De 2344,8 milliards F Cfa en 2012, le budget du Sénégal a quasiment triplé en dix ans, passant à 6411,5 milliards F Cfa. Le ministre des Finances et du budget indique qu’il s’agit d’un budget «solutions».
Par Ousmane SOW – «Budget solutions» ou «budget préélectoral» ? En tout cas, entre le pouvoir et l’opposition, c’était hier la guerre des mots. Abdoulaye Willane, le député de Kaffrine, a trouvé ce budget sincère et réalisable, et a demandé son approbation immédiate. Pour Ibrahima Diop, député de la diaspora (Wallu), les députés devaient avoir honte de défendre ce budget «pré-électoral». «Nous ne le voterons pas», a-t-il lancé. Ces deux députés ont donné ainsi le ton des débats qui se sont poursuivis jusque très tard dans la nuit, bouleversant tout le calendrier du marathon budgétaire. Toutefois, des leçons précieuses pouvaient être tirées des documents publiés par l’Assemblée hier.
En comparant le Projet de loi rectificatif 2023 à la Loi de finances initiale 2012, qui était arrêtée à 2344,8 milliards F Cfa, l’on verrait que le budget a quasiment triplé en dix ans, atteignant un volume de 6411,5 milliards F Cfa lorsqu’il est ajouté, dans le périmètre des dépenses, l’amortissement de la dette publique, conformément à la méthode comptable utilisée jusqu’en 2019. Au titre des perspectives de l’année 2023 qui devrait coïncider avec le point d’achèvement du Plan d’actions prioritaires II ajusté et accéléré (Pap2A) 2019- 2023, on entamera le démarrage de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. «Le cadre macroéconomique sera aussi consolidé grâce à une politique budgétaire prudente», a indiqué le ministre des Finances et du budget.
Par ailleurs, le taux de croissance du Pib réel, dit-il, est projeté à 10,1% en 2023 contre une prévision de 4,8% en 2022. Cette croissance, explique-t-il, serait essentiellement tirée par le secteur secondaire et, dans une moindre mesure, par les secteurs primaire et tertiaire. Le ministre Moustapha Ba souligne que le projet de loi de finances de l’année 2023 légifère sur un budget pour apporter des solutions et permet, en premier lieu, de protéger les ménages et de contenir l’inflation à travers la maîtrise, voire la baisse des prix et l’amélioration des revenus afin de préserver au maximum le pouvoir d’achat des citoyens. «Le budget solutions, c’est aussi le budget qui permet de bien tenir les finances publiques», précise-t-il.
Et pour cela, dit-il, le gouvernement s’imposera la rigueur dans l’exécution de la loi des finances, aussi bien pour ce qui est de la mobilisation des ressources que pour ce qui concerne la gestion des dépenses. «Le budget solutions permettra enfin de respecter les ambitions de la politique économique et sociale», a-t-il ajouté.
Au chapitre des finances publiques, il informe que les orientations budgétaires de l’Etat sur la rationalisation des dépenses de fonctionnement au profit du renforcement des investissements sont restées en vigueur. «L’ambition du gouvernement, qui découle de la vision du chef de l’Etat, est de juguler, dans les meilleurs délais et de la meilleure manière possible, les effets néfastes du coût élevé de la vie, tout en parachevant les chantiers en cours et en créant les conditions d’une dynamisation des activités de production, la création de revenus et d’emplois décents.» Abordant la question de la dette publique, il a indiqué que l’encours de la dette, qui correspond au stock des emprunts contractés par l’Etat, doit être analysé en référence à celle de l’administration centrale, d’autant que la dette contingente des autres administrations publiques n’est pas prise en compte par les pays de la région ouest-africaine. La dernière observation du rapport, c’est ce qui concerne les ex-agents de la Sotrac et d’Ama Sénégal dont il faut régler le problème le plus vite, a estimé Thierno Alassane Sall, député d’Aar Sénégal. Et cette question, rappelle le ministre des Finances, sera traitée par l’Agent judiciaire de l’Etat. D’ailleurs, dit-il, un budget de 13 milliards de F Cfa est prévu à cet effet pour les frais d’actes contentieux.
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