Après avoir annoncé en 2013 à la 2stv qu’il ne se présenterait plus à une élection présidentielle, Ousmane Tanor Dieng dit avoir employé le verbe «envisager». Cependant, même s’il ne confirme pas qu’il sera candidat, Tanor, en jugeant bon de faire cette précision, n’est-il pas en train de se positionner comme cheval du Ps ?
«J’ai dit que je n’envisageais pas de me présenter à une Présidentielle»
Jamais deux sans trois ? Pour la prochaine Présidentielle, la possibilité de voir Ousmane Tanor Dieng se présenter à nouveau n’est pas à exclure. Le secrétaire général du Parti socialiste (Ps) n’a pas enterré ses ambitions présidentielles mais s’il ne l’a pas encore confirmé. Sera-t-il candidat à la candidature de son parti ? Invité du Grand Jury de la Rfm, hier, le secrétaire général du Ps, répond : «On n’en est pas encore là. On discutera le moment venu. En politique, tout est une question d’opportunité. Le moment venu on va se réunir et évaluer…» Dans l’émission Décryptage de la 2Stv, le 3 avril 2013, le maire de Nguéniène, analysant le discours du chef de l’Etat à la veille de l’indépendance, annonçait sa volonté de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2017, et de façon formelle. «Je ne serai pas candidat, quelle que soit la méthode utilisée», tranchait-il. Entre-temps, le Parti socialiste a déroulé son agenda au sein du pouvoir dans le cadre de son «partenariat» avec l’Apr du Président Macky Sall. Aujourd’hui, le parti est devenu plus attractif et des observateurs le présentent comme un potentiel rival de l’Apr. Alors, Tanor sent le besoin de clarifier sa pensée, mais surtout il laisse des ténèbres sur sa candidature : «J’ai dit que je n’envisageais pas de me présenter à une élection présidentielle.» Cet imparfait réitéré est-il un parfait motif de rouvrir une porte pour 2017 ?
75 ans : Une occasion de se présenter
La possibilité de voir Tanor défendre les couleurs du Ps pour la troisième fois après 2007 et 2012 est réelle. Ses proches l’avaient suggéré. Dans un entretien accordé le journal Le Quotidien, le député Cheikh Seck, proche de Tanor, rappelait mordicus que celui-ci pouvait être le candidat du parti : «Convoquez l’élément sonore. Il a dit que s’il est élu, il ne se présentera plus. Vous excluez la conditionnalité et vous prenez ce que vous voulez. Il n’a pas été élu. Donc, il peut se représenter (en 2017).» La première intention de Macky Sall de plafonner l’âge limite du candidat à la Présidentielle l’avait exclu pour 2017. Mais les 75 ans prévus dans le projet de révision de la Constitution lui permettrait de briguer une troisième fois les suffrages des Sénégalais. Et qu’en serait-il des ambitions de son camarade Khalifa Sall qui est réclamé par des Socialistes ?
«Nous assumons le bilan de Macky»
Cela pourrait ressembler à une extrapolation que de penser que Tanor pourrait affronter son «partenaire» Macky Sall dont il dit «assumer», tout comme son parti, «le bilan qui sera fait». Un Barthélemy Dias, par exemple, qui a réclamé la candidature du maire de Dakar, a toujours clamé que le Ps n’est «pas comptable du bilan». Plus nuancé, Abdoulaye Wilane pense qu’il est «comptable, mais pas responsable». Tanor, lui, prend tout sur lui. En tout cas, le chargé de la Vie politique du Ps, lors de son meeting à Grand Yoff, reste convaincu que «Tanor n’est pas dans une logique de vendanger le parti». Et se voulait en même temps clair : «Le Ps ne sera jamais un parti yobaléma.» En clair, point de soutien à Macky Sall en 2017 !
Présidence du Haut conseil : «La question ne se pose pas à mon niveau»
Dans les tuyaux du Palais, il se susurre que Macky Sall a trouvé un «poste sénior» de la dimension de l’ex-homme de confiance de Diouf : le Haut conseil des collectivités territoriales. Une institution qui vient juste après le gouvernement dans l’ordre de préséance. Lui n’en fait pas une fixation. Interpellé par Rfm sur cette information qui circule depuis l’annonce de cet organe consultatif qualifié de «Sénat bis», il dit : «Cela dépendra de la volonté des conseillers qui, une fois élus et nommés, doivent choisir (leur président). Je ne suis pas agité par des rumeurs de toutes sortes et des inventions sur des gens…» Et quand le journaliste insiste s’il ne dirait pas non à ce poste, il répond : «La question ne se pose pas à mon niveau.» La question pourrait être alors au niveau du Président Sall !
Le Quotidien