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Benno Bokk Yakaar : La volée de bois vert !

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Les élections locales du 23 janvier ont tenu toutes leurs promesses en termes d’animation et de mobilisation. Comme attendu, la bataille a été rude entre acteurs du pouvoir et de l’opposition, notamment dans certaines grandes villes. Malgré tous les sondages annoncés avant le scrutin, la mouvance présidentielle laisse des plumes dans ces joutes au point qu’on pourra se demander si elle pourra se lever et continuer son envol.

Même si les résultats ne sont pas encore définitifs, la coalition présidentielle sort largement battue dans les plus grandes villes du pays. De Dakar à Ziguinchor en passant par Guédiawaye, Rufisque, Diourbel, Touba et éventuellement Thiès entre autres, les partisans de Macky Sall sont désavoués presque partout. Même là où elle semble avoir gagné comme Saint-Louis, Bennoo Bokk Yaakaar est talonné par la coalition « Yewwi Askan Wi » qui rafle la mise dans ces élections. Les résultats sortis des bureaux de vote laissent sans voix, le tsunami « vert » n’a rien laissé sur son passage.

Idrissa Seck perd la face à Thiès

Même dans son bastion de Thiès, une forteresse imprenable depuis plus d’une quinzaine d’années, Idrissa Seck a reçu une râclée. Personne n’aurait pu imaginer vivre un scrutin où Idrissa Seck est mis en difficulté chez lui au point que ses partisans se disputent la victoire avec les autres concurrents. Personne, d’autant plus que ce dernier s’était targué, après avoir rejoint Macky Sall, de former avec lui 80% de l’électorat. Malgré les difficultés traversées depuis 2005, Idrissa Seck n’a jamais souffert pour gagner dans sa ville, laquelle lui a toujours exprimé fidélité et loyauté.

Sa contreperformance est inédite, surprenante, renversante et exprime un rejet du « mburu ak soow », c’est-à-à-dire son alliance avec le président de la majorité. Hué dans son Cayor où on le voyait toujours comme un Damel, Idrissa Seck est tombé de son piédestal et se met en difficulté devant de jeunes leaders de la coalition Yewwi Askan Wi. Aucune chance pour lui de se relever! Même si en politique, Idrissa a toujours été jusqu’ici comme un phœnix, il ne renaitra pas de ses cendres cette fois-ci.

Bennoo enfariné dans l’insolence de ses acteurs

La majeure partie des candidats de BBY juraient par tous les saints qu’ils allaient gagner le scrutin. Cette confiance était justifiée par une chose: l’argent. Des communes de Yoff à Grand Yoff en passant par Mermoz, Gueule-Tapée, Médina, les investis du côté du pouvoir ont misé sur une force de frappe financière extraordinaire. Parce qu’ils tiennent les cordons de la bourse, ces leaders ont pensé pouvoir tenir l’électorat en laisse. Des sorties mâtées d’arrogance, du gaspillage d’argent indu, de l’achat de consciences d’électeurs, de l’enrôlement d’une bonne partie de la presse, tous les choix des partisans de la coalition BBY se sont révélésdévastateurs pour eux. D’ailleurs, la sortie de Me Aissata Tall Sall, ministre des affaires étrangères, révélant qu’elle a loué un avion pour récupérer sa carte d’électeur à Dakar et venir voter à Podor est révélatrice de cette arrogance des partisans de la majorité.

Dakar et l’ombre de Khalifa Sall dans la victoire de Barthélémy

Depuis l’annonce des résultats, la coalition au pouvoir se terre dans un silence assourdissant. On ne les entend plus. Ils rasent les murs au moment où une grande partie de l’électorat des villes s’est plu de prendre une revanche inédite. C’est au nom de cette revanche contre le régime que l’ancien maire Khalifa Ababacar Sall s’était personnellement investi dans Yewwi Askan Wi. Les résultats de Dakar peuvent être lus comme une marque de fidélité exprimée par la communauté de Dakar à leur ancien maire. Une analyse approfondie de ces résultats montre que Khalifa Sall a continué d’imprimer son influence sur l’électorat dakarois, allant jusqu’à récupérer les mairies des personnes qui ont été dans sa liste en 2014 et qui l’ont lâché au moment le plus difficile de sa vie.

Il faut voir la chute de Banda Diop (maire de Patte d’Oie) et d’Ousmane Ndoye (Colobane), devenus maires sur la liste de Taxawu Dakar et observer comment le maire de la Médina s’est mis en difficulté tout seul dans ce scrutin, lui qui semble avoir pris ses distances avec Khalifa Sall, pour se rendre compte que ce dernier continue d’être prophète chez lui à Dakar. Il est clair donc que la victoire de Barthélémy est le fruit de la constance et de la loyauté exprimée sans cesse envers son mentor.

Ousmane Sonko, la poursuite de la montée vers le sommet

S’il y a un lieu où les élections semblaient gagnées d’avance, malgré toute la tension, c’est bien Ziguinchor. Le leader de Yewwi Askan Wi, Ousmane Sonko, n’avait pas de vrai adversaire en face de lui. D’ailleurs, il en avait fait l’annonce au début de sa campagne, arguant que c’est Macky Sall son véritable adversaire. Cette victoire dans la capitale du sud, sans minimiser le poids électoral des challengers de Sonko, n’a été qu’une formalité si l’on sait le vent du changement a soufflé dans cette partie du pays depuis longtemps. Après sa victoire très large à Ziguinchor lors de  l’élection présidentielle de 2019, il relèverait d’un miracle d’espérer voir la pente prendre un autre sens. La
population a décidé de rester fidèle au leader de Pastef et de continuer de bénir sa montée vers la pésidence de la République en 2024.

Des perspectives sombres pour Macky Sall

Même s’il gagne la majorité des communes du pays, le président Macky Sall se remettra difficilement de ce revers. En effet, c’est d’un véritable fiasco qu’il s’agit pour la coalition présidentielle. Comme en 2009 avec la coalition Bennoo Siggil Sénégal qui avait déclenché le compte à rebours de la chute du régime libéral, les résultats du scrutin d’hier amorcent un changement irréversible. Et dans les jours à venir, beaucoup de mouvements seront notés au sein de la coalition présidentielle avec notamment le remaniement en vue. Au-delà de ce rendez-vous important, il n’est pas exclu de voir de grands noms du pouvoir quitter la barque pour préparer 2024.

Cette situation ne serait pas inédite si elle venait à se concrétiser. Il faut le rappeler, le président Wade en a été victime après les locales de 2009. Flairant sa chute, nombre de ses compagnons l’ont quitté pour se forger une image d’opposant afin de revenir au pouvoir avec ceux qui devront le remplacer. Qu’il soit donc candidat ou pas, le président Sall ne peut plus redresser la pente désormais irréversible de sa chute. S’il tente une troisième candidature, il se mettra le peuple à dos comme Wade l’avait fait le 23 juin 2011. Et même s’il parvenait à s’engouffrer dans la liste des candidats pour 2024, il y laissera des plumes comme jamais. Le changement enclenché ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

Par Khalifa Ababacar Gaye/SeneNews

1 COMMENTAIRE

  1. Enfin, un vrai journaliste qui honore sa profession. La plume est belle, l’analyse est objective et profonde. Tout simplement bravo. Nous attendons la reaction de lemzo, a moins que macky et sa gang aient coupe la prime des repondeurs automatiques de l’apr et de benno. Les temps sont dures, les coups de yewwi sont secs et sans compromissions, peut-etre que comme ses ministres et DG arrogants ils sont chez ARDO.

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