Arrêtez Ousmane Sonko pour de bonnes raisons ! (Par Madiambal Diagne)

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La débauche d’énergie, de désordre et de violences constatée dans la ville de Mbacké vendredi dernier est bien inutile. Les Forces de sécurité ont dispersé, à coups de grenades lacrymogènes et de matraques, des rassemblements sporadiques organisés par l’opposition sous la bannière du parti Pastef. De gros renforts de troupes ont été envoyés sur les lieux. Ousmane Sonko et ses partisans tenaient à protester contre l’interdiction, par le Préfet, d’un meeting politique prévu dans la ville. Les habitants de Mbacké, et même de la ville voisine de Touba, ont été importunés par ces événements qui, du reste, n’apportent rien à l’autorité de l’Etat et au système démocratique. Bien au contraire, la répression policière de manifestations de ce type porte indubitablement tort à tout régime, surtout que dans le cas d’espèce, l’ouverture d’esprit, le sens du dialogue et de la conciliation auraient permis facilement d’éviter de tels heurts ou débordements. En effet, le meeting a été interdit non pas pour des motifs de troubles potentiels à l’ordre public ou d’une quelconque menace pour la paix et la sécurité. Le motif invoqué par le Préfet tient à une violation de dispositions réglementaires encadrant l’organisation d’une manifestation sur la voie publique, dans le sens que la lettre de déclaration, déposée au niveau de la Préfecture de Mbacké, n’était signée que par deux personnes responsables alors que, de l’avis des autorités administratives, il en faudrait trois signatures pour satisfaire à la loi.

C’est dire qu’il aurait été plus facile pour le Préfet d’appeler les organisateurs pour leur expliquer, dans l’intimité de son bureau, leur erreur et leur demander de corriger sans encombre ce qui se révèle en définitive n’être qu’un détail. Combien de fois des préfets, policiers ou gendarmes ont discuté, négocié avec des organisateurs de manifestations publiques, pour se faire des concessions mutuelles et s’accorder sur un itinéraire ou sur les modalités de déroulement ? Dans la pratique administrative, il est de coutume que des dossiers administratifs soient complétés ou régularisés en cours de traitement. L’Administration doit faciliter les procédures à ses usagers. C’est ainsi par exemple que les services du ministère de l’Intérieur avaient accepté que des listes imparfaites de l’opposition pour les élections locales et/ou législatives puissent être corrigées avant leur publication. Mieux, d’expérience, on a vu le Conseil constitutionnel autoriser tel ou tel candidat à compléter une pièce administrative ou à la remplacer dans son dossier de candidature à l’élection présidentielle. En d’autres termes, qui peut le plus peut le moins. Franchement, la démocratie et l’exercice des libertés fondamentales s’accommoderaient très facilement d’un tel arrangement sans coup férir, encore moins y perdre son âme. Je continue à croire que les autorités publiques auraient gagné en persuasion et auraient renforcé le niveau de confiance avec les acteurs de l’opposition, s’il y avait eu plus de tact, qu’elles eurent privilégié le côté didactique plutôt qu’une volonté de répression, pour ne pas dire, de règlement de comptes.

A quoi bon interdire, pour défaut d’une petite signature sur trois nécessaires, un meeting qui devait se tenir le 10 février, alors qu’on l’autoriserait pour le 24 février, nouvelle date retenue par les organisateurs qui ont pris, cette fois-ci, le soin de faire figurer trois signatures sur la lettre de déclaration de la manifestation ? Assurément, par ce coup, les autorités administratives viennent de doper à bloc les «pastéfiens» pour leur meeting du 24 février prochain. Ils ne pouvaient pas rêver d’une meilleure publicité et surtout d’une aussi bonne source de motivation ! Ce sera un pari ou un défi pour chaque militant de rallier Mbacké pour grossir les rangs du meeting et y faire une démonstration de force. Or, le meeting de Mbacké aurait même pu se retourner contre les organisateurs qui venaient, quelques jours auparavant, de proférer des déclarations irrévérencieuses à l’endroit du Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, ainsi que de nombreuses autres autorités religieuses. Sur les réseaux sociaux, des militants attitrés du parti Pastef se sont déchaînés sur les guides religieux et ont eu à choquer plus d’un. C’est dire que ce meeting, préparé par d’autres membres des familles religieuses de Touba, parfois dans une posture irrédentiste vis-à-vis du khalife, pourrait se révéler être un acte de défiance à l’endroit de ce dernier. L’Etat les aurait-il laissés parler à profusion à ce meeting, que les leaders du parti Pastef commettraient des impairs, se seraient tiré une balle dans le pied en poursuivant dans la surenchère et l’invective contre Serigne Mountakha.

Répression contre Pastef à Mbacké : Macky Sall perd à pile et à face
Les images de la répression policière à Mbacké et Touba, avec les nombreux saccages de commerces et de biens publics comme privés, ont fait le tour du monde et ne sont point à l’avantage du régime de Macky Sall. D’aucuns ont vu ressurgir le spectre des événements meurtriers de mars 2021 ; et il sera difficile de réfuter l’idée qu’on empêcherait ainsi l’opposition de tenir un meeting. C’est comme si les autorités publiques font le jeu de Ousmane Sonko, surtout avec des dégâts provoqués sur son véhicule, et il semble qu’il l’aurait bien cherché, car des images montrent le conducteur foncer sur un barrage policier. De toute façon, de tels dommages sur le pare-brise auraient pu être du fait même de ses propres partisans qui utilisent régulièrement ces méthodes pour chercher à alimenter leur machine de propagande et de manipulation. Par cette situation, les autorités publiques accréditent l’idée d’une persécution, d’un acharnement contre cet homme politique qui se «victimise», s’enhardit d’une telle situation et devient de plus en plus téméraire. On finirait par lui donner le sentiment d’avoir raison.

Le ressenti d’injustice est d’autant plus recevable, qu’au moment où des meetings ou des randonnées des opposants sont interdits pour des motifs aussi légers ou fallacieux, des responsables du camp présidentiel organisent les leurs et tous autres rassemblements avec des débordements de foules occupant la voie publique et qui promeuvent la candidature de leur champion à la prochaine élection présidentielle de 2024. Si toutes choses seraient égales par ailleurs, le meeting de l’opposition à Mbacké aurait été autorisé et se serait déroulé sans anicroche. Voudrait-on empêcher qu’un rassemblement réussi de l’opposition dans un fief qui lui est acquis balance la forte mobilisation à Thiès à l’accueil du Président Sall ? Si telle était la réelle motivation de l’interdiction du meeting de Mbacké, on pourrait considérer que la démarche est maladroite et manque d’intelligence. De toute façon, la répression a produit l’effet inverse, car elle a éclipsé les belles réalisations et beaux projets exhibés par le Président Macky Sall à Thiès. Finalement, les médias et l’opinion publique ne retiennent de la journée du vendredi 10 février 2023 que les violences perpétrées à Mbacké et que le signal de la télévision Walfadjri a été coupé. Qu’est-ce que Walf Tv a pu faire qu’elle n’a pas déjà fait ? La nouveauté, et le plus sordide dans l’affaire, est peut être que la Direction de Walf Tv a admis elle-même que la chaîne a fait une diffusion commerciale qui se révèle, de surcroît, être des appels insistants à l’émeute.

Du reste, il aurait été plus acceptable de prétexter de risques de troubles ou de manque d’éléments de sécurité déjà déployés par exemple à Thiès pour justifier l’interdiction du meeting. On en arrive à une situation où les pouvoirs publics semblent être excédés par des provocations et défiances récurrentes et auraient voulu les faire payer. Soit ! Seulement, Ousmane Sonko peut rester puéril, insolent, immature et irresponsable en prônant le vulgaire «gatsa gatsa», mais l’Etat n’a pas à tomber à son niveau. Si tant est que les pouvoirs publics voudraient lui montrer de l’exaspération, ne plus lui faire de cadeau et lui prouver que force restera toujours à la loi et que l’ordre républicain sera de rigueur, ils n’ont qu’à l’arrêter pour de bonnes raisons, ou le laisser continuer à narguer son monde, à faire montre d’insolence à l’endroit des institutions républicaines, des autorités religieuses et coutumières et continuer d’insulter toute personne qui ne l’applaudirait pas.

Arrêter Sonko avant qu’il ne soit trop tard !
Les bonnes raisons ne manquent véritablement pas pour empêcher Ousmane Sonko de tout se permettre. L’affaire des viols présumés dont se plaint Adji Sarr aurait pu suffire pour le coffrer, même si d’aucuns trouveraient toujours à redire. Et même dans ce cas, les violations du secret de l’instruction et surtout les autres types de violations répétées des conditions de sa mise sous contrôle judiciaire, donnent des raisons suffisantes de révocation de cette mesure. Au demeurant, ses multiples appels à l’insurrection, suivis d’effets violents et sanglants les 6,7 et 8 mars 2021, avec leur bilan macabre de 14 personnes tuées, ou les appels à empêcher la tenue des élections législatives de 2022 (4 morts) devraient le mener en prison ; tout comme les outrages aux magistrats, les bravades, le discrédit des institutions publiques, les insultes et injures, mensonges et attaques contre des personnes investies de l’autorité de l’Etat (Justice, police, Armée, gendarmerie). Le parti Pastef finance ses activités politiques en violation flagrante de toutes les règles légales et démocratiques.

Tous ces faits sont des motifs légitimes qui enverraient tout autre citoyen dans les liens de la détention ! Dans quel pays au monde un citoyen peut-il menacer devant les caméras de télévision de tuer le chef de l’Etat ou d’envoyer 200 mille manifestants pour le déloger du Palais et rester à dormir chez soi ? Dans quel pays au monde un homme politique donnerait-il l’ordre à son chauffeur de foncer sur un barrage de police et rentrer tranquillement chez lui ? Oui, c’est déjà arrivé au Sénégal ! En février 2015, l’ancien Président Wade, qui n’avait plus toute sa tête suite à l’emprisonnement de son fils Karim, avait forcé un barrage de police pour se rendre à un rassemblement de l’opposition. Une procédure judiciaire avait été ouverte contre le chauffeur, mais les poursuites avaient été vite abandonnées car le pouvoir ne tenait pas à s’en prendre au donneur d’ordre.

Qu’on se le tienne pour dit, à chaque pas que l’Etat reculera, Ousmane Sonko et ses affidés avanceront de trois pas pour piétiner allégrement l’Etat de Droit. Relisez notre texte du 29 août 2022 intitulé : «Sonko ou le monstre de Frankenstein.»

Le plus grave est que ce sentiment d’impunité devient si ancré dans les esprits, qu’ils finissent par considérer que les autorités publiques redoutent le leader du parti Pastef. Lui-même clame sur tous les tons que Macky Sall ou son Premier ministre Amadou Ba sont des poltrons. Seulement, par cet attentisme, cette inaction, les autorités de l’Etat font tort à toute la République et à ses citoyens. Toutefois, de mauvaises réactions, comme celle inappropriée à Mbacké, illustreraient l’allégorie de la trace du serpent contre laquelle on s’acharnerait. En effet, si l’Etat ne peut agir quand la raison et la légitimité sont avec lui et qu’il préfère faire le dos rond dans ces circonstances, qu’il continue ainsi et pour toujours, quand le motif devient illégitime, pour ne pas dire fallacieux. Autrement, c’est cet Etat qui aura provoqué le trouble à l’ordre public, le désordre et le tumulte. Les citoyens auront fini de se résigner à toutes les incartades. Nous nous y ferons ou chacun réglera le problème à sa façon.

On voudrait laisser prospérer l’idée que Ousmane Sonko chercherait à aller en prison pour des motifs moins infâmants que l’affaire de viols et autres sévices sexuels dont se plaint Adji Sarr ; nous préférons dire que le motif importerait point, dès l’instant que son emprisonnement résulterait d’une violation grave et effective de la loi de la République ! Chercherait-on à appliquer et faire respecter les lois de la République ou à faire honte ou humilier un adversaire politique ? Le risque est grand que le citoyen en arrive à regretter l’absence d’autorité de l’Etat et devenir nostalgique d’un Djibo Leyti Ka, qui avait pris sur lui de mettre un terme aux provocations et autres agressions contre l’Etat et la République du fait de Serigne Moustapha Sy et des responsables du Mouvement Dahiratoul Moustarchidine Wal Moustarchidati. En octobre 1993, Djibo Ka avait ordonné à la police d’aller chercher Serigne Moustapha Sy, suite à de graves injures et attaques contre le Président Abdou Diouf. L’histoire raconte que devant d’ignobles insultes à son endroit, le Président Abdou Diouf nourrissait des appréhensions pour faire cueillir Serigne Moustapha Sy, mais son ministre de l’Intérieur restait droit dans ses bottes, assurant qu’il ne saurait laisser la République se faire agresser de la sorte ; quitte à ce que son action lui coûtât son poste après coup ! En février 1994, avec l’affaire de l’assassinat de six policiers sur le Boulevard Général De Gaulle, le ministre de l’Intérieur fit arrêter Pape Malick Sy et, dans la foulée, fit dissoudre le mouvement. Un autre exemple historique est celui d’un Idrissa Seck, Premier ministre, qui avait intimé l’ordre à la police d’aller chercher Serigne Khadim Bousso, poursuivi pour banqueroute frauduleuse et qui refusait en 2003 de répondre à la Justice, ou encore d’une Aminata Touré, ministre de la Justice, qui avait fait arrêter Cheikh Bethio Thioune en 2012, dans l’affaire du meurtre d’un de ses disciples à Médinatoul Salam. Tout cela pour que force restât à la loi. Malheureusement, on peut avoir l’impression aujourd’hui que les rigueurs de la loi ne tombent que sur les nombreux jeunes lampistes, des badauds arrêtés suite à des instigations manifestes dont les auteurs connus sont pourtant épargnés. Les arrestations de ces personnes deviennent à la longue inutiles et improductives.
Par Madiambal DIAGNE – [email protected]

4 Commentaires

  1. Au Sénégal l’actuel prèsident Macky Sall veut bien partir mais il ne peut pas à cause de son entourage trempè dans des scandales financiers sa femme Marième Faye une ancienne vendeuse de thiouraye pauvre comme un rat devenue toute suite distributeur automatique de billets de banque son fils Amadou Sall alias Tanne Bombé un gosse de 30 ans qui pèse près de 200 KG à force de manger comme son phacocère de père ce gosse est pire que les deux Karim (Wade et Keita ) il possède des maisons à Dubai sans parler d’un parc automobile de plusieurs véhicules de sports on estime son parc automobile à plus 2 milliards son frère Aliou Sall un ancien soit disant journaliste qui n’a jamais travaillè dans un journal ou une maison de presse il est devenu le monsieur pètrole du pays il a négocié tous les contrats de pétrole et de gaz du pays on parle de pots de vins de plus de 600 milliards de Fcfa qu’il aurait encaissés son gendre Mansour Faye frère de Marième Faye ce monsieur est ministre continuellement depuis 2012 occupant que des postes juteux celui de la solidarité nationale puis ministre chargé des inondations et enfin ministre des transports et des infrastructture ce monsieur est la vitrine du régne crapuleux de Macky Sall il est cité dans tous les scandales qui ont secouè le pays depuis 2012 dans un pays normal il y a longtemps qu’il serait en prison
    A coté de cette famille nauséabonde et criminelle il y a d’autres pour qui le départ de Macky Sall du pouvoir serait une fin certaine de leur carrière de déliquants je veux citer l’actuel ministre de l’éducation nationale Cheikhou Oumar Hanne ou Cheikh nièbè celui qui avait déclaré devant les enqueteurs de l’OFNAC qu’il avait achete le kilo de haricot ou nièbé à 4000 FCFA
    Farba NGom griot de Macky Sall devenu riche on l’a vu jeté des billets de banque à des personnes et il aurait estimé sa fortune personnelle à plus de 25 milliards pour quelqu’un qui n’avait pas 1000 fcfa avant 2012
    Mame Mbaye Niang actuel ministre du tourisme il est accusè de détournement de plus de 12 milliards sur les fonds destinès au PRODAC
    Ils sont nombreux des ministres des responsables du parti au pouvoir des patrons de presse pour qui le départ de Macky Sall serait une catastrophe judiciaire pour eux ils le poussent à installer la terreur et un Etat policier au Sénégal
    Les opposants sont interdits de manifester des dizainzes de jeunes sont arrétés et jetés en prison pour avoir manifester des journalistes sont emprisonnés sur des accusations fallacieuses des médias fermés pour des motifs grotesques tout cela pour faire passer une troisième candidature de monsieur Macky Sall

  2. Macky Sall avec la complicitè de l’ambassadeur de France au Sénégal de certains chefs religieux corrompus d’une certaine presse surtout celle appartenant au chanteur Youssou NDOUR est entrain d’instaurer un Etat policier et de terreur au Sénégal
    La semaine dernière un militant du parti PASTEF de Ousmane Sonko a été cueilli à l’aéroport de Dakar de retour au pays car parait il il postait des commentaires sur sa page Facebook ou il appelait les jeunes à la résistance rien que pour ça ce jeune va séjourner des mois en prison et il risque de perdre sontravail en France et sa femme et ses gosses sont en France
    Sous Abdou Diouf et sous Wade aucune personne n’a jamais été arrétée pour des motifs aussi fallacieux et grotesques on frole la dictature dans ce pays
    Tout cela n’a pour objectif que de faire passer par la terreur la troisième candidature de Macky Sall et liquider son opposant le plus dangeureux Ousmane Sonko ce qui se passe au Sénégal actuellement est dramatique ne soyez pas surpris que d’ici quelques mois que vous assistiez à des scénes de violences terribles le pouvoir rend fou et monsieur Macky Sall ne jouit plus de ses facultès mentales il est controlé par sa femme et sa belle famille

    • Le gosse qui jouait les caïds en ligne n’a encore rien. Continuez d’écrire des saloperies. On vous attend au tournant.

      Le nègre et Internet, tout une histoire.

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