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Ami de Karim Wade et homologue de Macky Sall : Et si Mohamed VI calmait le jeu ?

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Le roi du Maroc aurait, sans doute, souhaité fouler le sol sénégalais dans un contexte beaucoup plus favorable. Mais, à l’impossible nul n’étant tenu, Mohamed VI devra faire avec le climat politico-social morose consécutif aux enquêtes sur un enrichissement illicite dont seraient coupables certains dignitaires de l’ancien régime.    

Le moins que l’on puisse dire est que le Souverain chérifien débarque à Dakar dans une ambiance à couper au couteau. Comme par un hasard du calendrier, son ami Karim Wade doit être entendu, ce matin, dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis lancé par son homologue Macky Sall. De là à dire, que le roi Mohamed VI – qui s’inclinera sur le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor en signe d’amitié, de respect et d’affection pour le pays de la Téranga – pourrait être tenté de calmer le jeu, le pas est vite franchi. Certainement, Macky Sall en sera ému. Idem pour les Sénégalais. En effet, et c’est une lapalissade, l’étroitesse des relations franco-sénégalaises et la solidité des liens sénégalo-marocains sont deux legs diplomatiques constamment entretenus et sans cesse fructifiés. De Léopold Sédar Senghor à Me Abdoulaye Wade, en passant par Abdou Diouf, ces deux axes ont été des boulevards de coopération et des canaux de consultations, à maints égards, très bénéfiques pour Dakar. Au début de la deuxième alternance, l’axe Dakar-Rabat paraissait négligé par le Président Macky Sall. Même si, à sa décharge, le ministre des Affaires Etrangères d’alors, Me Alioune Badara Cissé, avait effectué un tour rapide à Rabat et évoquer in petto la marocanité du Sahara. On connait la suite.

RACHAT DIPLOMATIQUE. Toujours est-il que le quatrième Président du Sénégal avait pris l’heureuse initiative de faire ses premiers pas sur la scène africaine, en franchissant la porte du voisin d’à-côté : la Gambie. Puis, il a subitement observé un arrêt mal compris – c’est un euphémisme – par Conakry et Nouakchott, deux capitales [Bamako étant décapitée en plein cœur] que le Président Sall aurait pu visiter au pas de charge en 48 heures. En moins d’un an, paradoxalement, le chef de l’Etat s’est à trois reprises ois à Paris, bientôt deux fois en Arabie Saoudite, en Côte d’Ivoire, au Togo et en Ethiopie. Un pays lointain où il a finalement croisé le voisin et partenaire au sein de l’Omvs, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais point de Rabat. Aujourd’hui, on assiste, de part et d’autre, à une véritable opération de rachat diplomatique. Le fils de Hassan II vient passer en revue la coopération avec Dakar : système bancaire, économie, transport aérien, accords maritimes et entente confrérique. Pour l’histoire, le royaume chérifien n’a jamais cessé de tourner son regard vers les rives du fleuve Sénégal. L’écran mauritanien, que le colonisateur français a fabriqué de toutes pièces, n’a jamais découragé le Trône. La vieille présence marocaine à Saint-Louis est une parfaite illustration du brassage, voire du métissage, entre les deux peuples.

ME BABACAR SEYE. L’ancienne capitale du Sénégal abrite, en effet, des familles certes sénégalaises, mais de souche marocaine, telles les DiouriLahlou, Benjelloun, etc. Vu sous cet angle, il n’est donc pas étonnant que le premier ambassadeur du Sénégal au Maroc fût Me Babacar Sèye, assassiné en mai 1993. Au plan diplomatique, la confiance réciproque a favorisé le développement d’une coopération tous azimuts : formation militaire, fusion bancaire, partenariat aéronautique, accord maritime, etc. C’est à ce titre que le Maroc a toujours servi, sous feu Hassan II, d’éclaireur efficace pour ouvrir les portes des richissimes pétromonarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Koweït, Emirats Arabes Unis, Qatar) aux dirigeants sénégalais. En retour, Dakar a invariablement défendu la marocanité du Sahara Occidental à l’Organisation des Nations unies (Onu) et à la défunte Organisation de l’unité africaine (Oua) qui est l’ancêtre de l’Union Africaine (Ua). Bref, l’amitié entre les deux pays s’est finalement muée en fraternité. C’est ainsi qu’au paroxysme de la crise sénégalo-mauritanienne de 1989-90, le Roi Hassan II a eu cette phrase sibylline fort bien captée par les conseillers de Président mauritanien de l’époque, Maouiya Ould Sidi Ahmed Taya, aujourd’hui réfugié au Koweït après un putsch : «La Mauritanie est un pays ami ; le Sénégal est un pays frère».

TIDIANIA. Toutefois, la communion inaltérable entre Marocains et Sénégalais est cimentée par un solide cordon spirituel, en l’occurrence la Tidiania qui est très ancrée au Sénégal et dont la famille Sy de Tivaouane constitue l’une des branches les plus en vue. Même si le fondateur de la confrérie )le Vénéré Cheikh Ahmed Tidiane Chérif  est né à Aïnoumane, en Algérie, les fidèles sénégalais, eux, se rattachement symboliquement au mausolée de Fès qui lui sert de dernière demeure. Voilà qui explique que le ministre marocain des Habous représente toujours sa Majesté au Gamou de Tivaouane. Et puis, le dernier voyage du Commandeur des croyants en Afrique noire date de 2008 et c’était à Dakar, au cours du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique.  Au vu de l’épaisseur de la relation entre le Maroc et le Sénégal, on comprend alors aisément que la visite d’amitié du Roi Mohamed VI en droite ligne de ses prédécesseurs. Lesquels ont tous donné un cachet primordial et prioritaire à l’axe Dakar-Rabat. La Grande mosquée de Dakar, qui est un cadeau du Maroc, en est l’exaltante preuve. Après Dakar, Sa majesté le Roi se rendra à Abidjan puis à Libreville chez son ami d’enfance, le président Ali Bongo Ondimba. Entre temps, il laissera sur le tarmac politico-judiciaire une autre de ses relations, l’ancien ministre d’Etat Karim Wade, avec qui il partage des centres d’intérêt comme la plongée sous-marine.

PAPA SOULEYMANE KANDJI

Le Pays au Quotidien

1 COMMENTAIRE

  1. Quand un pays n’a rien à proposer en produits manufacturés, il devient « la vache à lait » de tous les autres qui savent faire, produisent, inventent !
    Notre pays voit ses milliards partir vers d’autres cieux dans le cadre des échanges économiques, commerciaux et financiers.
    Le Maroc a tout à gagner dans ses relations avec notre pays et ces milliards qui creusent le déficit commercial à notre détriment valent bien une visite d’un roi.
    PENSEZ-VOUS QUE DES BANQUES SENEGALO-SENEGALAISES OU MËME DE GRANDS COMMERCANTS pourraient aller s’installer dans le Royaume Chérifiens avec succès ?
    Ne rêvons pas !

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