Alliance Macky Sall Et Idrissa Seck: Karim Wade, Plutôt Cheveu Dans La Soupe Que ‘’gloria’’

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Depuis son exil qatari, Karim Wade, Secrétaire général adjoint du PDS, est au cœur de toutes les rumeurs attestant d’un possible rapprochement avec le camp présidentiel autour de la nouvelle coalition ‘’Mburu ak Soow’’. Après le démenti de Khalifa Sall pressenti pour accompagner la nouvelle alliance Macky-Idy, les lieutenants de Karim Wade indiquent que leur leader n’aspire qu’à un seul rapprochement : celui avec le peuple sénégalais dont il veut assurer la destinée en 2024.

Après le démenti de Khalifa Sall qui a battu en brèche toute éventualité d’un futur rapprochement avec Macky Sall, nouveau leader de la coalition “Mburu ak Soow”, (NDLR : dénomination du compagnonnage entre les anciens frères ennemis Macky Sall et Idrissa Seck), tous les regards se tournent vers Karim Wade, actuel leader du Parti démocratique sénégalais (PDS). L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, a lâché, le week-end dernier : ‘’Je suis allergique au lactose”, pour couper court aux rumeurs l’envoyant dans la galaxie Benno Bokk Yaakaar (BBY).

D’aucuns y voient un pied-de-nez à tout le ‘’Macky’’ qui espérait en faire le ‘’Gloria’’ devant accompagner la nouvelle alliance ‘’Mburu ak Soow’’.

Si, depuis son exil à Doha, l’ancien ministre d’Etat ne laisse rien paraitre sur ses intentions, ses lieutenants balisent petit à petit le terrain pour un éventuel retour dan le jeu politique sénégalais. Condamné en 2015 à six ans de prison pour enrichissement illicite par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), l’ancien ministre d’Etat multiplie les signes laissant entrevoir un possible retour au Sénégal et, en filigrane, sur la scène politique sénégalaise. Pour cela, l’ancien trader de la City de Londres, que l’on dit très actif dans les pays du Golfe, doit donner des gages à la majorité présidentielle qui le considère comme un sérieux challenger pour le pouvoir en 2024.

Les quelques rumeurs qui l’envoient en séjour régulier dans plusieurs capitales africaines, principalement à Kigali et toute visite de plénipotentiaires qataris relancent les rumeurs ou bruits sur de prétendues tractations entre le secrétaire général adjoint du PDS et le régime actuel. La scission du Parti des libéraux et démocrates/And Suqali (PLD/AS), avec le départ des barons libéraux Oumar Sarr, Babacar Gaye et Maitre Amadou Sall qui ont rejoint la majorité présidentielle, vient alimenter cette thèse de possibles grandes retrouvailles de la famille libérale.  Les échanges entre le ‘’Pape du Sopi’’ et Macky Sall au palais présidentiel, au lendemain de leur réconciliation qui a eu lieu lors de l’inauguration de la mosquée Massilikoul Djinane, en septembre 2019, semblaient aussi aller dans ce sens.

A cela s’ajoute le rapprochement spectaculaire entre Macky Sall et Idrissa Seck, au bout d’une année de pourparlers secrets, qui laisse envisager d’éventuels bouleversements dans les rapports qu’entretiennent l’ancien Premier ministre sous Wade et Karim Wade.

Discussions entre Macky et Karim ?

  ‘’Non, rassurez-vous, il n’y a pas une once de rapprochement entre Karim Wade et le régime actuel’’, souffle d’entrée Mayoro Faye, porte-parole du PDS, au bout du fil. ‘’Notre but, au PDS, est de travailler pour présenter monsieur Karim Wade comme candidat à la Présidentielle de 2024 et de faire appliquer les recommandations du Groupe de travail de l’ONU qui a déclaré illégale la Crei qui l’a condamné’’, poursuit-il.

De son coté, Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’UGB, se veut plus prudent, dans l’optique d’un rapprochement entre les héritiers d’Abdoulaye Wade. ‘’En politique, il ne faut jamais dire jamais. Tout est négociable en politique, en Afrique. Il y a toujours des évolutions possibles dans un sens comme dans l’autre. Les relations politiques, ce sont d’abord des relations humaines et sociales’’, s’exclame-t-il.

Il pourrait ne pas avoir tort, puisque, malgré les démentis des Libéraux, il y aurait bel et bien, selon nos informations, des discussions entre le Président de la République et Karim Wade. Ce qui pourrait augurer d’un profond bouleversement de la configuration politique actuelle, avec une méga structure libérale au pouvoir.

En attendant d’y arriver, peut-être, l’universitaire souligne que la conjoncture politique au Sénégal, dans les deux prochaines années, a un vecteur central qu’est la possibilité d’un troisième mandat de Macky Sall.  De ces incertitudes autour de cette situation pourraient découler d’innombrables renversements dans la classe politique sénégalaise. ‘’On a noté des prémices d’un rapprochement entre Macky et Abdoulaye Wade, dans la foulée de l’inauguration de la mosquée de Massalikoul Jinane, en septembre 2019. Mais il n’y a pas eu d’avancées, comme l’espérait Wade.  Les discussions n’ont pas abouti, car je crois ça butait sur le dossier de Karim Wade qui était au cœur des négociations. Je pense que, compte tenu des agendas et des programmes, il n’y a pas eu convergence entre les deux parties. A mon avis, l’élément central autour duquel tout l’avenir politique sénégalais tourne, au cours des deux prochaines années, reste la question du troisième mandat. Cette question sera déclencheuse de beaucoup d’éléments dans la classe politique sénégalaise’’, affirme-t-il avec force.

La perspective d’une éventuelle amnistie votée par l’Assemblée nationale pourrait-elle pousser les responsables libéraux à revoir leurs positions sur la question de la reconfiguration de la majorité présidentielle ?

Selon Assane Ba, membre du Bureau politique du PDS, le parti libéral reste l’unique maitre de son destin, avec comme capitaine à la barre Karim Wade, appelé à défendre les couleurs de la formation bleue en 2024.  ‘’Karim Wade a été légitimement élu par toutes les instances, lors du Congrès du parti en 2019. Nous n’avons pas besoin d’amnistie, car Karim Wade n’a jamais fait d’erreurs de gestion. Aucun corps de contrôle de l’Etat ne l’a jamais épinglé. Le pouvoir a déterré la Crei pour faire disparaitre le PDS, mais ce dessein a échoué’’, déclare le responsable libéral de Ouakam.

Toutefois, selon beaucoup d’observateurs, la perspective d’une amnistie pour l’ancien ministre du ‘’Ciel et de la Terre’’ pourrait rabattre les cartes, en direction de 2024.

Possible ‘’cordon sanitaire’’ libéral autour d’Ousmane Sonko, en 2024

La montée de l’opposition autour d’Ousmane Sonko pourrait pousser le régime actuel à constituer un cordon ‘’sanitaire’’ autour du leader du Pastef/Les patriotes. Ainsi, la grande alliance libérale pourrait contrebalancer le discours antisystème et nationaliste du leader des patriotes.

En effet, cet assemblage hétéroclite (APR, Rewmi, PDS, PLD/AS…) de toute la grande famille libérale viendrait conforter le vœu pieux de Me Abdoulaye Wade qui a émis le vœu de voir le PDS assurer la destinée du Sénégal pendant 50 ans. 

Ce scénario ne saurait être privilégié par les faucons du pouvoir qui ne verraient pas d’un bon œil la remise sur pied du PDS autour du duo Wade père et fils.  Une force de frappe capable de chambouler le landerneau politique monopolisé par les batailles de succession de Macky Sall ou de son possible troisième mandat. Le PDS garde toujours une capacité de nuisance et ce retour en grâce de ‘’Ndiomborton’’ (NDLR : levraut) viendrait aussi perturber la campagne de détricotage du parti libéral qui a connu des saignées massives, depuis 2012.

Tous ces scénarios risquent de se heurter à l’intransigeance de Dame Justice et des nouvelles dispositions du nouveau Code électoral.  Le flou autour d’une possible candidature pour le scrutin est renforcé par le vote du nouveau Code électoral, le 12 juillet 2021. Les articles L30 et L31 comportent, dans leurs dispositions, des restrictions à l’encontre de personnes ayant eu des condamnations pour divers types de crime passibles d’une peine allant de 1 mois à 5 ans. Dans la même foulée, le gouvernement se défend de toute volonté d’exclure toute candidature, notamment celle de Karim Wade.

D’après le ministre de l’Intérieur Antoine Felix Abdoulaye Diome, les articles L30 et L31 incriminés n’ont pas connu de changement. Ces articles, assure-t-il, dont la fusion a donné l’article L29 dans le présent Code de loi, existaient déjà dans le Code consensuel de 1992 sous les numéros 3 et 4. “On a voulu faire croire qu’il y a une nouvelle disposition, affectant un mois de sursis pour parler d’un autre texte. En tout cas, pour le texte soumis à votre amendement, il n’y a pas de modifications ; ce sont les mêmes dispositions qui existent. Elles ont fait l’objet de discussions, mais n’ont pas fait l’objet d’un point d’accord. Et tous les points, dans cette situation, ont été mis de côté’’, souligne le ministre.

Une position que ne partage pas Assane Ba, membre du Bureau politique du PDS, qui parle de poudre aux yeux pour détourner l’opinion publique des vrais enjeux autour de l’article L57. ‘’Ces articles (L30 et L31) ne collent pas aux standards internationaux en matière de lois électorales. Pour moi, c’est un peu de la poudre aux yeux, car le vrai piège se trouve dans l’article L57 qui indique que, pour être candidat, il faut être inscrit sur les listes électorales. Cela a empêché Karim Wade de pouvoir présenter sa candidature en 2019. Nous disons que Karim va s’inscrire, de gré ou de force, car nous pensons que cette disposition de l’article 57 est liberticide’’, clame-t-il.

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