LE QUOTIDIEN – Son mandat devait arriver à terme à la fin janvier, mais Saër Niang a trouvé le moyen de le prolonger de deux mois. Mieux, il s’est fait octroyer, par contrat, des indemnités de départ, équivalant à deux années de contrat. En sus d’autres avantages. Pas étonnant que son fauteuil suscite tant de convoitises.
A l’Armp, le mandat du Directeur général Saër Niang est arrivé à expiration depuis la fin du mois de janvier. Mais, des bonnes langues en interne, disent que piqué par la même mouche que Nafi Ngom Kéïta, le directeur a pu obtenir un petit rab. En effet, M. Niang, pour convaincre le Conseil de régulation, a affirmé que si la date de sa nomination était le premier janvier, la notification de son mandat ne serait intervenue qu’à la fin de mars, qui selon ses propres termes, serait donc la date officielle pour toute fin de son mandat. Si l’argumentaire n’a pas prospéré avec l’ancienne présidente de l’Ofnac, il semblerait que le directeur sortant de l’Autorité de régulation des marchés publics a pu obtenir gain de cause.
Et sans doute enhardi par cette victoire, M. Saër Niang aurait fait valoir, à en croire des voix à l’intérieur de l’Armp, qu’il serait disposé à rempiler pour un troisième mandat, «informel», au cas où le Conseil peinerait à lui trouver un successeur. Mais là, il est apparu comme un couac et le Conseil de régulation s’est voulu ferme : «Si son mandat arrive à expiration avant que le processus de sélection ne soit achevé, nous allons désigner un intérimaire !», assure un membre du Conseil. Qui exclut donc de voir le Dg rempiler sous quelque forme que ce soit.
Il faut dire que, pour un régulateur des marchés publics, parangon de la bonne gestion des deniers publics, il ne s’applique pas les préceptes qu’il recommande aux autorités contractantes qu’il supervise. M. Saer Niang s’est, à son arrivée à la tête de l’Armp, assuré d’un joli matelas financier. Des documents internes à la boîte montrent que, en plus de son salaire de 4 millions de francs Cfa mensuels, le Dg s’est fait octroyer ce qu’il a fait appeler, «une indemnité de précarité», sorte de parachute dorée à la mode Armp. Cette indemnité équivaut à un an de salaire par mandat. Et puisque M. Niang a accompli deux mandats de deux fois trois ans, il obtiendra donc l’équivalent de huit ans de salaire, en dehors de diverses autres indemnités acquises pour un fonctionnaire de son niveau.
Cerise sur le gâteau, le Dg a fait acheter un véhicule de fonction il y a deux ans. Un véhicule tout-terrain, dite 4X4, acquise rubis sur l’ongle auprès d’un concessionnaire. Ce véhicule lui aurait été cédé au dixième de sa valeur. Une sorte de «cadeau de départ», quoi. En guise d’explication, des membres du Conseil de régulation indiquent que l’actuel Conseil n’a pas eu le loisir de regarder le contrat d’embauche du Dg, qui avait été négocié avant l’entrée en fonction des conseillers actuels. Ce qui explique que Saer Niang quittera ses fonctions, à la fin-mars prochaine, avec tous les avantages qu’il a pu obtenir.
Mais il semble que ce traitement du Dg ait rendu son fauteuil des plus juteux, et susciterait de nombreuses convoitises, au risque de faire dérailler le processus de recrutement.
Certains candidats, qui avaient estimé qu’ils n’avaient pas été traités sur le même pied que d’autres, avaient déposé des recours auprès du Conseil. On en venait à parler de «flou et de mise en scène trompeuse» qui auraient été l’œuvre du cabinet Adira, chargée de trouver le profil idéal. Ils ont trouvé que le cabinet voulait préparer la place pour une personnalité déterminée. Au point que le Conseil, saisi par différentes plaintes, a dû intervenir pour tenter de mettre de l’ordre. Et certains conseillers ont reconnu avoir demandé au cabinet de ne pas chercher à leur «imposer un profil, mais plutôt de leur soumettre des candidats». Et c’est finalement ce qui aurait été fait ; trois candidats ayant été présentés. Le Conseil devrait commencer bientôt les entretiens. Les candidats récusés auront très peu de chances de se voir repêchés. Surtout que le contrat du futur Dg ne pourra pas, sous l’actuel Conseil, être aussi bien blindé.
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