Pour ceux qui en doutaient encore, la Cour de répression de l’Enrichissement illicite (Crei) les carottes semblent bien cuites. Dans une longue interview à lire et à faire lire à la classe politique, à la grande famille des juges et auxiliaires de justice et la société civile dans son ensemble, l’ancien président de la Cour suprême et du Conseil d’Etat Ousmane Camara, explique dans l’Observateur de ce mercredi 6 février 2013 comment il amena le Président Abdou Diouf à mettre en veilleuse cette cour anachronique et illégale. Donnant raison, au passage, aux chancelleries occidentales, à l’opposition sénégalaise et à une bonne partie de l’opinion nationale et africaine.
Après avoir été ambassadeur du Sénégal à Londres, Ousmane Camara raconte qu’il est revenu à Dakar pour être Président de la Cour d’Appel en 1984. Or le Président de cette Cour était automatiquement celui de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (Crei). Il a alors écrit au Président Diouf pour lui signifier qu’il ne se voyait pas occuper la présidence de la Crei : « parce que je ne pouvais pas présider une institution à la laquelle je ne croyais pas. En tant que juriste, j’estime que c’est une institution contre-nature pour un magistrat. Le Chef de l’Etat a été conséquent avec lui-même. Il a mis en veilleuse la Cour et a fermé ses locaux ».
Dans l’intime conviction de ce haut magistrat émérite, le système judiciaire sénégalais est essentiellement accusatoire. La charge de la preuve appartient invariablement à l’accusateur. Cette interview réalisée par nos confrères Ndiaga Ndiaye et Codou Badiane fera autorité en la matière. Lorsque la politique fait beaucoup de bruit et rencontre, par hasard, le droit positif, en la personne de Ousmane Camara, les personnes de bonne foi s’inclinent. Forcément !
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