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Bibo Bourgi a droit à la vie par Madiambal Diagne

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Le journal Le Quotidien ne savait sans doute pas si bien dire en titrant la semaine dernière au sujet du procès de Karim Wade et compagnie devant la Cour de répression de l’enrichissement illicte (Crei) : «Bibo, la clef du procès Karim.» Le sort du procès est plus que jamais lié à celui de cet homme d’affaires, ami de Karim Wade. L’accusation soutient que Bibo Bourgi serait l’homme de paille de Karim Wade et que l’essentiel des montages financiers qui auraient induit des enrichissements illégaux au profit du fils du Président Wade porteraient la main de Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi.
C’est dire que le procès se tiendrait difficilement en l’absence de Bibo Bourgi. Or la Crei n’a plus le choix que de laisser le prévenu quitter le Sénégal pour aller suivre un traitement médical qui s’avère «urgent», aux dires des médecins. La Crei avait désigné, le 28 juillet 2014, deux experts, chacun dans sa spécialité, en l’occurrence le médecin Colonel Serigne Maguèye Guèye, urologue, et le Docteur Ousmane Dièye, cardiologue. Dans deux rapports distincts déposés le 5 août 2014, les experts concluent à l’urgence d’évacuer le patient en France pour y subir les traitements médicaux appropriés (Voir ci-contre). En effet, les experts médicaux ont répondu à toutes les questions posées par la Cour en affirmant en chœur que Bibo Bourgi risque la mort s’il n’est pas pris en charge par des structures de santé appropriées pour le traitement des pathologies diagnostiquées et surtout des complications liées à des tentatives de prise en charge au Sénégal. Aussi, son état de santé actuel ne lui permettrait point d’assister à un procès. Devant une telle situation, on ne voit pas comment les magistrats de la Crei pourraient continuer à faire la sourde oreille vis-à-vis des demandes incessantes des avocats de Bibo Bourgi de voir leur client évacué en France, d’autant que le Parquet spécial a fini de donner des réquisitions indiquant n’être plus opposé à l’évacuation sanitaire du malade. Les médecins précisent sans ambages que le «pronostic vital de Bibo Bourgi est engagé». Quelle que soit la gravité des faits à lui reprochés, Bibo Bourgi n’en a pas moins des droits et celui le plus élémentaire de la personne humaine est le droit à la vie. André Malraux disait que «rien ne vaut une vie». De façon subsidiaire, le prévenu a droit à un procès juste et équitable et pour arriver à cela, il faudrait lui permettre de se défendre des accusations portées contre lui. Pour ce faire, il a certes besoin de l’assistance de ses conseils, mais surtout d’être en possession de tous ses moyens physiques pour répondre aux rigueurs et exigences d’un procès pénal. C’est dire que ce fut une énormité quand on avait entendu, sortie de la bouche de plaideurs au cours des premières audiences de ce procès, l’affirmation selon laquelle l’ancien Président égyptien, Hosni Mloubarak, avait comparu devant la justice, couché sur une civière et que pour cette raison, Bibo Bourgi pourrait être amené manu militari à comparaître à son procès. L’état des droits humains au Sénégal et l’idée d’une bonne distribution de la justice interdiraient une pareille façon de faire. Le prévenu ne pourrait assister à son procès que vivant et bien portant. C’est ce qui rend absurde et stupide la première position des avocats de Karim Wade au sujet de la présence ou non de Bibo Bourgi. On peut augurer que la démarche procédait d’un simple bluff mais il apparaît scandaleux que les avocats d’un co-prévenu se permettent de demander à la justice de faire fi de l’état de santé décrit comme périlleux d’un prévenu et de le faire passer en jugement quoi qu’il pourra lui arriver. Il est tout aussi sidérant de voir Karim Wade rester de marbre face à cette hérésie de ses propres avocats. Ne serait-ce que pour les relations d’amitié qui l’ont uni avec Bibo Bourgi, il ne devait pas laisser faire une chose qui mettrait en péril la vie de Bibo Bourgi. La lucidité a fini de gagner les avocats de Karim Wade qui se sont rétractés de cette position, mais le mal est déjà fait.
La Crei a traîné les pieds jusqu’à présent pour accéder à la demande de Bibo Bourgi, en ayant certainement à l’esprit la nécessité de sauver le procès. Mais de toute façon, elle n’a plus le choix. La cour sera bien obligée de laisser Bibo Bourgi aller se faire soigner à l’étranger. La poursuite du procès en son absence sera sujette à caution. Seulement, il n’y aurait pas de péril en la demeure car la procédure judiciaire organise la possibilité de renvoyer à une date pertinente la poursuite d’un procès, le temps que toutes les parties s’organisent, se préparent et mettent toutes leurs chances de leur côté. Il serait logique qu’en décidant d’autoriser l’évacuation sanitaire en France, de Bibo Bourgi, que la Crei renvoie dans la foulée la date des audiences à une date plus ou moins lointaine, le temps de lui permettre de se soigner et de revenir. Pendant ce temps, que ferait-on de Karim Wade et de Pape Mamadou Pouye, les deux prévenus qui gardent encore prison dans cette affaire ? L’équité aurait voulu qu’ils soient mis en liberté provisoire, quitte à ce qu’ils soient placés sous contrôle judiciaire jusqu’à la reprise du procès. Cela ne préjugerait en rien de l’issue du procès. Toutefois, on assisterait à une certaine impasse au cas où Bibo Bourgi ne retournerait pas au Sénégal quand son état de santé le lui permettrait. La situation de fugitif du frère de Bibo Bourgi, Karim Bourgi, co-prévenu dans la même affaire, pousserait de nombreuses personnes à être sceptiques quant à un éventuel retour au Sénégal de Bibo Bourgi. Seulement, au corps défendant de ce dernier, Bibo Bourgi avait la latitude de fuir, comme son frère, avant le début des investigations lancées par le Procureur spécial Alioune Ndao. Il a participé à toutes les phases de l’enquête préliminaire au niveau de la gendarmerie sans avoir cherché à se soustraire à l’action de la justice. Et puis, dans le cadre d’une procédure pénale, même la mort d’un des prévenus n’éteindrait pas l’action publique à l’encontre des prévenus survivants.

Madiambal Diagne
[email protected]

lequotidien.sn

4 Commentaires

  1. Plus hypocrite que ce madiambal je n’en connais pas. Il vient encore une fois de nous en administrer la preuve de la plus belle manière. Jugez en vous même: il accuse malicieusement les avocats de karim d’avoir exigé en 1er temps la présence de bourgi bibo, tout en épargnant miraculeusement ceux de l’Etat et la partie civile qui ont été à l’origine de ce refus et ont tout fait jusqu’ici et malgré le diagnostic des avocats du prévenu pr l’empêcher d’aller suivre des soins appropriés ‘à l’étranger. On comprend le jeu de ce pseudo journaliste, organisateur des audiences de minuit au palais. Sachant que la contre expertise confirme les medecins et les avocats de la défense, monsieur diagne essai de se démarquer subtilement car jusqu’ici il faisait partie de ceux qui ont défendu les positions de l’Etat avec son torchon de journal au service de qui donne bien…

  2. Vous plaidez ici une noble cause pour la dignité et le droit à la vie .Vous le faites avec le talent de celui qui sait tout demander et qui peut tout obtenir .Le droit à la Santé vous le traitez si bien qu’on devra vous écouter

  3. Cet homme moura un jour , mais il nous des explications sur ses transactions avec KMW et leur acquaintance . Sa maladie , il l’avait avant bien avant l’entame de cette procedure judiciaire donc , a mon humble avis , il doit faire a la justice . Nul ne doit evoquer son etat de sante pour se derober . Quand il jouissait , il etait malade ; on le juge il est malade .
    NOTHING NEW , la vie continue pour lui et pour nous tous .
    wa salaam .

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