Aliou Sané, coordonnateur de Y’en a marre sur la gestion du Force Covid-19 : «Beaucoup de Sénégalais redoutent le syndrome de l’Anoci et du Fesman»

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L’absence de transparence dans le pilotage des dossiers est le lien commun entre la gestion du sommet de l’Anoci ou du Fesman et celle de l’aide alimentaire. C’est l’avis du coordonnateur du mouvement Y’en a marre sur le supposé scandale du riz dans lequel Mansour Faye est mis en cause. Aliou Sané espère que le Comité de pilotage mis en place jouera pleinement son rôle et, à la fin, qu’il y aura un audit sur la gestion du Force Covid-19.

Y’en a marre est dans la sensibilisation sur la lutte contre le Covid-19. Quel est le bilan à mi-parcours de façon globale ?
Dès que les premiers cas de cette pandémie se sont signalés au Sénégal, Y’en a marre, en tant que mouvement citoyen, a toute suite pris l’initiative volontaire de se mobiliser et d’apporter sa contribution citoyenne selon ses moyens. Comme il avait eu à le faire d’ailleurs pendant les inondations de 2012 et quand l’épidémie Ebola est arrivée au Sénégal. Et c’est essentiellement à travers la sensibilisation des citoyens pour l’appropriation des mesures de prévention qui ont été édictées par les autorités sanitaires. Et dans ce cadre-là, très vite le mouvement a appelé toutes les forces de ce pays-là, tous les Sénégalais, selon leurs compétences, participent à renforcer le dispositif que le gouvernement a mis en place pour combattre cette pandémie qui est l’ennemi du Sénégal actuellement face auquel il faut se dresser. Donc, oui, au-delà du single musical que les artistes ont réalisé, Y’en a marre a poursuivi les actions à travers la production d’une série de vidéos intitulée Fagaru ci coronavirus. Nous en sommes actuellement au sixième épisode et avec un impact réel. On a des retours très positifs surtout le dernier qui parle un peu de la chaîne de contamination sachant qu’actuellement la problématique des autorités sanitaires reste les contaminations communautaires. Donc, Y’en a marre continue de poursuivre ses actions de terrain aussi pour sensibiliser les citoyens dans les marchés. Nous sommes en train de travailler sur un concept de fabrication de milliers de masques «Made in Sénégal» en mettant à contribution les tailleurs dans chaque localité pour que les citoyens puissent disposer de masques. C’est dire que Y’en a marre continue son travail.

Et sur la gestion globale, qu’en dites-vous ?
Sur la gestion globale, il faut dire qu’on est parti quand même sur une dynamique d’unité nationale pour combattre cette pandémie. C’est pourquoi d’ailleurs le mouvement Y’en a marre avait répondu favorablement à l’invitation du président de la République dans le cadre des concertations qu’il a ouvertes dans ce sens-là. L’une de nos exigences fortes était quand même, au-delà de ces concertations, que ce qui allait cimenter cette dynamique, c’était en fait toute la transparence qui suivra dans l’exécution du budget de 1 000 milliards de francs Cfa qui a été alloué au Force Covid-19. Malheureusement on a vu quand même que ces derniers jours, il a beaucoup été question de de l’attribution des marchés de l’aide alimentaire et de sa distribution aux ménages les plus démunies. On a vu que sur ce budget de 69 milliards de francs Cfa, il n’y a pas une visibilité sur les procédures d’attribution, ce qui est déplorable. Cela peut saper aussi cette unité nationale autour de la lutte contre le Covid-19.

On parle d’un présumé scandale dans la gestion des denrées alimentaires avec Mansour Faye. Quel est votre avis sur cette question qui fait beaucoup de bruit ?
Pour nous, le problème ce n’est pas Mansour Faye. C’est la responsabilité du président de la République qui est engagée parce que c’est lui qui a appelé à la concertation avec les différentes forces dynamiques de ce pays, que ce soit des partis d’opposition, des organisations de la Société civile, des mouvements citoyens, des leaders d’opinion, entre autres, pour leur demander leur avis sur la gestion de la chose. Et suite à cela, c’est le président de la République qui, lors de son adresse à la Nation du 3 avril, avait annoncé la mise en place d’un Comité de pilotage de l’exécution budgétaire et des actions liées à cette riposte contre le coronavirus. Si le chef de l’Etat avait fait ce qu’il fallait en exécutant très vite ses engagements qu’il avait pris face aux Sénégalais, on n’en arriverait pas à cette situation-là. Parce qu’on aurait eu ce comité-là dès le départ qui serait chargé de superviser, d’exécuter et, donc, qui aurait un regard sur ce qui se fait. Mais on a vu qu’il vient de signer un décret en nommant une personnalité de l’Armée à la tête de ce comité composé de plusieurs acteurs. Maintenant, nous espérons que ce comité aura les coudées franches pour être au cœur de l’action et de l’exécution de sorte à pouvoir avoir une vision claire et même une responsabilité décisionnelle dans ce qui se fera. On espère que ça sera le cas et que le point sera fait sur tout ce qui a été déjà exécuté. Et puis, il faudra un suivi réel sur le reste du processus avec vraiment, encore une fois, les coudées franches pour ce Comité de pilotage très attendu des Sénégalais.

Avec ce supposé scandale du riz, certains redoutent une répétition de la gestion de l’Anoci ou du Fesman. Partagez-vous cette crainte ?
Oui, il y a ce passé-là. Il y a beaucoup de Sénégalais qui redoutent le syndrome de l’Anoci et du Fesman. Et la lame de fond, c’est la question de l’implication et de la prédominance de la famille présidentielle dans la gestion des affaires publiques. Si on se réfère un peu à tout ce qui s’est passé avec le sommet de l’Anoci et le Fesman, le lien commun, c’est une absence de transparence dans le pilotage de ces dossiers-là. Aujourd’hui, dans ce même cadre, les gens font ce lien-là. Mais ce qui est important, c’est qu’il ne faut pas subir. Il faut exiger qu’il y ait de la transparence dès maintenant parce qu’il y a beaucoup qui disent oui il faut laisser dérouler et, à la fin, on fera les comptes. Non, c’est maintenant qu’il faut exiger qu’on mette en place des outils qui permettent aux Sénégalais d’avoir une visibilité sur l’exécution budgétaire et, chemin faisant, de pouvoir alerter de sorte que les recadrages puissent se faire. Et le bilan final se fera à la fin. C’est pourquoi il est important que ce comité puisse avoir les coudées franches pour pouvoir être au cœur des décisions mais aussi de pouvoir suivre à la lettre tout ce qui doit se faire en termes d’exécution budgétaire. C’est quelque chose qui n’est pas donné, que ce soit la Société civile et les différentes forces de la Nation de pouvoir faire partie de ce comité. Mais c’est un droit qui engage l’Etat du Sénégal, le gouvernement à satisfaire aux normes de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion des affaires publiques.

lesoleil.sn

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