La baisse du niveau académique des enseignants, selon le sociologue Aboubacar Barro, est due en partie à la politique de massification privilégiée par les pouvoirs publics dans le système au détriment de la qualité.
Le sociologue, Abdoulaye Barro a jeté un regard critique sur la gestion des corps émergents dans le système éducatif sénégalais. Animant une conférence sur le thème : « Ecole et pouvoir au Sénégal » le jeudi dernier à l’institut français Léopold Sédar Senghor, grâce à un appui de l’Institut de recherche pour le développement (Ird), il a estimé que la baisse du niveau académique des enseignants est due, en partie, « à la politique de massification privilégiée par les pouvoirs publics dans le système, au détriment de la qualité ». Auteur du livre intitulé : « Ecole et pouvoir au Sénégal : la gestion du personnel enseignant dans le primaire », Aboubacar Barro a diagnostiqué les maux du système, de la déperdition scolaire à la baisse de niveau, les politiques, jusque-là, entreprises par les pouvoirs publics dans le secteur de l’éducation. C’est à la suite d’une typologie qu’il a effectué sur le corps des volontaires qu’il s’est rendu compte que les 80% de ces enseignants sont rentrés dans le système pour des raisons économiques et non par vocation. Si cette politique entreprise par les pouvoirs publics en 1995 a conduit, entre autres résultats, au relèvement du taux brut de scolarisation, M. Barro demeure convaincu que cela a également eu un impact sur la baisse du niveau dans le système. « Les pouvoirs publics, en pensant plus à la massification avec la thèse de l’école pour tous qu’à la qualité, ont eu une part de responsabilité dans la baisse du niveau » a-t-il souligné. Pour pallier cette lacune et les dysfonctionnements notés dans le système, il prône non seulement le relèvement du niveau académique dans le recrutement mais également la définition d’objectifs clairs. Il a aussi noté que la prise en compte des questions de gouvernance pourrait conduire aux ajustements éducatifs attendus par le Sénégal dans le système scolaire. Sur cette question, il n’a pas manqué de saluer l’option prise par l’Etat de mettre fin au quota sécuritaire et de retenir le baccalauréat comme moyen d’accès dans le système, invitant l’Etat de s’inscrire dans une vision prospective.
Seydou Prosper SADIO
lesoleil.sn