An 2 Du Plan Sénégal Émergent Les Premiers Résultats Diversement Appréciés

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Le ministère de l’Économie, des Finances et du Plan a fait un bilan à mi-parcours du Plan Sénégal émergent (Pse) lancé en 2014. Pour Amadou Ba, le Pse commence à produire ses premiers fruits. Mais l’ancien ministre du Budget, Ibrahima Sarr et le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) à Dakar, Boileau Loko, pensent qu’il est encore très tôt de faire un bilan d’un Plan dont l’horizon est 2035.

Le Plan Sénégal émergent (Pse) livre ses premiers résultats. Grâce au Pse, le Sénégal est passé d’un taux de croissance de 4,3% en 2014 à 6,5% en 2015, a rapporté hier le Directeur général de la planification et des politiques économiques. Pourtant, Pierre Ndiaye qui faisait une présentation des premiers résultats du Pse lors du point économique de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) note que de 2006 à 2011, le Sénégal a connu une évolution très erratique de la croissance. En 2014, Macky Sall, élu président de la République en 2012, a lancé le Plan Sénégal émergent. Ledit plan est devenu l’unique référentiel de la politique économique du gouvernement.

La présentation de Pierre Ndiaye montre un Sénégal en bonne santé financière. La preuve, d’après M. Ndiaye, il y a une progression significative des recettes budgétaires grâce à une progression des recettes fiscales’’. Le déficit budgétaire, informe-t-il, a été réduit de deux points en 4 ans. Aujourd’hui, renchérit le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, tous ‘’les agrégats macroéconomiques et sectoriels sont favorables, de même que les évolutions récentes et à court-terme, de l’activité économique’’. Ce qui a fait dire au Conseiller spécial du président de la République, Falou Samb, qu’il y a bel et bien ‘’un effet Pse’’.

‘’Les 6,5% de croissance que le Sénégal a connue en 2015 sont attribuables au Pse’’, reste convaincu M. Samb. ‘’Il y a un budget Pse, une croissance Pse. Donc le Pse est en marche’’, persiste-t-il.

Cependant, le représentant résident du Fonds monétaire international (Fmi) au Sénégal n’est pas en phase avec le Conseiller spécial du président de la République. D’après Boileau Loko qui a pris part à ce point économique de la Dpee sur les deux ans du Plan Sénégal émergent, ‘’on ne peut pas totalement attribuer la croissance du Pib au Plan Sénégal émergent’’. M. Loko estime qu’il est ‘’encore très tôt’’ de le faire.

A son avis, les facteurs qui expliquent la croissance en 2015 sont plus exogènes, notamment un environnement international favorable, une baisse du prix du pétrole. Un point de vue que partage l’ancien ministre du Budget sous Abdoulaye Wade. De l’avis de Ibrahima Sarr, ‘’il est encore très tôt de parler du bilan du Pse’’. Cela, conseille-t-il, doit se faire après 5 ans de mise en œuvre pour voir les prémices et les retombées des investissements’’. Toutefois, le représentant résident du Fmi indique qu’avec le Pse, ‘’les maux du Sénégal sont connus, les solutions aussi’’. Tout ce qui reste, dit-il, est de passer à l’action.

Maintenir la dynamique

Par ailleurs, même si le Sénégal a connu une augmentation de son taux de croissance durant ces 3 dernières années, le défi, d’après Boileau Loko, est de pouvoir maintenir cette dynamique pendant 10 à 15 ans afin de réduire drastiquement la pauvreté. ‘’Ça n’a pas été facile et ce ne sera pas facile. Le plus difficile, ce n’est pas d’atteindre ce taux de croissance mais comment le maintenir pendant un certain nombre d’années. Pour cela, il faut être prudent’’, avertit-il. Alors, pour garder ce cap, il est important pour le Sénégal de s’intégrer à l’économie mondiale, propose l’ancien ministre du Budget Ibrahima Sarr.

Car de l’avis de ce dernier, le Sénégal reste encore dépendant de la conjoncture internationale. Par contre, selon le Professeur Moustapha Kassé, la réussite du Plan Sénégal émergent dépendra des bonnes décisions politiques. D’après le Doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Ucad, les pays qui sont aujourd’hui appelés ‘’pays émergents’’ ne le sont pas parce qu’ils ont du pétrole, du gaz, de l’or. ‘’Ils le sont devenus parce qu’il y a eu de bonnes décisions politiques’’. Pour y arriver, dit-il, les politiques doivent arrêter de penser en termes de réélection à un prochain scrutin mais doivent travailler pour satisfaire la demande des populations.

Quelle place pour le secteur privé ?

Si le Sénégal a atteint une croissance de 6,5% en 2015, c’est grâce surtout au dynamisme de son secteur privé, croit savoir Boileau Loko. ‘’Le secteur public doit mettre en place les conditions qu’il faut, que ce soit au niveau des infrastructures ou de l’environnement des affaires’’, plaide-t-il. Si on parle du secteur privé, c’est à la fois le national et l’international. Toutefois, le Professeur Moustapha Kassé invite les acteurs politiques à ne pas briser le privé national qui, dit-il, ‘’cherche à s’insérer’’ sans avoir les moyens qu’il faut.

Quant au représentant de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), Mor Talla Kane, il cite l’exemple de la Côte-d’Ivoire. Quand il y a eu les premiers coups de feu, rappelle-t-il, toutes les entreprises étrangères ont quitté le pays. Il ne restait, selon lui, que les entreprises locales qui avaient déjà un appui solide. Par cette image, le secrétaire général de la CNES montre toute l’importance d’un secteur privé fort dans un pays.

En outre, pour maintenir cette dynamique de croissance, le secrétaire général de la Confédération des employeurs du Sénégal est d’avis que le Sénégal ne peut pas continuer à se recroqueviller sur lui-même. Il doit partir chercher cette croissance chez ses voisins de la sous-région. Sur ce point, le Délégué général aux pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose, Seydou Sy Sall, indique que la création d’un grand pôle urbain dans la région de Tambacounda pourrait permettre de s’ouvrir aux autres pays de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Facteurs de risques

En 2016, le Sénégal projette sa croissance à 6,6%, à en croire le Directeur général de la planification et des politiques économiques. Même si les perspectives dans le futur restent ‘’bonnes’’, il demeure néanmoins qu’il existe des facteurs de risques. Ces risques, selon Pierre Ndiaye, sont surtout liés à la situation d’insécurité dans la sous-région, les retards dans l’exécution des projets phares du Pse.

BOILEAU LOKO (REPRÉSENTANT FMI AU SÉNÉGAL)

‘’Le Sénégal jouit d’une très bonne image sur l’international’’

‘’Le Sénégal jouit d’une très bonne réputation, que ça soit auprès des agences de notation ou des marchés internationaux, pour financer ses projets dans le Pse.’’ En affirmant cela, le représentant résident du Fonds monétaire international au Sénégal, (FMI) au Sénégal, Boileau Loko, confirme le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Ba. Ce dernier, lors du point économique de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), a annoncé que ‘’le Sénégal est classé en tête de 22 pays africains pour la qualité de ses performances économiques’’ par l’agence de notation américaine Moody’s.

Toutefois, Boileau conseille au Sénégal de maintenir cette ‘’bonne réputation’’ qu’il a auprès des agences de notation et de la communauté internationale. Aussi, dira-il, le Sénégal trouvera les ressources pour financer son Plan Sénégal émergent.

ALIOU NGAMBY NDIAYE

enqueteplus.com

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