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Baldé, Doudou Kâ, Benoit Sambou: Le duel à trois.

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A Ziguinchor, la guerre des états majors de l’espace politique aura bel et bien lieu. Elle mettra aux prises Abdoulaye Baldé, patron de l’Union des centristes du Sénégal (UCS) qui considère la capitale du Sud comme sa chasse gardée et l’enfant de Kabrousse Doudou Kâ de l’Alliance pour la république (APR) devenu intraitable, usant de toutes les stratégies pour acquérir à la cause du parti au pouvoir Ziguinchor. Benoit Sambou qui a tendu le revers de la main à Abdoulaye Baldé risque de jouer le rôle du troisième larron. A cinq mois des locales, l’enquête de terrain est révélatrice d’une température politique très complexe où les forces en présence se cherchent. Décryptage.

Le président Macky Sall qui a affaire à un peuple sénégalais exigeant parce que sentinelle de la démocratie et de la bonne gouvernance semble avoir du pain sur la planche quand il affiche sa ferme volonté de gagner le maximum de collectivités locales à l’issue des prochaines échéances électorales. A Ziguinchor où la commune est entre les mains de l’Union des centristes du Sénégal (UCS), la conquête du terrain est loin d’être assimilable à une promenade de santé. Autrement dit, les responsables politiques du parti au pouvoir que sont Benoît Sambou et Doudou Kâ doivent « mouiller le maillot » par une approche politique dynamique et originale pour gagner un espace ziguinchorois loin d’être conquis d’avance. De l’adversité, il y en aura pour peu qu’on s’intéresse aux forces politiques appelées à s’affronter aux prochaines locales.

Baldé, policier au képi bien vissé aux commandes
Abdoulaye Baldé, leader de l’Union des centristes du Sénégal (UCS) règne en maître à Ziguinchor dans une ville où il compte en termes de sympathie. De l’aura, il en a à revendre. Depuis 2009, l’année de son élection à la tête de l’équipe municipale de la capitale du Sud, cet ancien inspecteur général d’Etat arrivé en politique par effraction sous l’impulsion de Me Abdoulaye Wade est plus qu’atteint par le virus de l’art de Machiavel. Il est l’édile de Ziguinchor et compte le rester. Aussi longtemps qu’il ne sera pas bousculé de son fauteuil par un adversaire redoutable. Il est vrai qu’il a en face, l’Alliance pour la république (APR) qui, objectivement a toutes les raisons d’espérer le détrôner aux prochaines locales. Ce qui serait une manière de rééditer l’exploit de la présidentielle de 2012 où le Parti démocratique Sénégalais (PDS) a vu Ziguinchor lui filer sous le nez. Chose pas évidente. Car entre la présidentielle de 2012 et les locales de 2014, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts pour laver et rendre propre Abdoulaye Baldé dont la commune porte l’empreinte.

A la vérité, on doit reconnaître que M. Baldé pèse sur l’échiquier politique. Au contact du terrain, il demeure que le maire de Ziguinchor qui a perdu une partie du pouvoir avec le PDS, il a eu le temps de se ressaisir et de gagner en personnalité pour avoir mis en place l’Union des centristes du Sénégal (UCS), formation politique décidée à faire de Ziguinchor sa chasse gardée. Incontestablement, il est fort sur le terrain mais surtout très confiant pour se permettre la liberté de ton de déclarer publiquement que l’APR n’entre pas dans sa logique politique. Mieux, en dépit des distances que Abdoulaye Baldé a prises vis à vis du PDS, le premier magistrat de la ville, n’a jamais raté l’occasion de clouer aux pilori le régime en place, s’alliant avec les adversaires de Macky Sall pour faire le « sale boulot » d’opposant. Il s’y ajoute que le patron de l’UCS est riche de son expérience de haut cadre administratif et politique, profil forgé au contact avec la réalité de la gestion du pouvoir et des dossiers sensibles. A Ziguinchor, Abdoulaye Baldé que nous avons rencontré tente de nous faire croire qu’il est pauvre mais riche par son carnet d’adresse intéressant pour faire adhérer partenaires et autres bailleurs de fonds à la construction de sa ville.

Un micro trottoir réalisé à Ziguinchor présente le maire comme « l’enfant du pays », auteur des réalisations non négligeables et qui peut faire encore mieux. A son actif, il peut se vanter d’avoir été l’un des rares maires de la ville à avoir entrepris les travaux de construction d’infrastructures routières par le pavage. Cet ambitieux chantier qui n’est pas élargi à tous les quartiers de la ville nous dit Baldé, va se poursuivre. A cette volonté du maire, certains ziguinchorois croient. Du taximan, au petit commerçant en passant par la marchande de poisson, il ressort que Baldé est dans la grâce du peuple anonyme.
Crédité d’une redoutable stratégie en matière d’occupation et de conquête de terrain, Abdoulaye Baldé peut compter sur des hommes influents qui entretiennent au quotidien une clientèle politique qui, apparemment n’a pas encore jugé utile d’aller ailleurs. D’ailleurs, des lieutenants de Baldé comme Dr Georges Mansaly, responsable communal de l’UCS sont d’avis que leur patron est déjà dans la peau d’un leader charismatique de la Casamance naturelle. Logique qu’épouse l’intéressé qui indique être en train de faire un travail impressionnant pour assumer la posture de challenger à la présidentielle de 2017 à laquelle, il sera candidat contre le président Macky Sall.

Doudou Kâ, l’actuel chouchou des jeunes et des femmes perturbe le sommeil des adversaires
Doudou Kâ, administrateur du Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip). C’est le plus jeune des leaders de la géopolitique à Ziguinchor. Il est parti avec de réelles chances grâce à ses origines de « casaçais » bon teint et enraciné du terroir. Intraitable, coriace avec des méthodes aux antipodes de l’orthodoxie, il n’est pas arrivé sur le champ politique comme un moine qui allait à l’église. Peu catholique dans son approche stratégique d’occupation du terrain, ingénieur sensiblement solide sur ses bottes, dit disposer de béton pour tout reconstruire à Ziguinchor. Pour cela, il est décidé à renverser la tendance. A la capitale du Sud où il a fait ses humanités, celui que les amis d’enfance appellent affectivement « l’enfant de Kabrousse » fait drainer des foules. A sa cause reste acquise une bonne frange de femmes mais surtout des jeunes qui, objectivement voudraient se créer pour exemple le profil de Doudou Kâ, leque, quoi qu’on dise reste un modèle de réussite sociale. De par sa formation de mathématicien et d’ingénieur, les observateurs ne s’attendaient certainement pas de le voir s’illustrer d’une si brillante manière en politique. Aujourd’hui,incontestablement Doudou Kâ qui étend son influence sur les 26 quartiers de la commune de Ziguinchor compte et pèse lourd dans la conscience des militants. Il est présenté comme l’adversaire qui tiendra considérablement tête à Abdoulaye Baldé. Son nom a fini de pénétrer les masses et son style fait feu de tout bois. Sinon comment expliquer le succès en un laps de temps d’un jeune leader longtemps absent du terroir pour des besoins d’études en France revenir occuper le terrain et s’imposer en dépit du mot d’ordre du président Macky Sall ? Ce dernier désigne Benoit Sambou comme responsable APR à Ziguinchor. En tout cas, les consciences s’interrogent.. Les observateurs ne sont pas les membres de l’ Apr pour prétendre s’offusquer d’un quelconque choix. Et il y a là matière à réflexion

Il est vrai qu’au stade embryonnaire de son engagement politique à Ziguinchor, nombreux ont été les analystes qui ne s’attendaient pas à voir Doudou Kâ si redoutable même si très tôt certains chroniqueurs des médiats le présentaient comme un « loup aux dents longues ». A l’arrivée, ils peuvent se vanter d’avoir misé sur un cheval marron qui cristallise l’espoir et l’attention de plus d’un ziguinchorois.

Contestant le leadership politique de Benoit qui, selon lui, ne peut résister à l’influence de Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, Doudou Kâ dit à ceux qui veulent l’entendre que l’APR doit rectifier le tir, convaincu que le ministre de la jeunesse, de l’emploi et de la promotion des valeurs civiques ne fait pas le poids. A en croire Doudou Kâ, ce serait faire mal au président Macky Sall qui a gagné Ziguinchor à la présidentielle que de perdre des locales dans un contexte où l’APR est aux affaires. En vérité, s’il ne se pose pas un problème de leadership ou de personne, rien n’explique qu’un parti au pouvoir disposant des moyens de l’Etat ne puisse pas rééditer l’exploit d’avoir gagné la dernière présidentielle. Même s’il est vrai qu’aux locales, les réalités sont autres qu’à la présidentielle, Doudou Kâ est aujourd’hui rejoint par des observateurs qui ne comprennent toujours pas que Macky Sall et son parti puissent perdre Ziguinchor si le casting est réussi.

Benoit Sambou, communiste né, parti pour essuyer le revers de la main tendue à Baldé
Il a récemment fait le beuz à la cathédrale de Ziguinchor pour avoir publiquement tendu la main à Abdoulaye maire de Ziguinchor. Cette invite en dépit de la charge de politesse qu’elle renferme reclassée dans son contexte n’épouse pas les contours de la real politic. Certes, le chef de l’Etat Macky Sall sous la caution de qui Benoit Sambou est sensé parler, a besoin de tous les fils de ce pays qui partagent ses convictions et lignes politiques à venir l’accompagner dans une vaste alliance pour la mouvance présidentielle, Baldé jusque-là ne reste pas dans la logique de l’APR. Le patron de l’UCS qui pactise avec les adversaires les plus irréductibles du régime défie le pouvoir en lui faisant comprendre que Ziguinchor reste sa chasse gardée.
Un chantier urgent pour le patron de l’APR Macky Sall, c’est de travailler sans équivoque à unir la famille républicaine autour de l’essentiel, mais un autre et non le moindre serait, on le pense bien, de mettre en place des leaders à leur place. C’est un secret de polichinelle que de dire que certains choix portés par le président de l’APR sur certaines personnalités sont impopulaires à la base. Mais comme si le syndrome de l’unilatéralisme libéral qui faisait que Me Abdoulaye Wade passait pour une constance au PDS gagnait le parti au pouvoir, des voix murmurent sans que nul n’ait le courage de situer le mal. Ce qui est sûr, le plus grand mal proviendrait d’une défaite essuyée à l’issue des locales qui constituent un test grandeur nature pour Macky Sall. Mieux, des locales dépendra le « culte » ou le respect que les alliés et autres personnalités politiques à la recherche de prairies vertes lui voueront. En tout cas, avec certains hommes, le grand soir n’est pas garantie pour Macky Sall très attendu aux locales, un tournant décisif qui le mettra aux prises avec « Benno Sggil Senegal » qui contrôle l’essentiel des collectivités locales.

Par BAKARY NDIAYE

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