Aminata Touré à Jeune afrique : Karim Wade et les autres ne sont pour l’instant que de simples témoins

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Il y a un infléchissement dans le discours du garde des Sceaux, ministre de la Justice, une volonté de paraître sereine et donc de ne plus trop en faire. Dans une interview à paraître dans la prochaine édition de Jeune Afrique, Aminata Touré Mimi explique le sens pédagogique et historique du procès de Hissène Habré et enfourche comme à son habitude, le cheval de la traque des biens supposés mal acquis mais cette fois-ci, le couteau n’est plus entre les dents mais dans son fourreau. Morceaux choisis.

 CHAMBRES AFRICAINES. Les chambres africaines extraordinaires ont été inaugurées le 8 février dernier à Dakar. Aux yeux de la garde des Sceaux, « c’est une date historique aussi bien pour la justice internationale que pour la justice africaine. L’enjeu était de montrer que l’Afrique, en 2013, est capable de tenir un procès de ce type conformément aux standards internationaux ». Toutefois, « l’instruction commence avec la collecte des preuves et témoignages ». Le ministre de la Justice évalue cette étape à dix-sept mois. Soit en juillet 2014. C’est après seulement que commencera l’accusation. A ce niveau, la chambre d’accusation fonctionnera comme une procédure pénale classique.

 HISSENE HABRE. Le procès de l’ancien président tchadien découle d’une ferme volonté politique de la part du régime de Macky Sall. De l’avis de celle qui incarne Dame Justice, « on ne pouvait pas parler de lutte contre l’impunité au Sénégal et ne pas tenir nos engagements concernant le procès. D’autant plus que la Cour internationale de la Justice (Cij) nous a clairement fait injonction, en juillet 2012, de juger M. Habré ou de l’extrader. Nous estimons que les Africains doivent être jugés en Afrique ». Saisissant la bal au bond, son estimé contradicteur Medhi Bâ deJeune Afrique l’interpelle : Pourquoi avoir déposé une plainte en France contre dix personnalités sénégalaises dont Karim Wade, plutôt que de solliciter une entraide judiciaire avec Paris dan le cadre d’une procédure instruite au Sénégal ? A ce niveau les réponses deviennent moins convaincantes.

 BIEN MAL ACQUIS. Sa défense est la suivante : « Nous avons des raisons d’estimer que le fruit de certaines activités délictuelles a trouvé refuge à Paris. La justice française a donc ouvert une information judicaire (Ij) à la suite d’une plainte que nous avons déposée. Nous deux pays sont signataires de la convention des Nations-Unies contre la corruption, et la France permet la constitution de partie civile. A nos yeux, c’est une opportunité à saisir. Notre objectif, à terme, est de recouvrer les biens mal acquis. Toutes les voies permettant de l’atteindre méritent d’être explorées ». A la question de savoir si cette traque ne détournera pas les autorités des priorités des populations, elle reconnaît du bout des lèvres que ce n’est pas l’unique préoccupation des Sénégalais. Mais que les Sénégalais veulent que leur argent soit restitué. « C’est une demande très forte ».

 DES TEMOINS. Pour terminer, Jeune Afrique l’invite à se prononcer sur l’interdiction de sortie du territoire d’une dizaine de personnalités et la plainte devant la Cour de justice de la Cedeao contre la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) jugée illégale. A ce niveau, Mme Touré choisit bien ses mots et évite soigneusement de parler d’interdiction de sortie du territoire. Lisez plutôt ! « Il se trouve que le procureur spécial de la Crei estime que les personnes auditionnées doivent rester sur le sol sénégalais. Même s’il ne s’agit pour l’instant que de simples témoins (sic !), on peut demander, dans le cadre d’une procédure, qu’ils restent à la disposition d l’enquête. La Cour de justice de la Cedeao tranchera le 22 février ».

 Il y a une étonnante évolution et un glissement sémantique dans le discours de Aminata Mimi Touré qui invite désormais à la prudence et au respect des droits de la défense. On notera au passafe que Karim Wade, Abdoulaye Baldé, Madické Niang, Oumar Sarr, Ousmane Ngom, Samuel Sarr, Tahibou Ndiaye et autres, sont passés du statut de coupables, à celui de présumés, de celui de présumés à celui de témoins.

Lesenegalais.net

1 COMMENTAIRE

  1. Madame le Ministre Aminata Touré ne pouvait quand même pas continuer à prendre les Sénégalais pour ders ignares, incapables de discernement dans cette nébuleuse qu’on appelle pompeusement et de manière fallacieuse « traque des biens mal-acquis !
    Je disais, tout au début de ce mauvais film que face à l’opinion Internationale, il faudra bien qu’un jour le Ministre de la Justice nous dise sur quelles sont les bases juridiques sur lesquelles reposent les enquêtes de cette CREI? Et mieux, si messieurs Oumar Sarr, Ousmane N’gom, Karim Wade Samuel Sarr et Madické Niang étaient es qualité de témoin ou d’inculpé, compte tenu de l’interdiction qui leur est faite de ne pas quitter le territoire Nationale !
    Enfin, madame Aminata Touré parle intelligemment à une opinion internationale qui s’informe plus à travers l’hebdomadaire « Jeune Afrique » que par nos quotidiens nationaux. Il me souvient des propos du Professeur Babacar Guèye que nul ne peut soupçonner de quelques accointances amicales avec l’ancien régime, qui disait :  » La haute Cours de Justice est la seule instance habilité à les juger, mais une Commission Ad hoc peut parfaitement les entendre et leur immunité Parlementaire (des seuls Députés) peut être levée »!
    Qu’est-ce à dire ? – Que la CREI EST DISQUALIFIEE et j’attends maintenant de savoir devant quelle autre Juridiction les Députés vont être jugés après cette levée d’immunité. S’agissant de cette fameuse plainte déposée à Paris, qui semble être la tarte à la crème de Madame Le Ministre de la Justice et ses Avocats-Enquêteurs, casseurs de provisions, je leur signale que la Justice Française n’a aucune prérogatives pour déterminer si les biens de tel ou tel autres Citoyens étranger, de surcroît ancien dirigeants d’un Pays comme le Sénégal sont d’origine licite ou illicite.
    La « jurisprudence Bongo », Sassou N’Guesso et Théodore N’guéma est là pour nous inciter à la prudence, parce que M° SOW Félix et ses amis Français ont été lamentablement déboutés comme des « bleus » et ces anciens et actuels Chefs d’Etats ont conservé leurs biens partout en France! Je suis ravi de constater que madame Aminata Touré admette dans cette interview que ceux qu’on traîne dans la boue depuis des années ne sont que des témoins présumés innocents !
    Enfin, dois-je m’exclamer, et que n’aurait-on commencé par-là, afin de nous épargner de chaudes empoignades sur les interprétations juridiques des uns et des autres ?
    En ce qui concerne l’affaire Habré, l’homme que des Belges, assassins de Congolais et du plus célèbre d’entre-deux, Patrice Lumumba, le moment venu, leurs représentants fantoches au Sénégal, tapis dans les organisations de « défenses de l’homme » vont peut-être nous aider à porter plainte contre le Royaume de Belgique criminel!
    J’en ai beaucoup dit depuis des années, advienne que pourra, mais l’histoire retiendra qu’un Chef d’Etat Sénégalais s’est laissé berner par des « gamins » belges pour exécuter un de nos frère que notre justice avait déjà jugé!

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