La microdose, cette nouvelle technologie d’utilisation de l’engrais, est-elle une alternative pour améliorer la fertilisation des sols et la production agricole du Sénégal ? En tout cas, les producteurs, qui ont pris part hier à l’atelier de validation et de partage des résultats issus des parcelles de démonstration et de diffusion de la technologie microdose pour les campagnes de contre saison 2020-2021 et d’hivernage 2021-2022, ont salué les performances de cette nouvelle technique culturale promue par le projet Dundël Suuf. Abdoulaye Diouf, président de l’Union des producteurs maraîchers (Upm), apprécie : «Avec la microdose, nos rendements sont trois fois supérieurs à l’engrais ordinaire que les paysans utilisent.» Mieux, poursuit le producteur agricole, «si on utilise 100 kg dans la pratique paysanne, avec la microdose on utilise 25 kg. Pour dire que nous employons moins d’engrais avec cette technique agricole et les rendements sont supérieurs». La preuve, remarque-t-il, «dans ma première récolte avec la microdose, j’ai cultivé 40 kg de gombo, alors que dans la pratique paysanne, j’avais fait 15 kg». Ainsi Abdoulaye Diouf, demandera-t-il aux autorités en charge de la mise en œuvre du projet de l’élargir pour qu’il touche le maximum de paysans. Surtout que les producteurs agricoles font face à d’énormes difficultés pour obtenir de l’engrais. Et donc, «si on multiplie ce projet dans toutes les zones agro-écologiques du Sénégal, le problème lié à l’accès à l’engrais serait un vieux souvenir».
Exécuté par le Centre international de développement des engrais (Ifdc), dans cinq zones agro-écologiques du Sénégal que sont la vallée du fleuve Sénégal, la zone des Niayes, le bassin arachidier, la Casamance et le Sénégal oriental, avec la collaboration du Drdr de Thiès, Resopp et de l’Ancar, sur financement de l’Usaid, le projet Feed the Future Sénégal Dundel Suuf diffuse deux technologies efficientes d’utilisation des engrais, à savoir le placement profond de l’urée et la microdose. Le projet, prévu pour une durée de trois ans, 2019-2022, veut accroître la disponibilité et l’utilisation de nouveaux engrais de qualité grâce à des systèmes d’approvisionnement efficaces dirigés par le secteur privé pour améliorer et maintenir la fertilité des sols au Sénégal. La pertinence d’un tel projet repose en effet, sur le constat fait que la problématique de la disponibilité de l’engrais se pose avec beaucoup d’acuité au niveau du secteur de l’agriculture.
Dr Abiboulaye Sidibé, Directeur régional et du développement rural de Thiès (Drdr), rappelle ainsi «la tension née tout dernièrement lors de la campagne agricole passée suite à la pandémie du Covid-19». Et de se féliciter des résultats «probants» du projet Duudel Suuf. «Les dernières visites d’échanges que nous avons effectuées dans les trois départements, Thiès, Tivaouane et Mbour, nous ont prouvé qu’effectivement que c’était une technologie qui vraiment a porté ses fruits de manière globale. Les producteurs ont magnifié l’arrivée de ce projet et chaque jour nous recevons des demandes d’intégration ou d’adhésion avec ce projet. C’est dire que c’est quelque chose de positif», indique le Drdr. Lequel relève toutefois, quelques contraintes liées notamment à la «pénibilité de la technologie, si on doit l’appliquer sur de grandes superficies. L’autre contrainte c’est par rapport aux activités d’hivernage et aux changements climatiques. L’hivernage cette année a été un peu problématique parce que le démarrage a été tardif dans certaines zones, il y a eu des pauses pluviométriques dans d’autres». Mais, estime M. Sidibé, «malgré toutes ces contraintes, il faut avouer que les résultats sont encore là. Et nous allons essayer de lever les contraintes auxquelles nous sommes confrontés, afin d’y apporter des solutions pour avoir plus de résultats».
Le Quotidien