Assainissement du site, construction et attribution des maisons, bassins de rétention,… : La Cour des comptes liste les travers de Jaxaay

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Le rapport d’audit de la Cour des comptes sur le «Plan Jaxaay» révèle, à la lecture, de lourdes incohérences. Maisons vendues, louées ou attribuées à des non ayants droit, les exemples fleurissent dans ce rapport qui dénonce la gestion irrationnelle des inondations par le régime libéral.
S’il est un projet qui doit intéresser les auditeurs au commencement de ce nouveau régime, c’est sans conteste le Projet de construction de logements sociaux et de la lutte contre les inondations et les bidonvilles (Pclslib), qui a été mis en place suite à la dissolution de l’Agence nationale de lutte contre les inondations et les bidonvilles (Anlib). Communément appelé Plan Jaxaay, ce projet a reçu la visite des vérificateurs de la Cour des comptes. Des commissaires qui n’ont pas pu en croire leurs yeux devant l’importance des malversations et autres fautes de gestion qui ont accompagné l’exécution de ce projet qui a pourtant coûté au contribuable sénégalais la bagatelle de 52 milliards de francs Cfa.
Dans un rapport d’une cinquantaine de pages datant de 2010 et dont Le Quotidien a obtenu copie, les auditeurs constatent que sur 3 000 logements prévus dans le Plan Jaxaay, seuls 2 000 ont été réalisés. «Et sur les 2 000 logements livrés par les différentes entreprises, seuls 1 917 ont été effectivement attribués», déplorent les vérificateurs qui recensent également toutes sortes de ma­gouilles ayant accompagné l’attribution aux ayants droit.
Au chapitre des incohérences, la Commission de vérification et de contrôle des comptes et des établissements publics (Cvccep) de la Cour des comptes évoque le cas de Mama­dou Diouf. Cet agent recruté par le Plan Jaxaay a ainsi pu bénéficier d’une maison sur la base de la lettre n°00484/Mpbhc/Dh du 18 dé­cem­bre 2006, lettre sur laquelle «son nom ne figure pas», selon la Cvccep, qui ajoute qu’en plus M. Diouf «a prêté sa maison».
Mais le plus cocasse reste sans doute le cas de ce gardien de Baol Construction. Cette société «qui est une des entreprises attributaires de la construction de logements sociaux, a affecté un logement à un de ses gardiens du nom de Faye alors que la villa concernée était déjà prête et livrée au Projet».
La commission, qui a poussé très loin ses investigations, a pu se rendre compte de l’ampleur des trafics. C’est ainsi qu’un des vérificateurs est arrivé à «confondre» un agent du Pclslib. Ce dernier lui ayant proposé «trois maisons à vendre à la Cité Jaxaay à un prix variant entre 6,5 et 7 millions de francs Cfa».
La Commission, qui a également recensé vingt-sept propriétaires ayant deux, voire trois maisons, conclut que «la décision d’accorder deux logements et plus peut constituer une source de dérapages difficilement contrôlables».
Alors que la Sn Hlm est chargée de la gestion des maisons, la Cvccep a noté des différences entre les bases de données de Jaxaay et celles de la Sn Hlm. Le rapport révèle en effet que dix attributaires ne sont pas enregistrés par Jaxaay et quatre-vingt quinze attributaires ne sont pas enregistrés par la Sn Hlm. «Cette situation est paradoxale, si l’on sait que dans la procédure, c’est le Pclslib qui envoie les listes d’attributaires à la Sn Hlm pour signature des contrats et remise des clefs. Les deux bases de données doivent être strictement identiques.» Un écart que les deux entités sont invitées à corriger au plus vite.

UN PROJET QUI A MONTRE SES LIMITES
Devant l’énormité des besoins estimés à 20 000 logements, les vérificateurs de la Cour des comptes con­cluent que «cette perspective a montré ses limites avec l’essoufflement du Projet alors que seuls 2 000 logements sont déjà réalisés sur les 3 000 prévus. Et ici, dans cette perspective, selon le Sig de Jaxaay, cela concernerait près de 20 000 familles, donc 20 000 logements à construire».
Au demeurant, les vérificateurs dénoncent «la gestion irrationnelle» des inondations qui «semblent obéir à des considérations et des contraintes contestables». Il s’agit des énormes dépenses consenties par le projet pour l’achat de motopompes qui in fine rejettent une énorme masse d’eau dans la nature. Ce que le Cvccep trouve «surprenant» pour un pays sahélien comme le Sénégal où l’eau est fort rare en certains endroits.
De plus, avec 5 bassins de rétention déjà réalisés et trois en préparation selon le rapport, «aucune étude d’impact n’a été faite pour analyser l’influence de ces bassins sur la nappe phréatique mais également sur l’environnement».
lequotidien.sn

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