5000 francs, mais tout le monde va frauder. Réfléchissons avec nos services des Eaux et Forêts à les instruire de manière diligente à mettre de l’ordre. Nous discuterons avec les exploitants aussi, cela se fera de manière consensuelle. Mais, la préoccupation première est : la durabilité de l’exploitation, que la ressource revienne aux populations, d’impliquer tous les citoyens à se retrouver dans cette exploitation de nos ressources naturelles tel que recommandée par le président de la République et son Premier ministre.
Certains trouvent que les permis nébuleux sont légion. Est-ce qu’il n’y a pas matière à assainir au niveau de ces services ?
En tout cas, j’ai pu constater qu’aucun permis gratuit n’a traversé le poste de contrôle alors qu’avant, 60% de permis qui passaient par là étaient gratuits. Donc vous ne pouvez pas dire que nos services actuels octroient des permis gratuits. Maintenant, je ne reviens pas sur la gestion antérieure de nos prédécesseurs, mais nos services actuels ont arrêté la distribution du permis gratuit. D’ailleurs, je ne peux pas en même recevoir des plaintes de certains qui nous demandent du bois à qui nous demandons de se rapprocher des services de l’Etat parce que le bois c’est une ressource qu’il faut exploiter mais avec des normes. Le permis de faire circuler un bois artisanal dans un camion coûte 325000 francs. Celui qui veut exploiter le bois, libre à lui, s’il est en règle d’exploiter le bois mort, mais ce permis à un prix qu’il faut payer. Le bois de chauffe son prix est à 60000 francs ; si le bois est mort et qu’il faut l’exploiter avec un permis, mais on ne peut pas permettre une exploitation abusive de la forêt. Pour ce qui est du cas de Médina Yoro Foulah et du bois de veine, vous savez le service des Eaux et Forêts de la région de Kolda dispose de moins de 50 éléments. C’est récemment, il y a environ un mois, qu’on les a dotés d’un véhicule pick up pour faire la surveillance dans le Médina Yoro Foulah où il n’ya pas un seul poste de contrôle. Donc, il est loisible à chacun de piller nos ressources. L’Etat sera présent, nous avons demandé au gouvernement de notre président et de notre Premier ministre de travailler à nous trouver des ressources parce que si nous en n’avons pas au niveau du ministère ça va être très difficile de lutter contre le phénomène de l’exploitation abusive de notre forêt ; je rappelle que mon budget est de 083% de celui national. Nous avons trouvé des urgences et je salue la disponibilité du président Macky Sall qui a pris en compte d’abord, le social, mais, à notre tour, nous allons travailler à mettre nos services dans de bonnes conditions pour justement régler tous ces problèmes de fraude. Je vous assure, en tout cas, que mon ministère ne délivre pas de permis gratuit et je vous dis que nous allons mettre de l’ordre dans le trafic de bois de veine qui est en train de circuler vers la Gambie. Il faut que les populations sachent que la gestion des forêts est une compétence transférée vers les collectivités locales. Et je voudrais travailler avec les Pcr (président de communauté rurale, ndlr) pour les amener à s’engager à plus de responsabilité quant à la gestion des ressources naturelles. Les eaux et forêts ne peuvent que faire respecter un quota d’exploitation du bois, du charbon, des scieries. Maintenant, si vous avez un exemple concret de service qui distribue des permis gratuits il faut me le signaler et vous verrez dans quelles mesures je vais réagir. C’est en tout cas scandaleux ce qui se passait à travers les permis gratuits, mais c’est fini tout cela.
Vous vous battez contre le déboisement mais il y a un autre problème plus crucial dans le Balantacounda, celui de la salinisation des rizières. Que comptez-vous faire ?
Je suis le ministre de l’Ecologie et de la Protection de la nature par ailleurs président d’Océanium. Il faut signaler qu’Océanium, en 2010, a intervenu dans plus de 428 villages pour planter 62 millions de pieds de palétuviers. J’ai eu l’honneur et la joie avec les populations de Tobor d’accueillir le président Macky qui a visité tout cela. C’est vers cela que je veux amener mon ministère c’est-à-dire planter encore, toujours planter, beaucoup planter. Le 05 juin dernier, lors de la journée de l’environnement, le président Sall avait donné un signal très fort en plantant un arbre dans les jardins du palais. C’est d’abord un signal de sa part, mais c’est une réponse aussi, parce qu’il faut que les Sénégalais sachent, tous dans leur ensemble, que c’est nous qui pouvons redresser notre pays cela en plantant chacun de nous un arbre. Je dis toujours que si vous plantez 20 caïlcédrats pour votre enfant le jour de son baptême, quand il aura vingt ans, sachez que vous lui avez donné 10 millions. Comment ? C’est-à-dire, en les coupant et revendant, car la matière laineuse coûte normalement cela. Quel est le père de famille qui dit que j’ai mis entre les mains de mon fils 10 millions au moment d’aller à l’université ? Alors, plantons cela est bon pour notre économie, pour la richesse de notre terre, pour notre agriculture, pour nourrir notre bétail, cela amène la pluie et donc réduit la salinité des sols, plantons parce que c’est un acte religieux alors s’il vous plait plantons et arrêtons le discours.
xalima avec Source : La Tribune
J’aime bien ce Monsieur, et sa nomination a été une bonne nouvelle pour moi ! Il méritait enfain d’être au pied du mur pour démontrer, enfin qu’il était le messi que tous les Sénégalais attendaient à ce poste ! Monsieur Haïdar nous a assez don,ner des leçons d’écologie, de protection de la nature à un point tel qu’il était devenu l’âme emblématique de la protection de la Nature en Afrique Subsaharienne. Les occidentaux, les écolos en particuleir, ne juraient que par lui dès qu’il s’agit d’écologie en Afrique de l’Ouest. Maintenant qu’il soit un Ministre de terrain, qu’il mettent au pas les gro industriels Européens, Russes, Japonais, Chinois et Roumains qui écument nos fonds marins et voudraient que nos pêcheurs se contentent de pirogues à moteurs qui ne permettent que d’exploiter 1/10ème de ces richesses! Plantons des arbres, oui, mais de bonnes espèces adaptables comme celles de grandes villes du monde tropical : Khaye, platane , Eucalyptus à croissance rapide et d’autres grands arbres qui ont une longévité de quelques siècles !
Pour ce probleme, il faut beaucoup de moyens… Mais faut pas se tromper, quand je parle de moyens, effectivement ya les moyens humains (et la il faut mobiliser le peuple en étant devant soit même et sur la durée). Mais l’autre volet auquel je pensais ce sont les moyens techniques de l’état comme la mise en place de pépinières par les services techniques des eaux et foret, l’ISRA, dans la sélection et la production de certaines espèces à utiliser pour le reboisement… Sans compter les moyens juridiques qui permettent de lutter légalement contres les contrebandiers et ceux qui se nourrissent de magouilles et de fraudes dans l’exploitation illicite des arbres et des permis de coupe. etc….
Donc il faudra une approche volontariste pour mobiliser les gens sur la durée. Mais y’a un préalable a ca : c’est que les leaders eux même montrent la voix en étant devant dans le combat de terrain tout en supprimant tous ses privilèges qu’ils s’octroient. Sans cela, même en lançant un appel a la mobilisation générale, personne ne les suivra.
Lors d’une visite de terrain au Burkina en 1998 pour constater de visu les réalisations concrètes de Sankara et de la révolution burkinabé, les camarades m’ont amené visiter des endroits ou grâce a l’effort collectif des populations en parfaite synergie avec les leaders de la révolution, les populations burkinabés ont pu de leur propres mains (et de façon volontaire sans contrainte et sur une durée seulement de 4 ans) creuser a travers le pays des centaines de bassins de rétention, poser a main nue des dizaines de kilomètres de rail pour le train, planter des millions d’arbres a travers le pays, vacciner des millions d’enfants a tel point que des parents du mali traversaient la frontière pour venir faire vacciner leurs enfants etc… Comme quoi avec un leadership dévoué et désintéressé, « the sky is the limit » comme disait Cabral. C’est ca une démarche de rupture avec ce que nous avons connu ses 50 dernières années et qui n’ont pas donne de résultats probants. Tu vois que c’est une approche complètement différente de celle technocratique qui consiste a penser que l’état « rachitique » doit on dispose peut résoudre le problème en se lançant dans des trucs du genre « recherche de fonds auprès de partenaires, lancement d’appel d’offre et attribution du marche a une ou 2 entreprises qui n’ont même pas les capacités en terme de ressources humaines /matérielles pour se déployer simultanément a travers tout l’espace national, pour mettre en place des solutions a ce problème . L’approche que j’ai décrite plus haut me semble plus appropriée pour résoudre des problèmes similaires (a envergure nationale et qui sont des problèmes structurels) comme le problème des inondations a travers le pays. Là aussi les maigres ressources financières doivent être orientées prioritairement vers la conceptualisation de la solution technique (mobiliser les ingénieurs en génie civil / hydraulique, géomètres, dont dispose l’état, les écoles comme l’ensut , polytechnique, les segments du secteur prive qui est dispose à faciliter l’accès a certains engins lourds..) etc… Pour concevoir le réseau d’assainissement national, mais arrive au stade de mise en œuvre, le projet doit être porte par les populations avec l’encadrement d’un leadership qui sera le premier au front. Le sacrifice et l’exemple doit venir du haut et de l’intelligentsia qui doit rompre avec les grands discours et travailler en symbiose avec les populations sur le terrain, loin des salons climatises et des bureaux. Si tel est le cas, je suis persuade que le peuple est capable de suivre et on pourra mobiliser une masse critique de bras pour faire face aux urgences telles que la construction d’un réseau d’assainissement, une vaste campagne de reboisement etc…