En 2017, BP a versé à Frank Timis 250 millions de dollars pour sa participation dans le domaine offshore, avec des paiements de redevances de 9 à 12 milliards de dollars au cours des 40 prochaines années. Le jeune frère du président était administrateur de Petro Tim Sénégal et facilitateur des affaires. Après sa démission, il fut nommé directeur Marketing Afrique de la société mère, Timis Group. À vous maintenant de faire le rapport entre les deux ! Dans le cadre de mon travail, on dit souvent de ne pas se focaliser sur le petit oiseau, mais plutôt le grand oiseau. Pour savoir et comprendre si réellement il y a eu des pots-de-vin donnés à M. Sall, il faut retourner dans les livres comptables de BP et surtout de Timis Corporation.
Comprendre d’abord
En janvier 2015, des données sismiques de 3D d’environ 7 000 kilomètres carrés sur les parties centrale et orientale des blocs du Sénégal ont été acquises. En février 2016, une étude de 4 500 kilomètres carrés sur les parties ouest des blocs du Sénégal a été faite afin d’évaluer pleinement les perspectives. Deux puits d’exploration ont été forés avec succès et un puits d’évaluation. De nombreux prospects ont été trouvés dans les blocs et ils continuent à les faire mûrir pour le forage.
Les découvertes d’Ahmeyim et de Guembeul collectivement appelées « la grande tortue », sont des découvertes importantes de gaz qui ouvrent la voie au système de pétrole crétacé hors-bord et sont situées au large de la Mauritanie et du Sénégal. En ce moment, trois puits ont été forés dans la découverte de Greater Tortue. Les puits ont traversé de multiples réservoirs de gaz d’excellente qualité, notamment le Cénomanien inférieur, le Cénomanien supérieur et l’Albien sous-jacent. Les puits ont permis de délimiter les découvertes de gaz d’Ahmeyim et de Guembeul et de démontrer la continuité du réservoir.
La phase d’exploration de chaque zone du contrat peut être prolongée jusqu’à décembre 2020. En cas de succès commercial, ils ont le droit de développer et de produire du pétrole et/ou du gaz pendant une période de 25 ans à compter de la délivrance d’une autorisation d’exploitation gouvernementale, qui peut être prolongée d’au moins 10 ans dans certaines circonstances.
Enjeu financier
Quand les blocs ont été trouvés, le Cayar Offshore Profond et Saint Louis Offshore Profond sont ainsi divisés : BP détient 60 %, Kosmos 30 % et Petrosen 10 %. BP a acquis 49,99 % de Kosmos BP Sénégal, une société affiliée qui détient 65 % dans les blocs Cayar Offshore Profond et Saint Louis Offshore Profond au large des côtes.
Durant la clôture de leur exercice en décembre 2016, on voit dans les livres comptables qu’il y a eu une augmentation de participation de 60 % à 65 % dans chaque zone en échange de l’achat de la part d’intérêt de Timis Corporation. En contrepartie de ces transactions, Kosmos allait recevoir 162 millions de dollars en espèces, 221 millions de dollars d’exploration et de report d’exploration, jusqu’à 533 millions de dollars par an. Il faut aussi rappeler la ligne de crédit accordée à Timis. Les termes de cette convention étaient que Timis pouvait prendre jusqu’à 30 millions de dollars sur la ligne de crédit pour les dépenses liées aux contrats pétroliers de Sénégal Blocks. Cette ligne n’a été suspendue qu’en avril 2017 lorsque Timis a conclu avec BP un contrat d’acquisition de la participation de 30 % de Timis dans les blocs Sénégal. À la suite de la résiliation de la ligne de crédit, Timis a remboursé 16 millions de dollars en août 2017, ce remboursement peut être vu dans les livres de Timis.
BP estimait ses dépenses pour ces blocs d’être environ 300 millions de dollars entre la Mauritanie et le Sénégal dans ses livres à la date du 31 décembre 2018.110 millions de dollars destinés au développement de forages supplémentaires dans les gisements de Jubilee et TEN, 50 millions de dollars pour les activités d’exploration et d’évaluation, 80 millions de dollars pour l’acquisition et l’exploration, 50 millions de dollars pour les nouvelles entreprises et 10 millions de dollars pour les dépenses d’entreprise et autres dépenses en immobilisations. Tout dépendra cependant du niveau de production de pétrole et l’argent reçu de la vente de pétrole, le nombre de découvertes de pétrole et de gaz naturel, commercialement viables et les quantités de pétrole et de gaz naturel découvertes entre autres.
Nothing is free
Frank Timis est connu dans le monde et aussi en Afrique, il a des intérêts et des scandales aussi dans plusieurs pays en Afrique. C’est par le biais de Samuel Sarr et de Pierre Goudiaby Atepa qu’il a rencontré le président Wade. Après plusieurs négociations, ils signent le contrat de Recherches et de Production, des blocs de Sénégal Offshore Sud Profond et Rufisque Offshore Profond au profit de sa société. Quand le président Sall est devenu président, il a demandé l’audit du contrat, mais il a finalement renoncé, car son jeune frère était devenu directeur dans Timis Corporation. Un directeur sans expérience dans le secteur, qui gagne un gros salaire et qui n’a pas de parts dans l’entreprise. C’est plutôt le facilitateur pour l’obtention des contrats contre éventuellement des pots-de-vin. En regardant de plus près les livres de Timis Corporation, on y voit des anomalies que la compagnie peut toujours expliquer, car c’est comme cela que ça marche en audit. On te donne la chance de répondre en cas d’anomalie, et souvent, ils les qualifient d’erreurs. Ce que je peux dire, sans trop avancer dans le dossier, vu qu’une enquête est en cours, est qu’il y a beaucoup d’alertes, d’écritures inversées et aussi des exercices de fin d’année assez bizarres. Si j’étais en charge dudit dossier, je n’allais pas les qualifier d’erreurs, mais plutôt d’irrégularités. La seule manière que M. Sall puisse éviter des ennuis avec la justice est de faire en sorte que l’APR reste au pouvoir jusqu’en 2029 pour pouvoir faire disparaitre les traces.
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Mohamed Dia
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