Bérézina éléctorale pour Macky Sall. 2017 Le doute est désormais permis. Par Aboulaye Mbodji

Bérézina éléctorale pour Macky Sall. 2017: le doute est désormais permis. Par Abdoulaye Mbodji
C’est une bérézina électorale que le parti présidentiel, l’APR, a connue au soir des élections locales du 29 juin dernier. Cette défaite historique est sans nul doute l’expression de ce qui doit être lucidement considéré comme le début d’un divorce entre le peuple sénégalais et celui qui, il y a peu, était l’homme politique le plus adulé du landerneau politique du Sénégal. Au lieu de verser, sans vergogne, dans la valorisation des résultats de ces élections, en avançant des chiffres dont l’objectif, qui du reste ne trompe personne, est de nous faire croire que le président et son parti sont sortis électoralement renforcés de ce scrutin du 29 juin, les ténors de l’APR feraient mieux d’être lucides. Accepter que l’APR a subi une véritable bérézina. Et c’est ça la réalité. Le peuple sénégalais est en effet mécontent. Très mécontent. Et il l’a manifesté. Si cette dynamique de rejet continue c’est inéluctablement la
réelction même de Macky sall qui est en jeu. Oui, désormais le doute est permis sur ses chances d’être réélu en 2017. Il faut avoir le courage de le dire. Dire que si la tendance électorale actuelle continue les possibilités de réelection du président Macky Sall sont largement compromises. Les faits qui appuient ce doute sont là. Incontestables. Des ténors du parti qui s’étaient présentés à ces élections locales ont presque tous essuyé de cinglantes défaites. Il y a lieu de s’interroger sur les raisons véritables de ce basculement de l’opinion sénégalaise aussi bien à l’interieur du pays que dans la diaspora. Pourquoi Macky Sall et l’APR ne font plus recette ? Les réponses à cette question sont de deux ordres. L’état du parti d’abord. Le choix incompréhensible, et plusieurs fois décrié par les militants, de le garder dans sa forme originelle, c’est à dire une non structuration, a révélé son inefficacité. Car ce choix
qui n’est rien d’autre qu’un maintien du statut quo est en complet déphasage avec les réalités d’un parti qui se veut moderne. Un parti moderne est un parti structuré avec des hommes et des femmes démocratiquement élus. Tout le contraire de l’APR actuelle. L’état désastreux de la situation actuelle de l’APR profitent bien sûr à certains responsables du parti. Eux ne veulent pas de changements du parti, ne désirent aucune structuration de la formation. Ils sont élus députés, ou nommés ministres, consuls, vices-consuls, ambassadeurs, conseillers et que sais-je encore. Bien que très loin de leurs militants que dis-je complètement coupés de celles-ci, ils continuent de garder leurs postes de coordonnateurs de sections ou de responsables de DSE (délégation des sénégalais de l’extérieur). Ces responsables qui ne valent électoralment rien sont connus pour leurs fanfaronnades, comportements ostentatoitres à l’endroit des militants.
Beaucoup sont sans aucun poids électoral, les résultats des sections locales l’ont prouvé, alors qu’ils ont toujours entretenu l’image de responsables politiques bien ancrés dans leur fief, bénéficiant de très bonnes capacités de mobilisatioin de militants. Que nenni. L’histoire, qui ne ment jamais, a révélé qu’ils ne pèsent absolument rien dans leur fief électoral. Dans ce lot des raisons liée au fonctionnement calamiteux du parti il y a cet accueil réservé aux transhumans. Ces militants de la 25 ème heure sont récompensés au détriment des militants de la première heure, intellectuellement bons mais incompréhensiblement laissés en rade. Dans beaucoup de sections des transhumans qui se sont signalés jusqu’à un passé récent par leur haine viscérale contre Macky Sall sont propulsés au devant de certaines structures du parti. Les adversaires politiques du président ont propagé l’idée que l’APR fonctionne sur le népotisme,
la proximité avec la famille du président notamment la première Dame. Même si ces allégations sont fausses il faut reconnaitre qu’elles s’installent de plus en plus dans l’opinion des sénégalais. La liste du désordre induit par l’état du parti n’est pas finie. Il faut y ajouter les guerres de positionnements, les batailles d’acquisition ou de conservation de postes. Voilà le très triste bilan du parti. La deuxième raison qui a amené beaucoup de sénégalais a tourné le dos à Macky Sall est liée a ce qui avait suscité l’engouement autour de la candidature de Macky Sall. Les engagements électoraux soigneusement élaborés dans le yoonu-yokkuté. Les sénégalais qui ne voient pas les résultats concrets de cette politique pensent que ces promesses tout simplement sont jétées aux calendes grecques. Par conséquent ils pensent qu’ils ont été trahis. 2017 c’est presque demain. Le temps passe vite, très vite. Si Macky Sall veut être
réélu des changements s’imposent. Revoir le fonctionnement du parti. Appliquer les engagements électoraux. Remettre les préoccupations des sénégalais au coeur de l’action gouvernementale. Macky doit le savoir la reconquête de la confiance des sénégalais passe inévitablement par la modernisation du parti et l’aplication concrète des orientations du programme Yoonu-Yokkuté.
Abdoulaye Mbodji
Journaliste.